Travailler plus de 40 heures est inutile

Publié le 23/06/2012 à 00:00

Travailler plus de 40 heures est inutile

Publié le 23/06/2012 à 00:00

Passer plus de 40 heures au boulot est inutile et n'augmente en rien la productivité. Pire encore, cela risque de compromettre la santé de votre entreprise et celle de vos employés. La morale de cette histoire : pour en faire plus, il faut travailler moins.

C'est la conclusion à laquelle est arrivée la blogueuse d'affaires américaine Sara Robinson dans un billet-choc qu'elle a publié sur le site du magazine en ligne Salon.com, plus tôt ce printemps. Alarmée de voir ses concitoyens travailler en moyenne 55 heures par semaine, elle les invite à ralentir la cadence.

Mme Robinson a constaté cela en se replongeant dans de vieilles études portant sur la productivité aux États-Unis, dont certaines datent de 1909. À cette époque, la révolution industrielle américaine battait encore son plein.

Selon elle, ces études démontrent que travailler plus de 40 heures par semaine est «stupide, du gaspillage, dangereux et coûteux». Les employés manuels sont plus productifs lorsqu'ils travaillent huit heures par jour. Ceux qui font un travail intellectuel donnent le meilleur d'eux-mêmes six heures par jour, dit Mme Robinson.

Au-delà de ces seuils, les employés deviennent carrément improductifs. De surcroît, les risques d'accidents et d'épuisement professionnels augmentent. Au bout du compte, cela entraîne des pertes financières pour les entreprises. Sara Robinson déplore que les patrons aient oublié les leçons du passé.

Qu'en est-il au Québec ?

En 2011, le nombre moyen d'heures travaillées par semaine au Québec était de 35,4 heures, comparativement à 36,4 pour le reste du pays, d'après Statistique Canada.

Alors que les partisans d'une plus grande productivité affirment que «les Québécois doivent travailler plus», la mise en garde de Sara Robinson devrait les faire réfléchir, estiment des consultants en management.

«C'est vrai qu'il est possible d'en faire autant en 40 heures qu'on peut en faire en 60. L'important est de bien organiser le travail. Le problème, c'est qu'il y a encore beaucoup d'entreprises au Québec qui sont mal organisées», affirme Philip Vincelli, coprésident du Groupe Conseil Parisella Vincelli et Associés (PVA), de Boisbriand.

Certes, la sévérité des lois du travail et la forte présence des syndicats dans la Belle Province empêchent les employeurs d'exiger de leurs salariés des semaines de 55 heures de travail, comme c'est le cas aux États-Unis, nuance Normand Parisella, l'autre coprésident de Groupe Conseil PVA.

«Par contre, nous remarquons que les heures supplémentaires sont monnaie courante dans certains secteurs d'activités. Elles sont presque devenues une institution. C'est le cas dans des entreprises du domaine manufacturier et de la construction», dit-il.

Et puisqu'elles ont mal organisé le travail, ces entreprises paient souvent «inutilement» des heures supplémentaires. Avec la majoration salariale de 50 % qu'exige la loi pour chaque heure supplémentaire, la facture est parfois salée, font valoir les consultants.

Le moral des troupes

«J'ai vu des chefs d'entreprise exiger des employés d'être au travail de 10 à 12 heures par jour. C'est une bonne façon d'avoir du personnel sans motivation», dit Jean-Pierre Gay, consultant senior chez Conseils PME DEL, de Sainte-Adèle.

Cela dit, les consultants interrogés ne souhaitent pas l'abolition des heures supplémentaires. Selon eux, les périodes de pointe, dont le temps des fêtes et le travail saisonnier, justifient des semaines de plus de 40 heures. «Parfois, il y a des échéances et des commandes qu'on doit livrer. Pas le choix, mais il faut que ça demeure raisonnable», renchérit Philip Vincelli.

Par ailleurs, ceux et celles qui mesurent la productivité au nombre d'heures travaillées font fausse route, croit Jean-Marc Legentil, associé principal chez Bell Nordic Conseil et formateur à HEC Montréal.

«Contrairement aux États-Unis qui produisent beaucoup de produits similaires, le Québec est bon pour fabriquer des produits très diversifiés mais en petite quantité», note-t-il.

«C'est le cas de Bombardier et de Bell Helicopter en aéronautique, mais c'est aussi le cas de certaines autres entreprises du secteur pharmaceutique et des logiciels qui sont très rentables», ajoute M. Legentil.

À son avis, il faut repenser ce qu'on entend par «productivité». «Le nombre d'heures travaillées, ce n'est pas tout. La question devrait être la suivante : Est-on rentable ? Au Québec, la réponse est '' oui '' à plusieurs égards.»

Nombre moyen d'heures travaillées par semaine en 2011

Où on travaille plus...

Moyenne canadienne de 36,4

38,5 heures

...Alberta

...Terre-Neuve et Labrador

Où on travaille dans la moyenne

Moyenne canadienne de 36,4

36,4 heures

...Ontario

Où on travaille moins...

Moyenne canadienne de 36,4

35,4 heures

...Colombie-Britannique

...Québec

Source : Statistique Canada

TROIS COMMANDEMENTS POUR AMÉLIORER SA PRODUCTIVITÉ

1 Établir des normes de production

Pour mieux organiser le travail, les entreprises gagneraient à développer des normes de production relatives à la meilleure manière d'accomplir la besogne. Ce conseil vaut autant pour les entreprises actives dans le secteur des produits, comme une chaîne de fabrication, que dans celui des services, tels que les centres d'appels.

2 Mesurer la performance

Mettre en place des unités de mesure de la production (benchmark) permet aux gestionnaires de mieux se positionner par rapport aux objectifs à atteindre. Le nombre de cartables qu'un employé doit produire, le nombre d'appels qu'il doit prendre ou les ventes qu'il doit réaliser à l'heure sont autant d'exemples d'unités de mesure.

3 Mieux former les gestionnaires

Les gestionnaires doivent devenir des ressources aptes à bien établir les normes de production et à bien les communiquer aux employés. De plus, ils doivent faire un bon suivi des mesures de performance choisies. Enfin, ils doivent pouvoir outiller les employés afin de les aider à atteindre les objectifs visés. Pour ce faire, une formation adéquate s'impose.

Source : Groupe Conseil Parisella Vincelli et Associés

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