Transat accroît la pression sur Sunwing

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Transat accroît la pression sur Sunwing

Publié le 29/11/2008 à 00:00

La concurrence de l'ontarienne Sunwing agace Transat A.T. (Tor., TRZ.B, 8,44 $), qui paraît plus déterminée que jamais à lui faire la vie dure cet hiver.

"Ça devient ridicule, affirme en entrevue Colin Hunter, président fondateur du voyagiste ontarien, à propos de la décision récente de Transat d'inaugurer une première liaison à l'aéroport de Bagotville, que Sunwing dessert depuis déjà trois ans.

"Il suffit que nous annoncions une nouvelle liaison pour qu'un mois plus tard, Transat annonce le même forfait, à 50 $ de moins. C'est encore arrivé récemment à Sault-Saint- Marie (Ontario) et à Kelowna (Colombie-Britannique)", soutient M. Hunter.

Transat n'a pas encore imité la décision de Sunwing d'offrir des forfaits vacances aux départs des aéroports régionaux de Val-d'Or, en Abitibi, et de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Mais les observateurs s'attendent à ce que le scénario se répète, venant confirmer le ras-le-bol de Transat devant la croissance de celui qui est rapidement devenu le deuxième voyagiste en importance au pays.

Hausse de l'offre dans un marché en déclin

Transat, qui existe depuis 20 ans, a écoulé au Canada 1 million de forfaits vers les Caraïbes et le Mexique l'an dernier, dont le quart au Québec.

Pour sa part, Sunwing, fondée il y a cinq ans, prévoit offrir pour l'ensemble de ses départs du Canada 600 000 sièges vers le Sud de novembre à la fin avril, dont 192 000 au Québec.

La croissance de Sunwing est surprenante. L'hiver dernier, elle a fait passer sa flotte de six à neuf Boeing 737-800. Cet hiver, elle en comptera 15 au total, augmentant sa capacité de 200 000 sièges et desservant six aéroports canadiens de plus que l'année dernière.

Tant et si bien que selon l'analyste David Newman, de la Financière Banque Nationale, Sunwing occuperait aujourd'hui 25 % du marché des forfaits vacances.

Cette concurrente dérange Transat, car elle accroît de façon importante l'offre de sièges sur un marché déjà encombré.

Seulement cet hiver, on parle d'une croissance de l'ordre de 40 à 50 % pour Sunwing, et de 12 % pour Transat. Sans compter les ajouts de capacité prévus par Vacances Air Canada et WestJet Vacations.

Pourtant, tout laisse présager un effritement de la demande au cours de la prochaine saison hivernale.

Dangereuse guerre des prix à l'horizon

Dans le contexte économique actuel, Cameron Doerksen, analyste chez Partenaires Versant, doute énormément que la demande des consommateurs canadiens soit suffisante pour absorber cette croissance de la capacité. Cette situation risque de se traduire par une guerre des prix qui pourrait faire passablement mal à certains acteurs, dit-il.

Le contexte difficile peut toutefois profiter à Transat. Grâce à sa taille, la société montréalaise est bien placée pour demander des tarifs plus avantageux aux hôteliers, souligne David Newman, de la Financière Banque Nationale. Transat pourrait ainsi offrir des forfaits à des prix plus concurrentiels que certaines rivales.

Sunwing nie les rumeurs de vente

Comme elle est une société à capital fermé, il est impossible de savoir si Sunwing dispose des fonds suffisants pour traverser la tempête. D'ailleurs, une rumeur, fortement démentie par Sunwing, veut que l'ontarienne se soit offerte à Transat au cours des derniers mois pour 100 millions de dollars. Une offre que la société québécoise aurait rejetée du revers de la main, préférant lui livrer bataille sur le terrain.

Transat a refusé de commenter la guerre qui l'oppose à Sunwing d'ici la publication de ses résultats annuels, le 17 décembre prochain.

De son côté, le président de Sunwing nie avoir tenté de vendre son entreprise, ajoutant par contre avoir entendu que Transat comptait venir à bout de sa rivale ontarienne d'ici la fin de l'hiver.

"Heureusement, peu importe ce que dit ou fait Transat, ce sont les consommateurs qui auront le dernier mot", indique Sam Char, directeur général de Sunwing pour le Québec.

Ce dernier admet que le contexte est très difficile pour toutes les sociétés aériennes. Depuis le début de l'année, plus de 30 transporteurs dans le monde ont cessé leurs activités ou fait faillite.

L'Association du transport aérien international s'attend à ce que ce nombre double au cours des prochains mois.

Le titre de Transat reflète les turbulences qui ébranlent son industrie : il a chuté de 75 % depuis le début de l'année, alors que l'indice S&P/TSX a cédé 39 %. La chute du titre est telle qu'il se négocie près de la valeur des liquidités nettes que possède Transat, lesquelles équivalaient à 5,15 $ par action au dernier trimestre (ce montant tient compte de la dépréciation de ses placements dans le papier commercial).

martin.jolicoeur@transcontinental.ca

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