Des cas d'intégration réussie

Publié le 28/04/2012 à 00:00, mis à jour le 26/04/2012 à 14:24

Des cas d'intégration réussie

Publié le 28/04/2012 à 00:00, mis à jour le 26/04/2012 à 14:24

La Société de transport de Montréal est aux premières loges du débat sur l'intégration des immigrants à la société québécoise. En fait, elle le vit comme le syndrome des saucisses Hygrade (plus de gens en mangent parce qu'elles sont plus fraîches, et elles sont plus sont fraîches parce que plus de gens en mangent).

Dans son cas, ce serait plutôt : le Québec est de plus en plus diversifié, la clientèle l'est également, et l'effectif doit refléter cette diversité ; il faut engager des gens à qui cette clientèle peut s'identifier, car les chances seront meilleures d'accroître la fréquentation, la clientèle étant composée de gens de plus en plus diversifiés...

De là l'importance de bien gérer un personnel de plus en plus multidimensionnel. Et le directeur général de la STM, Yves Devin, n'est pas peu fier des résultats.

«Vous vous rappelez tout le débat sur les accommodements raisonnables ? Nous engageons des centaines de nouveaux Québécois par année, de toutes les origines et de toutes les religions. Et nous n'avons jamais eu d'incidents. Par exemple, les employés musulmans ont besoin de temps pour leurs prières. Nous avons réussi à trouver des compromis sans nuire au service à la clientèle. Avec 1 300 000 déplacements par année (autobus et métro), il faut que ça roule...»

Un véritable tremblement de terre

Pour y parvenir, la STM s'est dotée depuis trois ans d'une direction Diversité et respect de la personne. Diane Nobert en est la conseillère auprès des gestionnaires pour le coaching et le mentorat. Son défi n'est pas mince. L'organisation est à la veille de vivre un véritable tremblement de terre. Elle devra remplacer 56 % de son effectif - 9 200 personnes - au cours des cinq prochaines années.

«À Montréal, le transport en commun a explosé dans les années 1960 avec l'Expo, puis la préparation des Jeux olympiques. Des milliers de gens ont été embauchés à cette époque, et ils s'apprêtent à prendre leur retraite. Il va falloir renouveler la force de travail. Nous y sommes.»

Le bassin de recrutement, c'est la population de Montréal. La STM s'est donné comme mandat de faire écho à toute la diversité de cette population : à l'égard de celle qui concerne les genres, à l'égard des générations, puis en tenant compte des personnes handicapées... et aussi, naturellement, des cultures.

«Déjà, 13 % de notre effectif provient de minorités visibles, souligne Diane Nobert, et cette proportion est en hausse. Il s'agit maintenant d'aider les gestionnaires à s'adapter à cette évolution.»

Vingt employés, 18 nationalités

Une grande organisation peut décider d'affecter les ressources nécessaires à la gestion de la diversité. Pour une PME, c'est plus difficile. Il faut d'abord que la direction soit sensible au phénomène.

Jean-Marc Vincent, lui, nage en pleine diversité. Il dirige la division Projets stratégiques et développement des marchés chez LRDG, une PME montréalaise qui met au point des solutions logicielles pour l'apprentissage à distance d'une langue seconde, le français ou l'anglais. Il est lui-même d'origine française alors que sa femme est japonaise...

«Nous voulions trouver un milieu multiculturel où nos enfants pourraient s'épanouir. Notre choix du Québec s'est avéré une réussite», dit-il. Ce multiculturalisme, il le vit intensément sur son lieu de travail, à l'image de ce que l'on retrouve souvent dans les PME des technologies de l'information.

En plus des quelque 50 contractuels avec qui la firme travaille, LRDG compte une vingtaine d'employés permanents, qui représentent 18 nationalités différentes !

«En TI, il nous faut des gens compétents et habiles, peu importe d'où ils viennent, dit-il. En retour, le chef d'entreprise doit être patient et tâcher de s'adapter aux particularités des travailleurs. Dans ce contexte, il n'y a pas de modèle absolu.» Il reconnaît le caractère déterminant de la première expérience de travail pour un immigrant, qui procure de meilleures assises dans sa société d'adoption et facilite toute la suite de l'apprentissage.

Un comité d'employés latinos

On comprend qu'une PME a l'avantage de la souplesse, mais qu'elle ne peut se reposer sur des structures bien établies comme celles qu'on retrouve dans une grande entreprise. Pourtant, même lorsque des politiques formelles existent en regard de la diversité de la main-d'oeuvre, c'est souvent le leadership d'un dirigeant qui paraît concluant, encore plus que les structures.

À la Banque Scotia, Pierre Michaud est le vice-président pour le district de Montréal, pour l'Ouest-de-l'Île et la Rive-Nord. Au cours de sa carrière à la banque, il a notamment travaillé au Pérou, au Costa Rica et au Salvador, ce qui lui donne une sensibilité particulière au milieu latino-américain. Il est d'ailleurs membre de la Chambre de commerce latino-américaine du Québec et se dit heureux que la Scotia ait mis sur pied un comité d'employés latinos, de plus en plus nombreux au sein de l'institution, «ce qui reflète simplement leur présence grandissante au Québec», dit-il.

Cette ouverture d'esprit est en accord avec ses principes et aide aux affaires : «Nous sommes bien perçus dans la communauté et à l'extérieur. D'autant plus que le monde des services financiers doit lui aussi être au diapason de sa clientèle. Je ne pourrais pas imaginer qu'une grande entreprise puisse ignorer le phénomène de la diversité. Et ce n'est pas une tâche supplémentaire que d'y veiller. Nous allons nous le faire rendre au centuple.»

L'IMMIGRATION AU QUÉBEC EN CHIFFRES

2007 45 201

2008 45 198

200949 488

201053 982

2011 51 737

Allophones

81,9 %

Pourcentage des immigrants admis au Québec de 2007 à 2011, dont la langue maternelle n'était ni le français ni l'anglais.

OÙ SE SONT-ILS INSTALLÉS ? (DE 2007 À 2011)

Montréal 72,1 %

Montérégie 7,9 %

Laval 5,5 %

Québec 4,5 %

Estrie 2,2 %

Outaouais 2,7 %

Autres 5,1 %

21,4 %

Pourcentage d'immigrants venus d'Afrique du Nord au cours des cinq dernières années. Il s'agit du plus fort contingent avec 21 655 Marocains et 20 664 Algériens.

1 Données préliminaires pour 2011. Source : Ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles

«En TI, il nous faut des gens compétents et habiles, peu importe d'où ils viennent.» Jean-Marc Vincent, de LRDG dont les employés sont issus de 18 nationalités différentes

245 606 Nombre d'immigrants admis au Québec, de 2007 à 2011. | Source : Ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles

RENÉ.VÉZINA@TC.TC

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