L'avenir de CGI se jouera aux États-Unis

Publié le 09/04/2011 à 00:00, mis à jour le 16/06/2011 à 13:27

L'avenir de CGI se jouera aux États-Unis

Publié le 09/04/2011 à 00:00, mis à jour le 16/06/2011 à 13:27

Par François Normand

Le fournisseur de services en technologies de l'information CGI a pris son essor grâce aux États-Unis, et il s'appuiera surtout sur ce marché pour poursuivre sur sa lancée.

« Le marché des services en TI est tellement vaste qu'il est clair que nous n'avons pas fini de nous y développer », dit Claude Séguin, vice-président principal, développement de l'entreprise et investissements stratégiques.

Dans les services informatiques, le marché américain a douze fois la taille du marché canadien. Or, CGI réalise aux États-Unis les mêmes revenus qu'au Canada, soit 526,7 millions de dollars (M$).

« Pour avoir relativement les mêmes ventes qu'au Canada, CGI devrait vendre 12 fois plus aux États-Unis », souligne Claude Séguin. Ce qui signifierait à terme des revenus de 6,3 milliards de dollars américains (G$ US) ! D'où l'importance stratégique de ce pays pour la croissance de l'entreprise québécoise.

Aux États-Unis, la multinationale inscrite aux Bourses de Toronto (GIB.A) et de New York réalise 40 % de ses revenus dans le seul secteur gouvernemental, un marché qui connaît une croissance régulière. Le gouvernement est d'ailleurs à ce point devenu important pour CGI qu'elle a créé une filiale, CGI Federal, en Virginie, près de Washington.

Selon les estimations de Goldman Sachs, les dépenses en TI du gouvernement fédéral totaliseront à elles seules 84 G$ US en 2011. Et elles atteindront 112 G$ US en 2015, un bond de 26 %. Mais il y a une inconnue : Washington sabrera-t-il dans les TI pour réduire son déficit ?

Malgré cette incertitude, CGI s'est positionnée pour profiter de cette croissance en achetant l'américaine Stanley, en août 2010, pour 1,1 G$ US. Cette entreprise était un fournisseur de services en TI et de processus d'affaires, avec des revenus provenant à 80 % du département de la Défense et d'agences de renseignements.

CGI réalise aussi des mandats dans les services financiers, les télécommunications, les services publics, de même que dans les services de santé. Parmi ses clients figurent Microsoft, le Chicago Stock Exchange et le Los Angeles County.

L'expansion par acquisitions

Pour conclure des affaires aux États-Unis ou dans tout autre pays, CGI procède « essentiellement » par acquisitions, dit Claude Séguin. « On pourrait cogner à la porte de clients potentiels pour offrir nos services. Mais c'est plus rapide d'acheter une entreprise locale, cela nous permet d'avoir des racines et une expertise reconnue dans une région précise. »

C'est ce qu'a fait CGI en 1998 pour se lancer dans le secteur de l'assurance de risques (voiture, maison) aux États-Unis. Elle a ainsi acquis ISI Systems, une société d'Andover, au Massachusetts, pour 140 M$ US.

Même chose en 2001 pour ce qui est d'IRM Global, payée 438 M$ US. Cette entreprise était un chef de file dans les services-conseils en TI et de l'intégration de systèmes.

Cette dernière transaction a été doublement importante : elle renforçait la présence de CGI aux États-Unis et elle lui permettait de prendre pied dans d'autres pays, dont l'Inde. Non pas qu'elle ait des clients dans ce pays ou qu'elle vise à en avoir. « Nos gens là-bas exécutent des mandats pour des clients en Amérique du Nord et en Europe », dit Claude Séguin.

Exporter la méthode CGI

Une fois implantée dans un pays, CGI transpose ses façons de faire dans la société acquise, sans lui laisser de marge de manoeuvre. Dans cette industrie, les risques de faire dérailler un projet sont tellement grands que l'entreprise impose partout les mêmes normes de qualité.

Par ailleurs, pour se démarquer de la concurrence dans le monde, CGI mise sur sa capacité à respecter les coûts et l'échéancier de ses projets. « Nous pouvons le garantir dans 95 % des cas », affirme Claude Séguin.

Même si les États-Unis est son marché clé, l'Europe est aussi sur l'écran radar de CGI. « Nous pourrions y faire des acquisitions dans les prochaines années. » Le marché des services en TI dans les 27 pays de l'Union européenne est presque aussi vaste qu'aux États-Unis. Par contre, il est moins uniforme et standardisé, d'après Claude Séguin. « L'approche est différente en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France. Il faut y aller pays par pays. On ne peut pas avoir une entreprise paneuropéenne. »

LES RISQUES ENCOURUS PAR CGI

Risque de gestion

Oui

Claude Séguin, vice-président principal, développement de l'entreprise et investissements stratégiques de CGI, affirme que le principal risque à l'étranger est celui des ressources humaines. « Il faut disposer des bonnes personnes. Si une division réussit moins bien, c'est souvent à cause d'un problème de leadership. »

Risque de compétition

Oui

La prépondérance des États-Unis dans les revenus de CGI expose davantage l'entreprise à la concurrence « plus intense » dans le marché des services en TI. « CGI pourrait être sous pression pour faire des soumissions plus concurrentielles », écrivent les analystes de la banque d'affaires Goldman Sachs.

Risque politique

Oui

Comme 40 % des revenus de CGI proviennent du secteur public aux États-Unis, la société est soumise à tout changement de politiques ou de priorités budgétaires du gouvernement américain, selon les analystes de BMO Marchés des capitaux. « Nous croyons que les présents défis budgétaires pourraient mener à une croissance plus faible dans le secteur public. »

Risque géopolitique

Oui, un peu

Présente dans des pays stables, CGI ne risque pas de voir ses activités nationalisées ou ses employés victimes de violence. Par contre, l'entreprise n'est pas à l'abri de « contraintes » à l'étranger, selon Pierre Fournier, analyste à la Financière Banque Nationale. « Aux États-Unis, il peut être plus difficile de décrocher des contrats dans des domaines où la sécurité nationale est un enjeu, comme l'immigration. »

800 G$ US

Estimation, milliards de dollars américains, de la valeur du marché mondial des services de technologies de l'information. | Source : Financière Banque Nationale

L'EUROPE NE GÉNÈRE ENCORE QUE 6 % DES REVENUS

6 % Europe

47 % États-Unis

47 % Canada

125 Nombre de bureaux de CGI, situés dans 13 pays

Répartition sectorielle des revenus

Gouvernements et services de santé 46 %

Services financiers 28 %

Télécommunications et services publics 13 %

Distribution et détail 9 %

Secteur manufacturier 4 %

Source : CGI, janvier 2011

 

Dans cette série, nous décodons la stratégie internationale d'une entreprise québécoise et analysons ses risques.

Sur le Web, Les Affaires s'associe à L'actualité, Canadian Business, The Report on Business, The Economist Intelligence Unit et la banque HSBC pour offrir un site axé sur les exportations. À lire sur affairessansfrontieres.ca

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