Le temps presse d'adopter les normes IFRS

Publié le 14/02/2009 à 00:00

Le temps presse d'adopter les normes IFRS

Publié le 14/02/2009 à 00:00

La comptabilité des grandes entreprises va changer partout dans le monde : un nouvel ensemble de règles, les normes IFRS, bouleverse considérablement les méthodes, tant la façon d'évaluer les actifs que les systèmes informatiques. Associé directeur de la firme Ernst & Young pour le Québec, Sylvain Vincent signale qu'il est urgent de s'y conformer.

Journal Les Affaires - Qui doit se soucier des IFRS ?

Sylvain Vincent - Toutes les sociétés cotées en Bourse. Au Québec, on en compte quelque 125, auxquelles il faut ajouter les sociétés de la Couronne et les organismes assujettis à une réglementation gouvernementale, comme les Caisses populaires et les firmes de fonds communs de placement. Plus de la moitié sont engagées dans ce passage vers les normes IFRS, et c'est tant mieux pour elles... mais plus inquiétant pour les autres.

JLA - Quel est l'enjeu ?

S.V. - Un nouveau langage comptable. Il a commencé en Europe, en 2005. Étant donné la mondialisation, il était important de s'entendre sur des bases communes pour évaluer les entreprises. De là ces normes IFRS [pour International Financial Reporting Standards]. Au dernier décompte, 112 pays sont en train d'adopter un calendrier pour s'y conformer. Elles vont permettre de comparer plus adéquatement l'ensemble des sociétés, qu'elles soient inscrites à la Bourse de Paris, de Toronto ou de Singapour. Chez nous, l'échéance est fixée au 1er janvier 2011.

JLA - Il reste donc du temps pour s'adapter...

S.V. - En théorie, il reste deux ans. Mais en pratique, il n'en reste que la moitié. Dans des états financiers, il faut toujours se reporter aux chiffres de l'année précédente aux fins de la comparaison. Autrement dit, les données de 2009 devront elles aussi être conformes aux normes IFRS. On pourrait passer tout droit et les rajuster en cours d'année 2009, mais ça signifie reprendre tout le travail. Aussi bien le régler le plus tôt possible. Si on attend, ce sera infernal.

JLA - Dans les faits, qu'est-ce qui change ?

S.V. - Prenons l'exemple des immeubles. Pour l'instant, au Canada, les normes comptables prévoient un taux d'amortissement général. Les normes IFRS, elles, obligent à une forme de découpage plus près de la réalité. Dans un bâtiment, le solage, c'est solide : on peut donc l'amortir sur une longue période, disons 50 ans. Une structure de bois l'est moins : l'amortissement devrait donc être plus court. La toiture, elle, demande souvent à être retravaillée : dans ce cas, l'amortissement pourrait ne s'étaler que sur cinq ans. C'est le genre d'aménagement que l'on doit faire. Or, les systèmes informatiques ne sont pas conçus dans cet esprit. Il y a là aussi beaucoup d'ajustements à prévoir.

JLA - Par quoi commence tout ce processus ?

S.V. - En premier lieu, il faut diagnostiquer l'impact comptable des nouvelles normes. Elles sont quand même assez flexibles, et on peut choisir la règle la plus avantageuse... quand c'est possible; car si vos compétiteurs ont tous adopté la même, il sera difficile de faire autrement. Il importe ensuite de déterminer l'impact sur l'entreprise elle-même, et ça va des questions fiscales aux politiques de rémunération ou à la transformation des systèmes informatiques.

JLA - Et tout ce remue-ménage se produit au coeur d'une tourmente comme on n'en pas pas vu depuis 80 ans...

S.V. - Oui, mais nous remettons de l'ordre dans le système international en l'uniformisant. Quand l'économie va repartir, nous serons en meilleure position, puisque nous aurons tous les mêmes bases, plus conformes à la réalité. Les normes IFRS s'appuient sur la valeur marchande des actifs, autrement dit leur valeur actuelle; alors qu'auparavant, on se basait sur ce qu'ils avaient coûté. Étant donné la volatilité que l'on connaît, le portrait sera plus fidèle à la réalité. Pour les investisseurs, entre autres, ce sera plus transparent.

rene.vezina@transcontinental.ca

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