La pénurie de main-d’oeuvre inquiète les ordres professionnels

Publié le 20/01/2011 à 11:07

La pénurie de main-d’oeuvre inquiète les ordres professionnels

Publié le 20/01/2011 à 11:07

Le choc démographique que s’apprête à vivre le Québec est sans doute la principale préoccupation des ordres professionnels en ce début de décennie. En effet, quand on sait qu’au Québec, en 2012, les travailleurs seront plus nombreux à  quitter le marché du travail qu’à y entrer, il y a de quoi s’alarmer.

Selon le dernier bilan démographique déposé par l’Institut de la statistique du Québec, les personnes de 65 ans et plus représentent désormais 15 % de la population. Cette proportion pourrait atteindre 26 % dans une vingtaine d’années. Dès 2011, les 65 ans et plus devraient être plus nombreux que les moins de 15 ans.

À ce phénomène démographique, s’ajoute l’importante pénurie dans les professions traditionnellement masculines comme le génie et les technologies. Le taux de décrochage scolaire plus important chez les garçons et le manque d’intérêt des filles pour les sciences sont en grande partie responsable de ce manque d’effectifs.

En 2011, les ordres professionnels se demandent comment attirer les gens dans la profession puisqu’ils doivent piger dans un bassin d’étudiants qui rétrécit constamment.

«L’accessibilité aux services professionnels doit être maintenue pour répondre aux besoins de la population, soutient Richard Gagnon, président du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ), qui regroupe les 46 ordres professionnels québécois. Le vieillissement de la population crée une pression à la hausse sur certains besoins, notamment en santé. Il crée aussi une pression à la baisse sur le nombre de professionnels en mesure de dispenser ces services, car il y a de plus en plus de départ à la retraite.»

Préparer le bogue de 2012

Pour atténuer le problème démographique imminent, les ordres professionnels se mobilisent. « Sous l’impulsion du gouvernement du Québec, qui souhaite favoriser la mobilité de la main-d’œuvre, nous avons facilité la signature d’une vingtaine d’Arrangements de reconnaissance mutuelle (ARM) entre la France et le Québec, mais aussi avec d’autres provinces canadiennes », ajoute Richard Gagnon.

Une entente avec la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ) a également été signée pour mettre en place des programmes facilitant l’intégration des professionnels immigrants, dont la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger.

« La mobilité et la facilité d’intégration des immigrants ne signifient jamais une baisse des standards pour les professions. On doit s’assurer que la mondialisation n’engendre pas un nivellement pas le bas pour les normes de pratique. La qualité des services doit primer », indique M. Gagnon.

Promouvoir les professions

Les professions sont bien organisées au Québec. C’est le message que le CIQ désire faire connaître lorsqu’il ouvre la porte à des professionnels d’autres juridictions. Par exemple, l’organisme a lancé le site deviensunpro.org qui s’adresse à la relève, pour intéresser les jeunes aux professions réglementées. Chaque profession est passée en revue et on y décrit l’importance du rôle qu’elle joue dans la communauté.

Richard Gagnon réitère toutefois l’importance de réfléchir à la rétention de la main-d’œuvre professionnelle. Les jeunes sont beaucoup plus mobiles que les générations qui les ont précédés. Il faut les stimuler pour qu’ils aient le goût de travailler au Québec et d’y demeurer.

« La mobilité, c’est aussi la capacité d’aller travailler ailleurs pour nos professionnels. Il faut s’assurer de garder les bonnes personnes. » Dilemme de taille, puisque le gouvernement du Québec s’est également donné comme mandat de faire rayonner l’expertise québécoise à l’étranger.

L’union fait la force

Le projet de loi 90 modifiant le Code des professions dans le domaine de la santé a conduit les professions à se décloisonner progressivement, à partager certains champs de pratique et à mieux collaborer. Un mouvement qui est né des nouveaux besoins de la population en matière de santé et du devoir de protection du public.

« Il y a de plus en plus de collaboration entre les professionnels, explique le président. Les médecins et les infirmières ont des champs de pratique beaucoup plus poreux, les pharmaciens contribuent différemment au système de santé, il y a un plus grand partage de la responsabilité. Dans un contexte de pénurie de ressources, il faut travailler de façon beaucoup plus intégrée. Le protectionnisme passe au second plan. La priorité est d’être en mesure de desservir la population.»

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