Le livre numérique se vend si bien au Québec que l'enjeu n'est plus de trouver des plateformes de vente, mais de développer la capacité des éditeurs québécois à offrir une version numérique de leurs titres. L'éditeur québécois De Marque apporte sa pierre à l'édifice en créant une passerelle de son entrepôt numérique vers la librairie virtuelle iBookstore d'Apple.
Né l'automne dernier de la collaboration de De Marque et de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), l'entrepôt numérique est une plateforme où les éditeurs québécois peuvent vendre une version numérique de leurs titres et où les internautes peuvent en feuilleter un extrait.
Profiter d'une demande croissante
En ce moment, le numérique représente 8 % du marché du livre aux États-Unis. C'est une part de marché supérieure à celle qui prédomine au Québec, dit Clément Laberge, vice-président, Services d'édition numérique de De Marque. Cependant, il serait faux d'en conclure que ce format n'intéresse pas les Québécois.
Plus jeune que son homologue américain, le marché québécois du livre numérique connaît une croissance comparable. " Aux États-Unis, la taille du marché du numérique double tous les trois mois environ. C'est le rythme de croissance que nous avons constaté au Québec depuis six mois ", dit M. Laberge.
En offrant bientôt aux éditeurs québécois la possibilité de vendre leurs titres directement dans la boutique virtuelle iBooks, De Marque espère les convaincre d'accélérer leur adoption du format numérique.
" Comme c'est un marché naissant, il y a une occasion d'affaires pour eux ", poursuit M. Laberge, qui ajoute que c'est aussi un nouvel outil d'exportation vers le marché français. Les premiers à proposer une bonne offre de livres numériques tant au Québec qu'en France risquent de rafler une plus grande part du marché international.
Le prix des livres continue d'inquiéter
Apple ouvre grand les portes du marché international aux éditeurs de livres numériques d'ici, mais à quel prix ? Le géant américain obtiendra 30 % des recettes et n'impose pas de prix de ventes. Et la norme veut que le prix de l'ouvrage numérique corresponde à 75 % de celui de son pendant imprimé.
C'est une bonne nouvelle pour les éditeurs québécois, car le prix des livres est justement la question de l'heure dans l'édition au Québec. Doit-on le réglementer, afin d'aider les libraires et les éditeurs à faire face à la concurrence des grandes surfaces ? Tous, auteurs, distributeurs et même le gouvernement, veulent avoir leur part du gâteau, et le numérique pourrait épicer davantage le débat.
" Même si le prix des livres numériques est moins élevé [que dans l'imprimé], les distributeurs, les libraires et les auteurs désirent tous recevoir les mêmes redevances, ce qui ne laisse plus beaucoup de marge aux éditeurs, explique Richard Prieur, directeur général de l'ANEL. Bientôt, le numérique sera un enjeu à ajouter au débat sur la réglementation du prix des livres. "
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