" Nos entrepreneurs n'ont jamais fait beaucoup d'efforts "

Publié le 12/12/2009 à 00:00

" Nos entrepreneurs n'ont jamais fait beaucoup d'efforts "

Publié le 12/12/2009 à 00:00

Vous affirmez que les entrepreneurs québécois n'ont jamais fait beaucoup d'efforts. Qu'entendez-vous par là ?

Pendant des décennies, nos entreprises pouvaient être rentables sans trop se fatiguer en raison de la faiblesse du dollar canadien et de la proximité du plus important marché de consommation du monde. De plus, nous avons accès à des quantités incroyables de ressources naturelles. Nous n'avons n'a pas grand mérite à avoir un niveau de vie élevé. Nous avons la même culture de facilité que les pays du Sud, qui se contentent d'attirer les touristes du Nord parce qu'ils ont des plages. Quand un acheteur veut de l'or, il doit se rendre où on en trouve. Le libre marché, c'est quand un acheteur a le choix d'aller ailleurs.

Cette culture de la facilité vous inquiète-t-elle ?

Nous avons tout ce qu'il faut pour nous en sortir, mais ce ne sera pas sans peine. Pendant plus d'un siècle, nous n'avons fait qu'exécuter des ordres. Nous sommes devenus de très bons opérateurs. Faire fonctionner des machines, on connaît ça. Cependant, les décisions stratégiques - quel équipement mettre au point, à qui le vendre et à quel prix, etc. - ont toujours été prises ailleurs, à New York ou à Londres notamment. La stratégie commerciale, le positionnement, la vente, ce n'est pas dans nos gènes. Il faut passer de l'entrepreneur-opérateur à l'entrepreneur-vendeur. Pour cela, nos entrepreneurs devront accepter de sortir de leur zone de confort.

Nos gouvernements doivent-ils continuer à financer autant la recherche et développement ?

Depuis environ 25 ans, nous avons consacré toutes nos énergies à la R-D, à l'innovation et à la technologie, parce que c'était dans notre zone de confort. Nous devons maintenant passer à l'ère de la stratégie et de la commercialisation et pour cela, il faudra revoir l'attribution des crédits d'impôt. On ne devrait pas investir dans le développement d'un produit avant que l'entreprise ait presque un contrat de vente en poche. Quand un entrepreneur demande de l'argent aux gouvernements pour s'établir en Chine, c'est qu'il n'a pas encore trouvé d'acheteurs sérieux pour ses produits. Les gouvernements ne devraient pas soutenir les entrepreneurs qui veulent garder leurs petites roues arrière sur leur vélo.

( CV )

Nom: Claude Demers

Âge: 66 ans

Fonction: Président

Organisation: Association de la recherche industrielle du Québec (ADRIQ)

L'association qu'il dirige compte 300 membres et a pour mission de soutenir et d'encourager les entreprises innovantes du Québec.

dominique.froment@transcontinental.ca

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