À Montréal, le nouveau duplex de Félix-Antoine Milet vaudrait au bas mot 350 000 $. Il est situé en face d'un parc où poussent de grands pins typiques de la Mauricie. Fraîchement rénové, son nouveau domicile est doté d'une grande cour clôturée et... six places de stationnement. Le nouveau propriétaire pourra en louer deux, en gardera deux pour lui et autant pour sa locataire.
Ici à Trois-Rivières, une perle comme celle-là ne vaut que 150 000 $ ! Félix-Antoine louera le haut du duplex 600 $ par mois, plus que ne coûtent ses mensualités. Cela lui laissera suffisamment d'argent pour ses projets. " Dans le sous-sol, je vais installer un cinéma maison et une cave à vin ", explique-t-il.
Entrepreneur en construction, Félix-Antoine possède plusieurs autres duplex à Trois-Rivières, en plus de celui de la rue Saint-François-Xavier, dans lequel il emménagera cet été. La pancarte " Vendu " n'est pas encore décrochée qu'il a déjà l'intention de le revendre après y avoir apporté des améliorations, et d'empocher le bénéfice. Et la crise économique ? " Trois-Rivières a toujours été la capitale du chômage, répond-il. Ce n'est pas nouveau ! "
Félix-Antoine a choisi le bon produit pour encaisser un profit. Le prix moyen des plex a grimpé de 12 % en 2009 à Trois-Rivières, selon les données de la Fédération des chambres immobilières du Québec.
Pendant ce temps, la valeur moyenne des autres propriétés faisait du surplace. Au premier trimestre de 2010, alors que la valeur des unifamiliales chutait de 5 %, celle des plex augmentait de 13 %, plus encore qu'au cours des derniers mois.
" À Trois-Rivières, les plex sont encore très abordables, dit Lise Girardeau, porte-parole de la Chambre immobilière de la Mauricie. Des gens d'un peu partout au Québec en profitent pour venir en acheter ici. "
Pas de remontée des prix à court terme
Les données économiques ne jouent pas en faveur d'une hausse des valeurs immobilières au cours des prochaines années dans l'ancienne capitale des pâtes et papiers. De toutes les régions métropolitaines du Québec, c'est à Trois-Rivières que le taux de chômage est le plus élevé, à 11,5 %.Le fabricant de pièces d'aluminium Aleris a fermé; la papetière Kruger a éliminé des chaînes de production... Au total, la région a perdu 2 000 postes en 2009, selon Emploi-Québec.
Ces mauvaises nouvelles ont un impact sur l'immobilier. Les prix restent très bas à Trois-Rivières, et semblent pour l'instant loin d'une remontée. " J'ai vu maisons dotées de piscines creusées se vendre pour 129 000 $ ", dit Karine Côté, courtière immobilière chez Proprio Direct.
C'est pourquoi la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) n'est pas très optimiste à court terme quant aux prix de l'immobilier à Trois-Rivières. " On prévoit une hausse de 2 % en 2010, et de 1,8 % en 2011 ", dit Marie-Hélène Denis, analyste à la SCHL.
Un solde migratoire positif
Le solde migratoire est positif à Trois-Rivières malgré l'exode des jeunes, grâce à l'immigration internationale. Pour Martin Provencher, auteur de L'Immobilier en 2025 et résident de la région, la ville pourrait bientôt trouver la faveur des immigrants de longue date. Ils ont déjà tendance à s'installer en banlieue pour avoir plus de tranquillité sans trop s'éloigner de la métropole. " Ils se rendent compte qu'il y a des avantages à vivre ailleurs qu'à Montréal, dit-il. Aujourd'hui, la couronne de la métropole s'étend tellement loin qu'il n'y a plus qu'un pas pour se rendre à Trois-Rivières. "
S'il dit vrai, les immigrants contribueront à faire augmenter le prix des propriétés trifluviennes d'ici quelques années.
