«L'essence même de la gestion, c'est le jugement» - Laurent Lapierre, professeur titulaire à HEC Montréal

Publié le 12/05/2012 à 00:00

«L'essence même de la gestion, c'est le jugement» - Laurent Lapierre, professeur titulaire à HEC Montréal

Publié le 12/05/2012 à 00:00

Vous dites qu'on dirige selon nos origines, nos talents et nos défauts. Que le leadership est une question de subjectivité. Qu'en est-il ?

Être un avocat noir américain ne fera pas de vous le président des États-Unis. Ce sont l'intelligence, l'ambition, le sens politique, le désir de devenir président et le goût du pouvoir qui ont fait de Barack Obama le président des États-Unis. Ce sont des caractéristiques subjectives qui font qu'on devient leader ; les qualités intellectuelles seules ne suffisent pas. Il faut la volonté et l'intelligence de l'action et dans l'action. Les émotions prennent une grande place dans le leadership. Oser penser l'impensable, y tenir de façon déterminée, c'est faire preuve d'audace et de courage.

Qu'est-ce que le leadership, comment reconnaît-on un vrai leader ?

La société a beaucoup plus besoin de bons gestionnaires, capables de diriger une unité ou une organisation, que de leaders. Il ne peut y avoir plusieurs Guy Laliberté au Cirque du Soleil. Le vrai leadership est rare. On ne peut pas se proclamer leader. Il faut agir en meneur et être suivi par une collectivité qui confirme le leadership par son adhésion et sa participation responsable au projet d'un leader. On devient un bon dirigeant ou un leader parce qu'on en a les capacités, qu'on a le goût et le besoin de les développer, parce que le désir d'exercer cette fonction est nécessaire pour soi et qu'on réussit à créer l'adhésion autour de soi. Les personnes qui deviennent leader veulent développer ce potentiel en elles. Elles observent autour d'elles, en elles-mêmes, lisent des biographies de leader pour mieux comprendre le phénomène, pour se l'approprier à leur mesure selon leur intelligence et leurs capacités naturelles qu'elles cherchent toujours à actualiser et à parfaire. Un leader est capable de courage et d'un type d'intelligence qui prend sa force dans l'action. Il sait penser librement et agir de façon autonome et audacieuse.

Peut-on l'enseigner ?

Le leadership n'est pas une science exacte et ne le sera jamais. La gestion non plus d'ailleurs. Ce qui est l'essence même de la gestion, c'est le jugement. J'ai déjà écrit que le leadership ne s'enseigne pas. Je persiste et signe. Donner des cours magistraux ou théoriques ne va jamais faire en sorte qu'une personne devienne nécessairement un leader. Si le leadership ne s'enseigne pas, par contre, il peut s'apprendre par qui en a le potentiel et le désir. Les leaders apprennent auprès de maîtres directement, ou en lisant leurs biographies, ce qui leur permet d'enrichir leur intelligence de l'action et aussi l'intelligence des personnes.

CV

Nom : Laurent Lapierre

Titre : Titulaire de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau, HEC Montréal

Laurent Lapierre a consacré les 30 dernières années à réfléchir sur la question du leadership. Il s'intéresse à l'influence de la personnalité des dirigeants sur leur leadership. Il vient de publier un livre intitulé On dirige comme on est.

50 000

Nombre d'entrepreneurs que le gouvernement du Québec compte voir se manifester (plutôt que les 30 000 escomptés) grâce à sa politique de soutien à l'entrepreneuriat, lancée en novembre dernier et qui prévoit des investissements de 450 millions de dollars sur trois ans.

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