C'est toujours l'occasion d'une génération

Publié le 25/05/2013 à 00:00, mis à jour le 23/05/2013 à 09:39

C'est toujours l'occasion d'une génération

Publié le 25/05/2013 à 00:00, mis à jour le 23/05/2013 à 09:39

Dans l'édition du 11 septembre 2010 de Les Affaires, j'ai publié une analyse intitulée «L'occasion d'une génération». Près de trois ans plus tard, après la hausse marquée des Bourses, le moment est propice de se demander si c'est encore vrai.

Après la crise financière de 2008 et le creux boursier de mars 2009, j'étais convaincu que la Bourse américaine offrait une occasion unique de s'enrichir.

Or, depuis la publication de cette analyse, l'indice S&P 500 s'est apprécié de 55 %, en prenant comme point de départ les cours du 30 août 2010, jusqu'au 10 mai 2013. Cela représente un rendement de plus de 18 % par année, sans tenir compte du dividende, qui était d'un peu plus de 2 % à l'époque.

Au cours de cette période, l'indice canadien S&P/TSX s'est apprécié de seulement 5,8 %.

Ce qui était vraiment exceptionnel, c'est le fait qu'en raison d'une Bourse américaine déprimée, les investisseurs avaient l'occasion d'acheter au rabais les plus grandes et les plus solides sociétés du monde. Ces multinationales jouissaient et jouissent encore d'une situation financière solide, ont des avantages concurrentiels immenses et ont de bonnes perspectives tout en payant des dividendes attrayants et en croissance.

C'était là une occasion en or, presque certainement payante et comportant un risque minimal. Si vous craigniez d'investir en Bourse, c'était une façon sécuritaire de l'aborder. Cette approche procurait des revenus en dividendes plus élevés que les titres à revenu fixe, comme les obligations ou les certificats de placement garanti.

Pour les craintifs

En d'autres termes, si vous aviez une peur bleue de la Bourse, comme tant d'épargnants à l'époque, c'était LA stratégie à privilégier.

Pour appuyer mon propos, mon reportage était accompagné d'un échantillon de 10 titres qui répondaient à tous les critères mentionnés. J'ai refait le point sur la performance de ces titres, près de trois ans plus tard, au moment où les indices vont de record en record.

Ces titres se sont appréciés en moyenne de 49,2 % sans tenir compte du dividende, soit un peu moins que le S&P 500 (voir l'infographie en haut de la page). Les 10 titres offraient en moyenne un rendement du dividende de 3,16 %, ce qui porte leur rendement annuel total à environ 19 %.

C'est toujours moins que le S&P 500, qui a profité du rebond des titres financiers, absents de ma sélection. Toutefois, si on tient compte des risques assumés, ce sont des rendements plus que satisfaisants.

Les 10 titres mentionnés étaient Abbott Laboratories, Coca-Cola, Exxon Mobil, Johnson & Johnson, McDonald's, Microsoft, PepsiCo, Pfizer, Procter & Gamble et Wal-Mart. La plus forte appréciation appartient à la pharmaceutique Pfizer. Le titre a bondi de 80 % depuis le 30 août 2010, suivi de l'autre société médicale, Abbott, qui, en incluant l'essaimage d'AbbVie, a grimpé de 64 %. La moins bonne performance revient à PepsiCo : elle n'a gagné que 31 %.

Pour les investisseurs à long terme, l'aspect le plus intéressant est probablement le fait que ces sociétés ont augmenté leur dividende trimestriel de 31 % en moyenne. Ce qui signifie qu'elles continuent de les enrichir et de leur procurer des rendements supérieurs à celui des obligations gouvernementales américaines de 10 ans, qui procurent un rendement toujours inférieur à 2 %.

La Bourse, trois ans plus tard

La performance des Bourses a surpris bien des gens. Au point où plusieurs se demandent s'il n'est pas trop tard pour investir. Est-ce toujours l'occasion d'une génération ?

Après une hausse de plus de 55 % en trois ans et de 145 % du S&P 500 depuis le creux de mars 2009, je ne vous ferai pas croire que la Bourse est aussi sous-évaluée qu'à l'époque.

Par contre, que les actions aient enregistré des gains importants ne signifie pas qu'on doive les éviter. Il faut tout simplement refaire le point en tenant compte de son potentiel à long terme à partir d'aujourd'hui en comparaison de ce qu'offrent les autres catégories de placement.

Par exemple, si vous achetez le S&P 500 à 1 633 et qu'il réalise des bénéfices de 110 $ US (ce que les analystes prévoient pour 2013), vous aurez un rendement de 6,7 % (110 $ US divisés par 1 633), sans tenir compte du dividende. Avec des taux à 2 %, c'est un rendement attrayant.

Le S&P 500 se vend environ 14,8 fois ses bénéfices prévus cette année et à 13,2 fois ceux de 2015. Le marché est loin d'être surévalué !

Si vous craignez que ces prévisions soient peu fiables, je vous conseille d'adopter une vision à plus long terme.

En effet, historiquement, les sociétés du S&P 500 ont accru leurs bénéfices de 7 % par année. En prenant comme point de départ les profits de 2007, soit 82,54 $ US, un tel rythme signifie des bénéfices de 173 $ US en 2018. À 15 fois ces bénéfices, cela donne un S&P 500 à 2 606, soit 59 % d'appréciation en cinq ans ou environ 12 % par année. C'est sans compter le dividende d'un peu moins de 2 %.

Pour être plus modéré, disons que l'indice accroît ses bénéfices de 6 % par année (au lieu de 7 %), soit des bénéfices de 156 $ US en 2018. À 15 fois, cela donne une cible de 2 340 pour le S&P 500, un gain potentiel de 43 % en cinq ans, ou plus de 8 % par année. Encore là, sans tenir compte du dividende.

