Il faut moduler les droits de scolarité

Publié le 06/02/2010 à 00:00

Il faut moduler les droits de scolarité

Publié le 06/02/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'Université McGill et la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, sont engagés dans une partie de bras de fer.

Au coeur de cet affrontement : la décision de McGill de hausser à 29 500 $ les droits de scolarité de son programme MBA dès septembre 2010. La ministre affirme que l'Université aurait dû obtenir l'approbation du ministère avant d'aller de l'avant. McGill explique que les nouvelles règles budgétaires publiées par le gouvernement ne parlent pas de la nécessité d'obtenir une autorisation pour lancer des programmes autofinancés.

La ministre soutient aussi qu'un droit aussi élevé " contrevient au principe d'accessibilité ". Or, trois autres programmes de MBA sont offerts à Montréal au prix régulier.

Le programme de MBA de l'Université McGill coûte 22 000 $ par étudiant. Cependant, le gouvernement lui verse 12 000 $ en subventions et les étudiants paient un droit de 1 673 $, ce qui est une aberration. Autrement dit, McGill est déficitaire de plus de 8 000 $ par étudiant inscrit au programme, ce qui revient à dire que les étudiants d'autres facultés subventionnent indirectement les études de diplômés qui gagneront 80 000 $ et plus à leur sortie de l'université.

Ce débat porte sur deux principes :

1. L'excellence. Veut-on de l'excellence au Québec ? McGill est la seule université québécoise à figurer au Top 100 du classement des programmes MBA publié en janvier par le Financial Times. Elle se classe au 95e rang, après les universités de Toronto (45e), Western Ontario (49e), de la Colombie-Britannique (82e) et de l'Alberta (86e). Or, l'Université de Toronto exige des droits de 74 936 $ à 94 286 $ pour son programme de deux ans, et Western Ontario demande entre 64 000 $ et 74 000 $ pour son programme d'un an. À l'Université Queens, de Kingston, qui ne figure pas au classement, les droits sont supérieurs à 60 000 $. Aucune de ces universités n'a de la difficulté à recruter des étudiants. Il en sera ainsi pour McGill. Et comme les autres universités, McGill offrira dès l'an prochain aux étudiants des bourses de 4 000 $, lesquelles seront ensuite portées à 6 000 $.

Malade de sa social-démocratie, Québec a toujours tendance à niveler par le bas, comme si l'excellence à l'échelle internationale, c'était pour les autres. Heureusement, il existe des exceptions. En effet, le MBA exécutif offert conjointement par McGill et HEC Montréal exige des droits de 65 000 $ pour 15 mois. McGill offre aussi un programme autofinancé de maîtrise en gestion manufacturière, pour lequel elle demande des droits de 30 000 $. Autre exemple, le programme de formation en gouvernance destiné aux administrateurs de société donné par l'Université Laval exige des droits de 15 000 $ pour cinq modules de trois jours chacun. Il y a un marché pour la formation autofinancée et l'excellence.

2. Le positionnement international. La plupart des universités québécoises sont actives à l'international, et McGill est la championne à ce titre. Grâce à sa réputation et à son réseau, elle reçoit chaque année des milliers d'étudiants étrangers qui contribuent ainsi à l'économie et à la réputation d'excellence du Québec. Certes, les étudiants étrangers et ceux des autres provinces inscrits au MBA de McGill paient des droits plus élevés que ceux du Québec (19 980 $ et 4 676 $ respectivement), mais ces frais ne couvrent pas le coût de leur formation. Qui plus est, Québec récupère une bonne partie de la différence entre le droit payé par les étudiants étrangers et celui payé par les étudiants québécois, ce qui signifie que McGill est déficitaire en accueillant des étudiants étrangers.

Sans minimiser l'engagement international d'autres universités québécoises, McGill est la mieux placée d'entre elles pour faire rayonner le savoir québécois à l'étranger.

L'imbroglio McGill-Québec illustre aussi le problème chronique du financement de nos universités. Les droits payés par les étudiants québécois sont ridicules. Or, il a été maintes fois démontré que l'accessibilité est aussi grande dans les autres provinces, où les droits s'établissent en moyenne à 4 000 $.

Au moyen de son MBA à 29 500 $, McGill force Québec à ouvrir la porte à une modulation des droits de scolarité en fonction des disciplines. Espérons que le message sera compris et que Québec en profitera pour indexer les droits.

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