Comment dépenser sa richesse pour maximiser son bonheur

Publié le 19/10/2013 à 00:00

Comment dépenser sa richesse pour maximiser son bonheur

Publié le 19/10/2013 à 00:00

L'investisseur passe une grande partie de sa vie à accumuler le capital qui lui permettra de vivre la retraite rêvée, mais rarement parle-t-on des façons de dépenser celui-ci d'une manière optimale afin de maximiser son bonheur à long terme. Il est possible d'améliorer sa vie en dépensant mieux son argent, écrit notre chroniqueur Bernard Mooney.

Lorsque vous investissez, votre objectif est de faire de l'argent. Toutefois, il ne s'agit pas là d'une finalité. Une fois la richesse acquise, le problème épineux de la façon de la dépenser se pose grandement.

Or, 99 % de toute l'information que vous lisez est consacrée à la gestion de l'argent pour le faire fructifier, le protéger de l'inflation et du fisc. Rarement, pour ne pas dire jamais, traite-t-on des moyens ou des façons de dépenser de façon optimale votre capital.

Je ne parle pas ici de l'information visant à mieux consommer (acheter le meilleur frigo ou l'auto qui convient à vos besoins, par exemple), mais bien de celle qui peut vous guider à dépenser pour maximiser votre bonheur à long terme.

«L'argent ne fait pas le bonheur» est un dicton usé à la corde, vous en conviendrez. Toutefois, malgré sa superficialité, il contient un grain de vérité, si on se fie aux résultats des recherches menées sur le sujet. Par exemple, les gens qui gagnent 55 000 $ par an ne sont pas deux fois plus heureux que ceux dont le revenu annuel est de 25 000 $.

Aux États-Unis, une fois que vous avez atteint le seuil annuel de 75 000 $ de revenus, faire plus d'argent n'a aucune influence sur le bonheur quotidien.

Ce constat à lui seul devrait faire réfléchir bien des gens quand on connaît les efforts qu'ils font pour gagner plus.

Au lieu de chercher à gagner plus, on devrait plutôt viser à améliorer sa vie et à être plus heureux en dépensant mieux son argent.

L'idée générale

Il y a quatre grands principes pour mieux dépenser : acheter des expériences au lieu des objets, créer la rareté, acheter du temps et investir dans les autres. Ces principes ne sont que de grands thèmes sur lesquels il faut réfléchir et non des dogmes que vous devez suivre aveuglément.

L'idée derrière ces principes est de développer le réflexe de vous demander ceci : est-ce que je dépense mon argent de façon à me procurer le plus de bonheur possible ? Et arriver à une réponse personnelle, adaptée à sa situation.

Comme un investisseur le fait, ce pourrait être une bonne idée de calculer son return on happiness (ROH), le rendement en bonheur de ses principales dépenses...

Sans prétendre qu'on peut tout réduire à un chiffre, on peut tenter de visualiser ses dépenses avec comme point de référence l'unité de bonheur par dollar dépensé. Autrement dit, qu'est-ce qui me procure le plus de bonheur par dollar, la dépense A ou l'achat B ?

1 Privilégier les expériences aux dépens des objets

Le premier principe pour mieux dépenser votre capital, et le plus important, selon moi, est d'acheter des expériences au lieu de biens matériels.

Nombreuses sont les personnes qui achètent la plus grande maison qu'ils peuvent se permettre et souvent plus encore. Pourquoi ? Les raisons sont multiples : culturelles, sociales, familiales, etc. Pourtant, il n'y a aucune preuve qu'acheter une maison augmente le bonheur, bien au contraire.

La raison pour laquelle votre maison ne vous rendra pas plus heureux est la même que celle qui est liée à l'achat de n'importe quel bidule. Après le plaisir immédiat suivant l'acquisition, nous nous habituons et tenons le nouvel objet pour acquis. C'est vrai pour le logis comme pour l'auto sport ou le téléviseur HD de 120 000 pouces !

L'autre grand désavantage des choses achetées, c'est qu'on trouve rapidement mieux, plus gros et plus coûteux ailleurs. Si c'était là votre motivation première pour acheter, le plaisir initial ferait rapidement place à la déception.

