La chasse à la main-d'oeuvre tire les salaires vers le haut

Publié le 25/10/2008 à 00:00

La chasse à la main-d'oeuvre tire les salaires vers le haut

Publié le 25/10/2008 à 00:00

Par Carole Le Hirez

Crise financière mondiale ou non, il y aura des augmentations de salaire en 2009 pour les travailleurs canadiens. La rémunération devrait augmenter en moyenne de 3,6 % au Canada et de 3,4 % au Québec, avec des pointes de 5,4 % dans la florissante industrie pétrolière.

" Vraisemblablement, dans certains cas, la conjoncture économique poussera les augmentations salariales à la baisse. Mais, selon la durée et la précarité de la situation, les répercussions sur les augmentations prévues se feront davantage sentir en 2010 ", estime Florent Francoeur, pdg de l'Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec (ORHRI).

Selon M. Francoeur, il est encore trop tôt pour prédire quels secteurs de l'économie seront touchés et dans quelle mesure, la rareté déjà bien réelle de la main-d'oeuvre protégera plusieurs secteurs du ralentissement. Cette pénurie ne fera que s'accentuer, notamment à partir de 2011, lorsque le bassin de la population âgée de 15 à 64 ans commencera à diminuer. S'il manque d'ingénieurs informaticiens ou de techniciens en aérospatiale, ralentissement mondial ou pas, ils obtiendront des augmentations.

Cela fait déjà deux ans que la rémunération est sur une pente ascendante. En 2007 et 2008, les prévisions de hausses salariales avaient atteint 3,8 % dans les entreprises canadiennes. Et au cours des trois dernières années, les salaires ont dépassé de 1,1 point de pourcentage les prévisions des grands cabinets spécialisés dans la gestion des ressources humaines.

Tenir compte de la pénurie de main-d'oeuvre

Cette année, on aurait pu s'attendre à un fléchissement de la rémunération, car la Banque mondiale annonçait un ralentissement économique au Canada pour 2008. Il n'en est rien.

" L'entreprise canadienne a beau être confrontée à la réalité économique qui l'amène à être prudente, elle doit tenir compte de la guerre de la main-d'oeuvre qui fait rage actuellement ", analyse M. Francoeur.

Tous les secteurs d'activité ne sont pas égaux face aux augmentations de salaire. Le grand champion demeure l'industrie pétrolière, avec une hausse annoncée de 5,4 %, tandis que le secteur manufacturier traîne la patte, avec une croissance sous la moyenne.

L'augmentation du chèque de paie varie aussi selon les régions. La flambée des salaires se poursuit dans l'Ouest canadien, notamment en Alberta, où les ressources naturelles, dont les sables bitumineux, font figure de nouveau Klondike. Le Québec, où le secteur manufacturier représente une large part de l'activité économique, reste derrière, avec des hausses salariales prévues de 3,4 %.

La fin de la rémunération uniforme

Comment augmenter la masse salariale alors que les revenus des entreprises stagnent ou diminuent ? Voilà le cruel dilemme qui attend les entreprises. La solution se résume en deux mots : innovation et flexibilité.

" La rémunération variable, qui propose des bonis et des avantages non financiers, comme davantage de congés, un horaire flexible ou des programmes de formation pour le personnel, va se développer ", prévoit Jean-François Vernier, conseiller principal chez Towers Perrin.

Le salaire de base ne sera plus l'unique étalon pour se comparer à la concurrence sur le marché. " L'époque du "mur à mur" achève, prédit Jérôme Côté, conseiller principal au Groupe Hay. Des modes de rémunération tenant compte des résultats individuels vont devenir la nouvelle norme. "

Le virage est déjà pris. En 2006, 80 % des entreprises déclaraient avoir mis en place un programme de rémunération variable pour les emplois généraux. Elles sont 86 % à l'avoir fait en 2008. Il reste toutefois place à l'amélioration. La rémunération liée au rendement, qui sera une des tendances lourdes des prochaines années, reste marginale. " Actuellement, au Québec, un travailleur sur deux n'a pas d'objectifs fixés en début d'année. Il reste donc beaucoup de travail à accomplir dans ce domaine ", conclut M. Francoeur.

Un vrai défi, alors que le recrutement et la conservation de la main-d'oeuvre passent de plus en plus par la reconnaissance des talents et des compétences de chacun.

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