Controverses énergétiques

Publié le 26/02/2011 à 00:00

Controverses énergétiques

Publié le 26/02/2011 à 00:00

Exit, les barrages à grands réservoirs sur l'Amazone. Près de Porto Velho, en plein milieu de la jungle, le gouvernement brésilien inaugure une nouvelle ère dans le développement électrique du pays.

Sur l'énorme rivière Madeira, il fait construire les deux plus grandes centrales hydroélectriques au fil de l'eau du Brésil, les deuxième et troisième plus grandes du monde, Santo Antônio et Jirau. Le gouvernement présente les dimensions de ces réservoirs comme relativement " modestes ". Au total, les deux feront tout de même 573 kilomètres carrés (km2), ce qui comprend le lit d'origine de la rivière.

Les centrales de la rivière Madeira ne sont qu'un avant-goût. Le Brésil a autorisé la construction de la troisième plus grande centrale hydroélectrique du monde, à Belo Monte, dans l'État du Pará. Plus de 11 000 mégawatts; 520 km2 de forêt noyée. Les travaux entraîneront le déplacement de 10 000 personnes, selon Eletrobras, la société nationale d'énergie qui dirige le consortium constructeur... ou jusqu'à 40 000 personnes, selon les opposants.

Ces derniers reprochent au gouvernement et aux constructeurs de détruire de vastes zones de forêt et de déplacer des populations contre leur gré.

Plus petites et moins polluantes

Les projets hydroélectriques d'aujourd'hui sont pourtant beaucoup moins destructeurs que ceux des années 1970 et 80. Par exemple, le barrage Balbina, dans l'État d'Amazonas, est doté d'un réservoir de 2 360 km2. Il a noyé près de cinq fois plus de forêt que le réservoir projeté pour Belo Monte, pour une puissance... 45 fois moindre.

Comme les réservoirs transforment la biomasse noyée en méthane, les projets actuels sont aussi beaucoup moins polluants que les vieux barrages. La centrale Balbina, par exemple, produit deux fois plus de gaz à effet de serre qu'une centrale au charbon, selon l'Instituto Nacional de Pesquisas da Amazônia !

En arrêtant de bâtir ce genre de centrales à grands réservoirs, le Brésil doit se contenter de projets moins productifs. La centrale de Santo Antônio, par exemple, aurait pu être trois fois plus puissante. " Mais la taille du réservoir passerait de 271 à 1 600 km2 ! " dit José Bonifácio Pinto Junior, directeur général du chantier pour le plus grand constructeur brésilien Odebrecht, chargé du projet.

Le Brésil se prive aussi de capacités de stockage d'énergie. Sans réservoir, les turbines tournent au ralenti en période sèche.

Pour compenser, Brasilia a décidé de redémarrer son programme de réacteurs nucléaires. Nouvelle controverse : les débats sur la sécurité des installations et la gestion des déchets font rage. Les réacteurs nucléaires ont toutefois l'avantage de produire une énergie constante, contrairement aux centrales au fil de l'eau. À condition, bien sûr, qu'ils finissent par démarrer. La construction du dernier réacteur, Angra II, commencée en 1981, s'est terminée en... 2000.

5,3 % Hausse annuelle de la consommation d'électricité prévue au Brésil d'ici 2019. Au Québec, la croissance de la consommation d'ici 2020 sera de seulement 0,7 % par an. Sources : Ministério de Minas e Energia, Hydro-Québec

DES RÉSERVOIRS RELATIVEMENT MODESTES

Centrales / Puissance (MW) / Grandeur du réservoir (km2) / km2 par MW

BRÉSIL

Santo Antônio et Jirau (en construction)/ 6 450 / 574 / 0,08

Belo Monte (projetée) / 11 233 / 520 / 0,05

QUÉBEC

Robert-Bourassa (LG2, Baie-James) / 5 616 / 2 815 / 0,50

La Romaine (4 centrales en construction) / 1 550 / 279 / 0,18

Sources : Santo Antônio, Energia Sustentável do Brasil, Hydro-Québec

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