Le cliché du pdg dont la porte de bureau est jalousement gardée par une secrétaire zélée est en voie de disparition. Grâce à Twitter, où on retrouve de plus en plus de patrons, la porte est désormais béante. Quoique la tendance soit davantage répandue aux États-Unis, les pdg québécois n'y échappent pas.
«Sans Twitter, je n'aurais jamais su qu'il y avait autant de fans qui s'ennuyaient d'une ancienne chanson qu'on faisait jouer lorsque l'équipe marquait un but», témoigne Geoff Molson, président du Club de hockey Canadien.
L'homme d'affaires, dont le compte Twitter est suivi par plus de 40 000 abonnés, est à l'écoute des amateurs de son équipe sur Twitter. Ainsi, un de ses premiers gestes après avoir pris le contrôle du club sportif a été de remplacer The Age of Pamparius du groupe norvégien Turbonegro par Goal Song, du groupe montréalais L'Oreille.
Geoff Molson est sur Twitter essentiellement pour garder le contact avec les amateurs de son club : «Parfois, lorsqu'un détenteur d'abonnement de saison se plaint sur Twitter, je demande à la billetterie son numéro de téléphone et je l'appelle personnellement», dit-il.
Louis Garneau (524 abonnés) utilise Twitter pour parler avec les passionnés de vélo, mais aussi pour promouvoir son entreprise : «Environ 85 % de ce que je publie porte sur le vélo, mais je ne me gêne pas pour partager les bonnes nouvelles relatives à l'entreprise», illustre le pdg de Louis Garneau Sports.
Selon Bruno Guglielminetti, directeur des communications numériques au cabinet de relations publiques National, ces échanges ont un effet bénéfique sur l'image des entreprises concernées : «Un pdg qui est actif sur les médias sociaux donne un visage humain à l'entreprise, mais on encourage les patrons à y prendre la parole eux-mêmes.»
Pas seulement pour les pdg-vedettes
Le promoteur de boxe Yvon Michel (4 027 abonnés), actif sur Twitter, est surtout connu des amateurs de boxe en raison de ses apparitions à la télévision à titre de commentateur. «Pour quelqu'un qui est une personnalité en partant, c'est sûr que ce sera plus naturel de communiquer sur les réseaux sociaux», dit Bruno Guglielminetti.
Dans les faits, Yvon Michel a choisi de faire de son compte personnel celui de son entreprise : «Un spécialiste américain des relations publiques m'avait expliqué que ça aurait plus d'impact si c'était mon compte personnel», dit-il.
Daniele Henkel (6 561 abonnés), pdg de l'entreprise de soins de beauté qui porte son nom, s'est inscrite sur Twitter à la demande des producteurs de l'émission Dans l'oeil du dragon. Ses apparitions à la télé, à titre de juge, lui ont permis de faire connaître la femme derrière la marque, et son compte personnel sur Twitter lui a permis de mieux faire passer son message. «Je ne suis pas sur Twitter pour vendre, mais pour avoir des discussions très humaines», dit-elle.
Bien que la plupart des pdg qui ont fait le saut soient des figures connues, Bruno Guglielminetti soutient que même ceux qui ne le sont pas pourraient bénéficier d'une présence sur Twitter : «Ils doivent avoir quelque chose à dire et ça doit s'insérer dans le plan de communications de l'entreprise», dit-il.
POLITIQUE ET TWITTER NE FONT PAS BON MÉNAGE
La campagne électorale américaine n'a pas seulement illustré une fois de plus le rôle crucial des médias sociaux. Elle a aussi permis à l'ancien pdg de General Electric, Jack Welch, et au promoteur immobilier Donald Trump de se ridiculiser. Le premier a rompu avec Forbes après avoir laissé entendre dans un tweet que des données encourageantes sur l'emploi avaient été trafiquées. Le second a diffusé une série de tweets furieux dans la foulée de la victoire de Barack Obama, qualifiant notamment celle-ci d'«injustice dégoutante». Trump, qui n'en est pourtant pas à une controverse près, a effacé plusieurs de ces tweets après-coup.
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4 % La proportion des pdg du Fortune 500 qui ont une présence sur Twitter. | Source : Domo
