Contrer la maladie chez les porcelets

Publié le 04/09/2010 à 00:00

Contrer la maladie chez les porcelets

Publié le 04/09/2010 à 00:00

En 2005, Prevtec microbia était encore un projet de laboratoire. Ses fondateurs, John Fairbrother et Éric Nadeau, deux vétérinaires de formation et professeurs-chercheurs de l'Université de Montréal, ne se doutaient pas encore que la mise au point de leur vaccin mènerait à la création d'une des entreprises de biotechnologie les plus prometteuses du pays.

Cinq ans plus tard, après avoir amorcé la commercialisation de son vaccin dans le reste du Canada, la petite entreprise de Saint-Hyacinthe lorgne déjà les États-Unis et le Brésil, où le Coliprotec est en processus d'homologation. L'Europe, en particulier la France, l'Allemagne et l'Espagne, est aussi dans la mire.

" Nous visons, d'ici cinq ans, à être présent dans 12 pays répartis sur trois continents, avec quatre produits ", souligne Michel Fortin, président et chef de la direction de l'entreprise. Il précise que l'entreprise doit obtenir l'homologation du vaccin dans chacun des pays ciblés.

Un laboratoire de référence

Prevtec microbia est une entreprise créée par essaimage du Laboratoire de référence pour l'Escherichia coli de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal. Fondé en 1981 par le réputé professeur John Fairbrother, qui y travaille toujours, le Laboratoire se spécialise dans l'étude des E. coli pathogènes affectant la santé des animaux.

Au tournant des années 2000, des vétérinaires cognent aux portes du Laboratoire pour trouver une solution à un problème en devenir : la diarrhée, dont sont généralement victimes les porcelets au cours des deux premières semaines qui suivent leur sevrage, est en recrudescence. Cette maladie peut retarder la croissance des animaux et entraîner de la mortalité dans les troupeaux affectés. " L'industrie porcine s'inquiétait de cette infection qui existait déjà, mais qui commençait à prendre de l'ampleur ", dit M. Nadeau.

Subventions et capital de risque

Le Laboratoire, spécialisé davantage dans la recherche fondamentale, se met en mode appliqué pour répondre aux besoins de l'industrie. Des subventions de recherche, glanées ici et là, lui permettent d'amorcer les études qui mèneront, en 2005, à la découverte d'un vaccin.

L'innocuité du produit a été testée dans une étude effectuée dans des fermes porcines situées dans trois provinces canadiennes. Le Coliprotec a été homologué par l'Agence canadienne d'inspection des aliments en 2007. " Avant le Coliprotec, il n'existait aucun autre produit vraiment efficace pour prévenir ou traiter cette maladie, à l'exception des antibiotiques. Mais l'augmentation de la résistance des bactéries réduit leur efficacité ", explique Éric Nadeau.

Les deux chercheurs font face à un choix : vendre la licence à une pharmaceutique ou lancer leur entreprise. " Nous en avons beaucoup discuté, John et moi. Lui voulait rester à l'université, tandis que j'étais prêt à faire le saut ", souligne Éric Nadeau, vice-président aux affaires scientifiques, qui se consacre aujourd'hui entièrement à Prevtec. Son collègue est devenu actionnaire de l'entreprise et contribue toujours au développement des activités de l'entreprise à titre de président du comité scientifique.

Le Coliprotec est le premier vaccin vivant destiné à la production animale entièrement développé, homologué et fabriqué au Canada. Prevtec peut compter sur un nouveau centre de R-D, inauguré il y a moins d'un an dans la Cité de la biotechnologie agroalimentaire, vétérinaire et agroenvironnementale de Saint-Hyacinthe. Prevtec compte 10 employés dont la moitié travaille aux activités de R-D.

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