Les dépotoirs dégagent une énergie qui vaut de l'or

Publié le 16/05/2009 à 00:00

Les dépotoirs dégagent une énergie qui vaut de l'or

Publié le 16/05/2009 à 00:00

Toutes les heures, 17 000 mètres cubes de biogaz se dégagent du plus gros dépotoir du Québec, celui de BFI Canada, à Lachenaie, au nord-est de Montréal.

Constituées à près de 50 % de méthane, ces émanations nauséabondes contribuent fortement au réchauffement climatique. Mais les projets visant à transformer cette nuisance en source d'énergie verte se multiplient.

BFI Canada produit déjà quatre mégawatts d'électricité avec le quart des biogaz émis par ses installations. Pour ne pas brûler le reste en pure perte, l'entreprise attend l'autorisation de Trans Québec & Maritimes pour l'injecter dans son gazoduc, un investissement de 32 millions de dollars.

C'est ce que fait déjà EBI Environnement, à Saint-Thomas de Joliette, dans Lanaudière, qui envisage même de doubler la quantité de gaz naturel qu'elle injecte dans le gazoduc. " Les travaux commencent cet été; ça devrait être prêt à l'été 2010 ", dit Luc Turcotte, responsable du projet chez EBI. L'entreprise injecte déjà 2 800 mètres cubes de gaz naturel par heure dans le réseau de distribution. Elle alimente ainsi, depuis 2003, l'équivalent de 6 000 foyers québécois avec un gaz purifié. L'entreprise a été la première à le faire au Canada.

Un carburant pour l'économie

Waste Management (WM) adopte une autre approche. Le géant américain préfère s'associer à des entreprises qui consomment d'importantes quantités d'hydrocarbures à proximité de ses dépotoirs. Elle leur offre ses biogaz non filtrés; une énergie verte, mais surtout moins chère que le gaz naturel.

C'est ce qu'elle fait à Saint-Jérôme, où elle alimente l'usine de papier recyclé de Cascades en biogaz issus de son dépotoir de SainteSophie. Une conduite a été construite exclusivement à cette fin. Selon Hubert Bolduc, viceprésident, communications, de Cascades, l'achat de ce gaz au rabais " a été une des clés " pour éviter la fermeture de l'usine.

WM tente maintenant de faire la même chose pour valoriser les biogaz de ses établissements de Drummondville et de Magog. Mais les clients éventuels sont trop éloignés. Elle tente donc, avec les agents de développement industriel, d'attirer à proximité de gros consommateurs d'énergie. " On préfère que nos biogaz servent de levier au développement régional ", dit Martin Dussault, directeur des affaires publiques chez WM pour l'Est du Canada.

À Saint-Étienne-des-Grès, la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie a convaincu Savoura d'installer des serres à tomates près de son dépotoir pour les chauffer aux biogaz. Les deux parties sont cependant en litige en ce moment à cause de problèmes de livraison et de combustion du gaz.

WM étudie aussi d'autres possibilités, comme la liquéfaction de ses biogaz pour en faire du carburant. Déjà, une de ses installations californiennes alimente ainsi ses propres camions.

DE L'ÉLECTRICITÉ VERTE

Une des façons les plus simples de valoriser les biogaz consiste à les transformer en électricité. La plus grande centrale à le faire au Québec est en plein coeur de Montréal : alimentée par les émanations de l'ancien dépotoir Miron, Gazmont a une capacité de 25 mégawatts (MW).

Au site d'enfouissement de Lachute, la forestière Kruger, qui se diversifie dans la production d'énergie, a installé des turbines d'une puissance de 10 MW. À Gatineau, Biothermica devait faire de même avec les biogaz de l'ancien dépotoir Cook, mais pour l'instant, le projet est en suspens. Le modèle de l'entreprise repose sur la vente de crédits d'émission de dioxyde de carbone. Or, rien n'est définitif de ce côté à Ottawa. " Le marché du carbone au Canada n'est pas encore prêt ", dit Raphaël Bruno, porte-parole de l'entreprise.

En tout, quatre centrales au biogaz produisent une quarantaine de mégawatts au Québec. C'est tout juste assez pour alimenter 8 000 foyers québécois, soit presque rien. Selon une étude du Conseil des entreprises en services environnementaux, les sites d'enfouissement desservant la grande région montréalaise recèlent à eux seuls un potentiel inexploité de 80 MW supplémentaires. De l'énergie qui dort... au biogaz.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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