Un autre modèle pour la R-D

Publié le 02/02/2013 à 00:00

Un autre modèle pour la R-D

Publié le 02/02/2013 à 00:00

Les affaires vont bon train pour la montréalaise Caprion Protéomique. Ses revenus et profits n'ont cessé de grimper ces dernières années, suivant une cadence annuelle supérieure à 35 %.

«On a le vent dans les voiles, et ça devrait se poursuivre», dit Martin LeBlanc, président et chef de la direction de cette biotech qui emploie une soixantaine de personnes.

Les succès de Caprion, qui recherche de nouveaux biomarqueurs pour certains types de maladie, sont en grande partie attribuables aux changements de stratégie adoptés dans l'industrie pharmaceutique.

«Nous sommes de plus en plus sollicités par les sociétés pharmaceutiques», souligne M. LeBlanc. Il cite en exemple la collaboration de Caprion avec l'américaine Vertex Pharmaceuticals pour le développement de son télaprévir Incivek, qui traite l'hépatite C.

Par le passé, les grandes sociétés pharmaceutiques comme Merck et Pfizer confiaient à leurs laboratoires la R-D de nouveaux médicaments. Mais les temps changent, et elles se tournent maintenant davantage vers les entreprises de biotechnologies et les centres de recherche publics pour mener les phases préliminaires de la recherche.

«Les grandes pharmas se retirent des phases précoces de la recherche en choisissant de les impartir pour réduire leurs coûts», note Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo, la grappe des sciences de la vie et des technologies de la santé du Montréal métropolitain.

«La culture du secret amenait l'industrie à réaliser ses activités de R-D à l'interne. Le balancier est parti dans l'autre sens. Elle fait maintenant dans l'innovation ouverte», souligne Max Fehlmann, président et chef de la direction de Neomed. Lancé l'automne dernier, ce consortium québécois de recherche du secteur biopharmaceutique vise justement à favoriser les partenariats de recherche entre les entreprises et le milieu universitaire.

La falaise... des brevets !

La fin des brevets sur les médicaments phares offerts par les géants pharmaceutiques n'est pas étrangère à la situation. D'ici 2015, 11 des 20 médicaments d'ordonnance les plus vendus du monde ne seront plus protégés par des brevets, entraînant ainsi un manque à gagner de plusieurs milliards de dollars.

Face à cette «falaise des brevets» (cliff patent), jumelée à la faible productivité de son portefeuille de développement de produits, l'industrie a été forcée de remettre en question ses façons de faire. «La tendance est à la collaboration avec d'autres partenaires privés ou publics», reconnaît Cyril Schiever, pdg de Merck Canada.

En 2010, Merck fermait son centre de R-D de Kirkland. Depuis, d'autres pharmas de la grande région montréalaise (Pfizer, Astra Zeneca) ont fait de même. La dernière en date, l'allemande Boehringer Ingelheim, fermait son labo de Laval l'automne dernier.

Avoir l'oeil sur Montréal

Ces entreprises n'ont pas pour autant complètement plié bagage et ont l'oeil sur Montréal. «Nous avons fermé d'autres centres de recherche dans d'autres pays du monde sans engagement d'y investir. Ici, nous nous sommes engagés à investir 100 millions de dollars sur cinq ans, parce que la qualité des chercheurs et des instituts de recherche de Montréal et du Québec cadre parfaitement avec notre nouveau modèle de recherche», souligne M. Schiever.

Montréal reste un des grands centres mondiaux en recherche clinique et fondamentale, reconnaît Marc-André Gagnon, professeur à l'Université Carleton et spécialiste du secteur pharmaceutique. Mais, ajoute-t-il, «le Québec offre aussi des incitatifs financiers et fiscaux qui sont très attrayants pour les pharmaceutiques».

Le dernier budget de Québec a fait passer de 17,5 à 27,5 % le crédit d'impôt à la R-D alloué au secteur pharmaceutique. Québec injectera aussi 125 M $ sur cinq ans pour faciliter les partenariats de recherche public-privé.

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