Geneviève Angio-Morneau s'est façonné une niche. Cette Montréalaise globe-trotteuse de 35 ans est à la fois designer graphique et muséologue. Le mélange de ces deux disciplines est ce qui fait d'elle - et de gsmprjct, pour laquelle elle travaille depuis 2005 - une des rares expertes du design d'exposition dans le monde, à la fine pointe des technologies qui transforment les musées au 21e siècle, à l'ère de la réalité virtuelle et de l'interactivité.
C'est à elle que le producteur américain Lucasfilm a recouru pour concevoir l'exposition itinérante Star Wars Identités, présentée au Centre des sciences de Montréal en 2012 et maintes fois primée. L'exposition, maintenant à Ottawa, sera présentée en Europe, en Asie et en Amérique latine.
Ce qui était novateur dans Star War Identités, c'est qu'en plus d'offrir un volet scientifique s'ajoutant à la découverte des personnages de la série culte, l'exposition amenait le visiteur à poursuivre son expérience à l'extérieur des murs du musée. En effet, le visiteur était invité à se créer un avatar qu'il pouvait récupérer par courriel avec une fiche descriptive à publier sur Facebook.
Star Wars Identités a servi de tremplin à gsmprject : pour la première fois, l'entreprise a pris un risque financier en consortium avec Spectra et Bleu Blanc Rouge, et a appris à gérer toutes les facettes d'une expo, relate Mme Angio-Morneau.
La façon dont le projet s'est déroulé illustre aussi comment les choses ont changé dans l'industrie des expositions, dit-elle. «Avant, on développait du contenu et on demandait aux designers de sauter dans le projet. Maintenant, le contenu et le design sont présents dès le début.»
Ces jours-ci, Geneviève Angio-Morneau et son équipe sont en train de préparer une exposition sur l'histoire du plus vieux bâtiment d'Abu Dhabi, le fort Qasr al Hosn. Abu Dhabi a l'ambition de devenir la capitale culturelle des Émirats arabes unis, et le fort, qui a déjà servi de siège du gouvernement, vient d'être transformé en lieu de diffusion.
Métier à tisser numérique
Dans le cadre de ce projet, Mme Morneau a accouché d'un autre concept novateur : un métier à tisser... numérique. L'UNESCO vient d'ailleurs de reconnaître comme patrimoine mondial le tissage bédouin de la région, appelé al sadu. À l'aide de la technologie, les visiteurs seront invités à choisir les icones et les couleurs à tisser virtuellement sur le métier. L'image sera projetée sur un mur.
Dans le domaine d'activités de Mme Angio-Morneau, c'est dans les pays émergents que cela se passe. «De nouvelles institutions culturelles naissent et on est prêt à prendre des risques» dit-elle.
Les musées situés dans des marchés matures comme le Québec «n'osent plus en prendre à cause des pressions financières», déplore-t-elle.
C'est pourquoi Geneviève Angio-Morneau conseille vivement aux créateurs d'ici de maîtriser la langue anglaise. «Le Québec a la créativité qu'il faut et l'occasion de l'exporter. Mais il faut parler anglais.»