Si vous comparez ces rendements potentiels avec n'importe quel titre à revenu fixe, vous devez conclure que la Bourse demeure intéressante. De plus, en utilisant un ratio cours/bénéfice de 15, je tiens pour acquis que les taux d'intérêt monteront dans les prochaines années, jusqu'à 5 ou 6 %.

Même si la Bourse demeure intéressante, peut-être qu'elle vous fait tout de même peur.

Si c'est le cas, j'estime que vous devriez continuer de vous en tenir strictement aux sociétés les plus solides, exactement comme les titres qui composaient ma sélection de 2010.

QUOI FAIRE AVEC CES TITRES

J'ai refait le point sur ces sociétés : elles restent intéressantes pour tout investisseur, en particulier ceux qui sont frileux face à la Bourse.

Avant de parler des changements possibles à ma sélection, il est bon de rappeler les critères qui ont guidé mes choix. J'ai mis l'accent sur la réduction maximale du risque à tous les points de vue. J'ai donc misé sur des sociétés de très grande taille, parmi les plus solides du monde et qui possèdent des avantages concurrentiels durables à long terme.

Leur rentabilité est exceptionnelle, ces sociétés générant beaucoup d'argent qu'elles versent en grande partie à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d'actions. Elles réalisent une grande partie de leur chiffre d'affaires et de leurs bénéfices à l'extérieur des États-Unis. Elles jouissent de plus d'un bilan impeccable. Enfin, j'ai privilégié les titres qui procurent un rendement du dividende d'au moins de 2 %, soit un rendement supérieur à celui du S&P 500.

J'ai refait tous mes calculs et je peux vous confirmer que, dans l'ensemble, ces titres demeurent attrayants. En dépit de leur appréciation, le rendement du dividende de ces 10 titres reste en moyenne à 2,96 %, légèrement inférieur à ce qu'il était en septembre 2010, mais tout de même nettement supérieur au S&P 500.

Le seul changement que je ferais est d'exclure Abbott Labs (NY, ABT) qui, depuis l'essaimage d'AbbVie le 1er janvier 2013, ne procure qu'un rendement en dividendes de 1,5 %. Pour cette raison, ce titre n'a plus sa place dans ma sélection. AbbVie se retrouve avec les activités pharmaceutiques d'Abbott (dont le médicament Humira), tandis que cette dernière est active dans les équipements médicaux et de diagnostic ainsi que dans les produits nutritionnels.

Le meilleur des deux mondes

Comme c'était le cas il y a trois ans, ces titres offrent le meilleur des deux mondes. Si vous croyez que les économies mondiales continueront de stagner, ces actions vous procureront des rendements plus élevés que la plupart des options à revenu fixe.

Par contre, si la croissance économique fait meilleure figure que prévu et que le ciel boursier s'éclaircit, vous réaliserez de bons rendements à long terme et à peu de risques.

Prenons l'exemple de Procter & Gamble. Le leader mondial incontesté des produits de consommation réalise des revenus de près de 85 milliards de dollars américains, des bénéfices de plus de 11 G$ US, affiche une valeur boursière de plus de 200 G$ US et un rendement de l'avoir de plus de 18 %.

Le titre offre un rendement de 3,1 %, tandis que son dividende a crû de plus de 11 % par année depuis 10 ans. Selon Value Line Investment Survey, Procter & Gamble devrait accroître son dividende de 7,5 % d'ici 2018 et ses bénéfices par action, de 8,5 % par année.

Advenant que cela se concrétise, P&G procurera un rendement annuel de 11,6 % (3,1 % + 8,5 %) si elle conserve la même évaluation, soit 18 fois ses bénéfices prévus pendant l'exercice clos le 30 juin 2014.

C'est un rendement très intéressant, compte tenu des risques.

C'est vrai pour l'ensemble de ces titres. Ils offrent ainsi des rendements oscillants entre 9,1 % et 12,8 % d'ici 2018, avec une moyenne de 11,1 %. C'est vraiment encore une occasion unique à long terme !

La meilleure façon d'en profiter est d'acheter ces 10 titres à parts égales et de les oublier pendant plusieurs années. Dans cinq ans, vous aurez réalisé des gains appréciables avec un minimum de soucis.

Peu importe ce qui surviendra en Bourse, je peux vous garantir que les 10 sociétés passeront les tempêtes avec très peu de dommages.

LE DOLLAR ; PAS UN OBSTACLE

En 2010, le dollar canadien se négociait entre 0,95 $ US et 0,96 $ US ; trois ans plus tard, il se retrouve à environ 0,97 $ US. Ce ne fut donc pas un facteur significatif.

Le risque de l'appréciation de notre dollar est beaucoup moins important que lorsqu'il était au-dessous de 0,85 $ US, en 2005.

En fait, la force de notre devise augmente le pouvoir d'achat des investisseurs canadiens. Voilà une autre bonne raison d'en profiter pour acheter des titres américains.

Ces titres ont gagné 49 % depuis 2010

(Variation moyenne, du 30 août 2010 au 10 mai 2013)

415 G$ US

Valeur boursière d'Exxon Mobil. C'est la plus importante société de la sélection.

+ 64,0 % ABBOTT LABS¹

+ 51,8 % COCA-COLA

+ 52,8 % EXXON MOBIL

+ 47,9 % JOHNSON & JOHNSON

+ 37,3 % MCDONALD'S

+ 38,5 % MICROSOFT

+ 31,7 % PEPSICO

+ 79,5 % PFIZER

+ 32,2 % PROCTER & GAMBLE

+ 56,1 % WAL-MART

¹ En tenant compte de l'essaimage d'AbbVie, le 1er janvier 2013

bernard.mooney@tc.tc

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