Gagner n'est pas gouverner

Publié le 15/11/2008 à 00:00

Gagner n'est pas gouverner

Publié le 15/11/2008 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

La crise que vivent les États-Unis est la plus grave depuis la dépression de 1929. Comme l'observe Arthur Porter, professeur de gestion aux universités du Tennessee et McGill et membre du Conseil privé pour le Canada, c'est souvent dans les périodes de grande turbulence qu'on fait appel à des gens d'exception. " Cela leur donne l'occasion de briller et d'apporter des solutions nouvelles, dit-il. Dans le milieu des affaires, on peut penser à Jack Welsch, qui a transformé General Electric, ou à Lee Iacocca, qui a fait de même avec Chrysler. "

Mais les tactiques pour gagner ne sont pas les mêmes que celles pour gouverner. Et il reste à voir si ce jeune sénateur de 47 ans ayant peu d'expérience sera un bon gestionnaire.

Scott DeRue, professeur de leadership à l'Université du Michigan, souligne que le style de leadership du président désigné n'est pas sans risque.

" On sait que Barack Obama consulte beaucoup et qu'il s'appuie sur un style collaboratif. Mais comment agira-t-il lorsqu'il devra trancher ou prendre une décision rapidement et qu'il n'aura pas le temps de consulter tous ses experts ? Seul l'avenir le dira. " Selon M. DeRue, le manque d'expérience de Barack Obama n'est pas en soi un handicap, mais il subsiste une incertitude quant à sa capacité de décider par lui-même.

Du pain sur la planche

M. DeRue a étudié le leadership de plusieurs présidents américains. Selon lui, le style de Barack Obama sera différent de celui de Bill Clinton. " Bill Clinton consultait beaucoup, mais il se mêlait aussi beaucoup des détails. Or, M. Obama ne s'intéresse pas aux détails. Il réunit ses conseillers, leur donne une direction et une vision claires, puis il quitte la pièce. " Quant à George W. Bush, il décide de façon instinctive et les problèmes surviennent lorsqu'il n'a pas entendu toutes les présentations de ses conseillers.

Chose certaine, Barack Obama a du pain sur la planche et il le sait. Il l'a même reconnu dans son discours du 4 novembre, lorsqu'il a dit qu'il faudrait probablement plus qu'un mandat (de quatre ans) pour sortir le pays du marasme. Laurent Lapierre, titulaire de la Chaire Pierre-Péladeau de leadership de HEC Montréal, rappelle que c'est le même genre de propos qu'a tenus Winston Churchill au début de la Deuxième Guerre mondiale : " L'imagination, l'audace et des façons nouvelles ou révolutionnaires de gérer vont inévitablement apporter sang, sueur et larmes ", avait-il dit.

Les ennemis de Barack Obama ne manqueront pas de le lui répéter. " Mais le leadership, c'est aussi la gestion saine de ses adversaire, sinon de ses ennemis, réels ou imaginaires, si on ne veut pas tomber dans la paranoïa. "

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