BLOGUE. C'est véritablement une page d'histoire du Web québécois qui a été tournée mercredi avec l'annonce, par Rogers, de la fermeture du portail Branchez-Vous.

Je me dois d'abord de souligner avec tristesse que cela fera probablement perdre leur emploi à une vingtaine de collègues. Même si ça arrive malheureusement de plus en plus souvent, on ne s'y fait pas.

Branchez-Vous était, avec la Toile du Québec, le plus vieux site Web québécois dont je me souvienne. Je me rappelle le consulter alors que j'étais au cégep, à la fin des années 90. Je me souviens même avoir tenté à un certain moment de recruter une équipe pour participer à la « Course Branchez-Vous », une sorte de concours de création de sites Web inspiré de la Course Destination Monde. Je ne me souviens plus exactement, mais c'est probablement au moins en partie à cause de cette course que j'ai commencé à m'intéresser au HTML et à la façon dont les sites Web étaient conçus.

Malheureusement, il faut être réaliste et admettre que le Branchez-Vous d'aujourd'hui, une fois la nostalgie mise de côté, avait beaucoup perdu de son utilité.

La chroniqueuse média de La Presse, Nathalie Collard, a soulevé un petit tollé mercredi, sur Twitter, quand elle a donné l'impression de se réjouir de la disparition du site, quelques minutes à peine après l'annonce.

« Branchez-vous c'était aussi beaucoup de textes repiqués des grands médias, parfois sans attribution, a-t-elle écrit. Je ne pleurerai pas pour ça. »

Ça manquait peut-être un peu de tact (toujours difficile à insérer dans 140 caractères), mais ce n'était pas faux.

Certains ont répondu que ce n'est jamais une bonne nouvelle quand on perd une voix médiatique. C'est vrai. Mais la question est de savoir si Branchez-Vous était une voix ou un simple haut-parleur.

Est-ce que la qualité globale de l'information au Québec va diminuer à cause de la disparition de Branchez-Vous? Fort probablement pas. En théorie, c'est peut-être même plutôt l'inverse. Rien ne dit que c'est ainsi que les choses vont se dérouler en pratique, mais si les revenus publicitaires tirés par Branchez-Vous sont répartis dans des médias qui opèrent des salles de rédaction dédiées à la recherche de nouvelles originales, on en sortira plutôt gagnants.

Il y a un an, moi et mes collègues étions en pleine recherche d'investisseurs pour essayer de sauver Rue Frontenac. Or, les seuls plans d'affaires tenables faisaient appel à une salle de rédaction minimaliste vouée presque exclusivement à la réécriture de nouvelles produites par autrui. Il était clair pour tout le monde qu'il valait mieux se saborder, même si nous savions que nous trouver un autre emploi pourrait être difficile et même si nous tenions à ce site plus qu'à la prunelle de nos yeux, dans certains cas.

Au-delà du portail lui-même, il y avait toutefois quelques sections ou sites spécialisés de Branchez-Vous qui seront fermés et qui, eux, emmenaient à l'occasion de l'eau au moulin de l'information. Je pense entre autres à Showbizz.net (culture) et à Jouez! (jeux vidéo), les deux qu'il pouvait m'arriver de consulter à l'occasion.

Pour eux, c'est dommage. Pour les gens qui perdent leur emploi, c'est dommage. Pour la nostalgie, c'est dommage. Pour le portail en tant que tel, je ne pleurerai pas moi non plus.