Le Maroc, c'est bien plus que les clémentines et Agadir

Publié le 09/05/2009 à 00:00

Le Maroc, c'est bien plus que les clémentines et Agadir

Publié le 09/05/2009 à 00:00

Il s'appelle Saïd Sargha, mais les clients l'appellent Saïd.

Depuis septembre, c'est le boucher d'origine marocaine de mon épicerie de quartier, le Marché Dunn, dans Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Il est plus précisément gérant du rayon des viandes, charcuteries et poissons. Sa spécialité, ce sont les saucisses merguez, qui sont confectionnées sur place. Comme la présence de Saïd, elles ajoutent du piquant, de la couleur et de la diversité au quotidien de l'épicerie.

Il n'y a pas si longtemps, pour le Québécois moyen, le Maroc faisait d'abord penser aux clémentines et à Agadir. Le portrait s'étoffe puisque, depuis deux ans, les Marocains forment le plus important contingent d'immigrants dans la province.

En 2007, ils ont été près de 4 000 à choisir le Québec et à renforcer l'offre de main-d'oeuvre. Saïd, qui travaillait dans la distribution alimentaire, a suivi une formation en boucherie au Québec. Vous saviez que le Québec manque de bouchers qualifiés ? Au moins, nous pouvons compter sur du renfort venu de l'extérieur.

En même temps, nous nous faisons valoir au Maroc, comme j'ai pu le contaster, début mai, à l'occasion d'un forum organisé par la Banque Al-Maghrib - la banque centrale du Maroc -, de concert avec le Toronto Centre, un organisme sans but lucratif voué à la formation financière. L'Autorité des marchés financiers du Québec participait à l'événement.

Même si la crise n'a pas frappé aussi durement le Maroc que sa voisine l'Espagne, par exemple, on veut évidemment réduire les risques de dérapage. Les discussions, de haut niveau, touchaient la supervision du système bancaire, au Maroc, mais aussi dans une demi-douzaine de pays africains francophones qui avaient délégué des représentants. On est loin de la carte postale...

Certains Marocains sont retournés au pays après un séjour au Québec. C'est le cas de Mohamed Aourid, président de la section marocaine de l'Association des diplômés de Polytechnique. M. Aourid a décroché un doctorat en génie électrique à Polytechnique en 1994, et après quelques années comme assistant de recherche à l'Université de Montréal, il est parti pour la Californie, avant de regagner le Maroc en 2001 pour y explorer des possibilités d'affaires. Peu de temps après, il devenait président de trois entreprises : Spacecom, un exploitant de services de télécommunication par satellite, Inov Pétrole, un distributeur de produits pétroliers, et Mihad Group, un holding qui coiffe des activités de distribution de produits alimentaires, de médias et d'hôtellerie.

Occupé comme il l'est, pourquoi tient-il à maintenir cette relation avec son alma mater ? "Au Maroc, on peut se sentir un peu à l'écart, et ce lien permet d'être en veille avec ce qui se passe ailleurs, des ressources qui se développent. C'est une autre prise sur le monde. Et je suis bien heureux d'entretenir des liens avec les gens de Polytechnique."

Souhaite-t-il que les échanges entre les deux cultures s'intensifient ? Sûrement ! "Mais on ne comprend pas qu'ils ne soient pas plus développés, plus solides", dit-il. À ses yeux, le Maroc pourrait être un excellent point de chute pour le Québec, "parce qu'on peut servir de pont ici". Sans parler de l'Europe, qui n'est qu'à 14 kilomètres, de l'autre côté du détroit de Gibraltar.

Les Marocains semblent heureux de cette nouvelle ouverture, même s'ils voient des milliers de leurs compatriotes partir pour le Québec. "Si vous apprenez ainsi à mieux nous connaître, ça aidera au moins à tempérer les préjugés face aux pays musulmans", me disait un jeune Marocain travaillant dans le milieu financier.

Comme d'autres, il souffre de l'image souvent unidimensionnelle que renvoient certains médias nord-américains. "Pourtant, ça bouge ici, et nous regardons en avant. Ce serait bien qu'on s'en rende compte."

La tâche demeure colossale et les disparités sont frappantes. Autant le centre-ville de Casablanca est vibrant avec sa circulation incessante et les enseignes des grandes entreprises, autant les images de paysans qui transportent leurs produits dans une charrette tirée par un cheval n'étonnent plus. Mais le pays est jeune (sur le plan démographique), ambitieux et déterminé.

D'une façon ou d'une autre, le Québec gagne à cultiver de telles amitiés. Si le Maroc passe un jour à la vitesse supérieure, nous serons bien heureux de compter parmi ses alliés.

En attendant, il y a tous les Saïd, les Youssef, les Tarik et les autres qui viennent nous prêter main-forte. C'est bien plus que des clémentines, même si les Marocains vont vous assurer que les leurs sont les meilleures au monde !

rene.vezina@transcontinental.ca

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