Réacteurs CANDU : de nouvelles inquiétudes

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Réacteurs CANDU : de nouvelles inquiétudes

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Près de 30 ans après l'entrée en service de sa centrale Gentilly-2, Hydro-Québec et les autres propriétaires de réacteurs nucléaires CANDU travaillent sur un plan pour changer de combustible, à la demande de la Commission canadienne de sécurité nucléaire (CCSN). Ils doivent déposer ce document d'ici le 31 mars prochain.

L'organisme fédéral a des inquiétudes quant à la sûreté des barres d'uranium qui sont utilisées actuellement. La Commission croit qu'il existe un risque trop important d'emballement en cas de perte subite du liquide réfrigérant dans le coeur des réacteurs, ce qui pourrait provoquer leur explosion. C'est un vieux problème des réacteurs canadiens, appelé le " coefficient de vide positif ".

C'est un problème semblable qui a causé la destruction du réacteur Tchernobyl, en Ukraine, en 1986. Dans le cas des CANDU, la probabilité est minime et une explosion serait confinée à l'intérieur de la centrale, selon la CCSN. Mais c'est encore trop risqué pour l'organisme.

Les responsables de la sécurité nucléaire ont donc demandé aux propriétaires de CANDU de choisir : soit ils améliorent les mesures de sécurité pour prévenir tout accident, soit ils changent de carburant.

Les membres du CANDU Owners Group, qui regroupe tous les propriétaires de ces réacteurs canadiens, ont opté pour la première solution. " Nous réaliserons ce travail sur trois ans ", précise Marie- Hélène Deveault, porte- parole d'Hydro-Québec.

Mais les propriétaires de réacteurs CANDU sont tout de même tenus de préparer un plan pour changer de combustible, au cas où l'étude approfondie des systèmes de contrôle des réacteurs ne suffirait pas à rassurer la Commission.

" En janvier, nous avons présenté un brouillon du plan de contingence, qui prévoit le remplacement du carburant utilisé, précise Mme Deveault. Nous déposerons un document final d'ici le 31 mars. "

Avoir l'esprit tranquille

Le remplacement du combustible consisterait en l'ajout de dysprosium au centre des barres d'uranium. Ce métal rare a la particularité d'absorber les neutrons, ce qui couperait court à tout emballement du réacteur en cas de perte de liquide réfrigérant.

Par contre, le dysprosium capte une partie des neutrons qui font fonctionner le réacteur. Les exploitants devraient donc troquer l'uranium naturel pour de l'uranium légèrement enrichi.

La CCSN fait état de ses inquiétudes dans un rapport publié en août 2009. " L'expérience de l'industrie et des autorités de réglementation avec les réacteurs CANDU en fonction a permis d'identifier plusieurs problèmes de sécurité ", écrit la CCSN.

" Nous voulons mieux comprendre le phénomène de coefficient du vide positif et améliorer la sécurité ", explique François Rinfret, responsable de la surveillance de la centrale Gentilly-2 à la CCSN.

Mme Deveault, d'Hydro-Québec, assure que la centrale Gentilly-2, que la société d'État s'apprête à rénover, est sécuritaire. " Nous n'en viendrons jamais à une situation comparable à celle de Tchernobyl. Il y a un double système de sécurité en cas de défaillance, et nous utilisons de l'eau lourde comme réfrigérant, plutôt que du graphite inflammable [comme dans la centrale de Tchernobyl]. "

2 milliards de dollars

Coût estimé des rénovations à la centrale Gentilly-2 d'Hydro-Québec, dans le but de prolonger sa durée de vie jusqu'en 2035.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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