"Nous, on n'a rien choisi"

Publié le 29/11/2008 à 00:00

"Nous, on n'a rien choisi"

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Alors que le choix de l'emplacement du Centre de santé universitaire McGill a d'abord été effectué par ses usagers, puis soumis à l'approbation du gouvernement, celui du CHUM a toujours été une décision politique, prise - et renversée - par les gouvernements en place.

"C'est un dossier qui est d'ordre politique. Nous, on n'a rien choisi", déclare le président du conseil d'administration du CHUM Patrick Molinari, qui patauge dans ce dossier depuis 1996, avant même la fusion forcée des trois hôpitaux menant au CHUM.

M. Molinari dit que les tergiversations le "désolent". On a "perdu beaucoup de temps". Cela aurait été plus rapide si le gouvernement du Parti québécois avait "posé des gestes structurants" pour faire construire l'hôpital sur le site du 6000, rue Saint-Denis.

Mieux communiquer...

Celà dit, M. Molinari se dit "impatient" de tourner la page et de bâtir le CHUM selon la dernière formule proposée par le conseiller spécial Guy Breton, soit la démolition de l'hôpital Saint-Luc. "Cela serait un véritable casse-tête de mettre ce bâtiment aux normes actuelles", fait valoir M. Molinari, qui précise : "on ne l'a su que cet été". D'autres sources mentionnent toutefois que Philippe Couillard, alors qu'il était ministre de la Santé, avait prôné la démolition de l'hôpital, mais que le projet avait été abandonné arrêté à cause des coûts. Ce que ne nie pas M. Molinari.

Quoi qu'il en soit, Patrick Molinari fait deux mea-culpa dans ce dossier transformé en feuilleton : "On n'a peut-être pas assez insisté sur la communication. Le CHUM n'a pas été suffisamment promu, dit-il. Il nous faut maintenant un bon porte-parole."

Les médecins spécialistes ne se sont ralliés au projet du CHUM, version Saint-Luc, qu'après avoir obtenu l'ajout de lits et de salles d'opération, de même que l'engagement que l'ancien hôpital serait démoli. "On a peut-être sous-estimé leur mécontentement, poursuit M. Molinari. La vérité est multiple et, dès qu'on arrive vers la fin d'un projet, il y a des tensions qui s'exacerbent."

Selon la nouvelle présidente du comité des usagers du CHUM, Louisa Defoy, M. Molinari a raison de parler de manque de communication. "Nous n'avons pas toujours toutes les réponses que nous cherchons, parfois c'est un mystère... Nous devons leur faire confiance." Mais elle ajoute qu'on lui a dit que la version "Saint-Luc démoli" du CHUM devrait avoir le feu vert du gouvernement le 21 décembre. Si ce gouvernement est réélu, bien entendu.

Défi organisationnel

"Un défi encore plus important que celui de la construction s'annonce : le défi organisationnel, dit le directeur du c.a. Mais celui-là, on le contrôle entièrement."

La version 4 du CHUM (après le 6000, rue Saint- Denis, la gare de triage d'Outremont et le Saint-Luc rénové) devrait être effectuée en deux étapes : la première, d'une durée de 2 à 3 ans, consisterait à construire le bâtiment neuf derrière l'hôpital actuel, ce dernier continuant d'accueillir les patients; la seconde, une fois ce bâtiment terminé, consisterait à transférer les patients dans le nouvel édifice, à démolir l'hôpital Saint-Luc et à le rebâtir. On parle donc de cinq ou six ans de construction, tout en maintenant les soins aux patients.

"Un enfer de poussière, de bruit et de vibrations", dit un constructeur sous le couvert de l'anonymat.

Encore des partisans pour la gare de triage

Même si tout semble en place pour que cette version soit la bonne, la possibilité de construire à la gare de triage d'Outremont demeure la préférence de plusieurs intervenants, y compris du milieu des affaires, qui déplorent également le manque de leadership des dirigeants du CHUM dans ce dossier.

Mais seul un joueur ose le dire tout haut : Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec. "Outremont était la meilleure solution. Il y a de la place et on ne crée pas de perturbations", affirme-t-il, ajoutant qu'il s'explique mal le silence des pro-Outremont dans ce dossier. "On dirait qu'on est tétanisé."

M. Barrette dénonce le "secret désagréable et le manque de transparence" dans ce dossier.

Une autre source, qui n'a pas voulu être nommée, car elle fait partie d'un consortium privé soumissionnaire du projet, dit que si le CHUM avait été une usine bâtie par une entreprise privée, on aurait choisi un autre terrain que celui où se trouvent les usagers.

"Quand une usine est désuète, un entrepreneur déménage ses équipements ailleurs. Il ne va pas supporter deux ou trois ans d'improductivité."

Si le gouvernement Charest ne bâtit pas le CHUM à Outremont, c'est "parce qu'il ne veut pas perdre la face", croit Gaétan Barrette. À noter que M. Barrette s'est entretenu avec Les Affaires avant de se rallier au projet du CHUM à l'emplacement de l'hôpital Saint-Luc.

Par ailleurs, le conseil d'administration du CHUM se cherche toujours un président de campagne de financement et un directeur général. Avis aux intéressés...

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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