«Les choses nous rendent heureux jusqu'à ce que nous découvrions qu'il en existe de meilleures», écrivent Elizabeth Dunn et Michael Norton dans leur excellent livre Happy Money, publié aux éditions Simon & Schuster. Vous retrouverez dans ce livre une grande partie des principes décrits ici et plus encore.

C'est une tout autre dynamique lorsque vous achetez une expérience comme un voyage. Par exemple, au lieu d'acheter une nouvelle auto, vous choisissez de dépenser 20 000 $ pour amener toute la famille en voyage pendant trois semaines au Costa Rica. Vous faites le voyage et, au retour, vous êtes plus pauvre de 20 000 $. Pire, vous n'avez rien de concret pour votre argent !

Pourtant, toutes les recherches démontrent que, si vous mesurez le bonheur après coup, votre voyage sera le meilleur placement de votre vie, mesuré en unité de bonheur par dollar dépensé.

Tout simplement parce que vous aurez des souvenirs précieux pour le reste de votre vie, ce qu'aucun gadget au monde ne peut vous procurer.

Acheter des expériences a aussi souvent l'avantage de procurer un plus grand bonheur avant de les vivre. En effet, pour reprendre l'exemple du voyage, une grande partie du plaisir provient des moments passés à le préparer. Et à l'anticiper.

La nature humaine est telle que l'anticipation d'un événement peut être une plus grande source de bonheur que l'événement lui-même.

Les expériences ne se limitent pas qu'aux voyages, mais bien à toutes celles dont vous vous souviendrez longtemps. Ce peut être ce souper à tel restaurant célèbre et si cher (comme le légendaire El Bulli), un pèlerinage (Compostelle vient en tête), une tournée nord-américaine des stades de baseball, une visite à Walt Disney avec ses petits-enfants, une place dans la première rangée d'un spectacle donné par votre idole, etc.

Si vous sondez les gens à l'automne ou à l'hiver de leur vie, vous verrez qu'ils regrettent le plus d'avoir privilégié l'achat de biens matériels aux dépens d'achat d'expériences.

2 Créer la rareté

Lorsqu'on est riche, le problème est qu'on n'apprécie plus ce qu'on a. «L'abondance est l'ennemi de l'appréciation», observent Mme Dunn et M. Norton. Et ce n'est pas seulement vrai chez les enfants devenus ce qu'on appelle des bébés gâtés. C'est la nature humaine à l'oeuvre.

Plus nous sommes exposés à quelque chose, plus son impact diminue au point de disparaître.

Si vous voulez retrouver l'extase de manger du chocolat, cessez d'en manger pendant un certain temps !

Je parlais plus tôt de voyage. Rappelez-vous l'excitation ressentie lors de votre premier voyage en avion... Comparez-la à votre réaction aujourd'hui lorsque vous voyagez. Si vous êtes comme bien des lecteurs qui voyagent souvent, le plaisir du voyage a diminué, ses aspects négatifs ayant remplacé l'excitation, voire l'exubérance initiale.

Il est démontré que, plus les gens voyagent, moins ils savourent chaque périple.

Le remède est simple, mais sera peu populaire. Imposez-vous un moratoire d'un an, même de deux ans sur tout voyage. Vous verrez qu'une fois ce moratoire levé, vous apprécierez davantage votre prochain voyage.

C'est vrai pour tous les aspects de la vie quotidienne. Les gens fortunés sont habitués à voyager en première classe, à manger dans les meilleurs restaurants, à s'habiller aux meilleures adresses, etc. Le résultat, c'est qu'ils tiennent tout cela pour acquis et n'apprécient plus rien.

Une façon de retrouver une partie du plaisir que devrait provoquer ce luxe est de le perdre de façon temporaire. Et cela comporte l'avantage supplémentaire de faire prendre conscience que vous pourriez bien finir par tout perdre. Constatation qui, en soi, pourrait décupler votre appréciation.

Il est donc important de se rappeler qu'il n'y a pas seulement la consommation d'un produit ou d'un service qui peut procurer du plaisir. Il y a l'anticipation de cette consommation ; et si on remet celle-ci à plus tard, on prolonge ce plaisir.

3 Acheter du temps

Dans Happy Money, les auteurs mentionnent que les gens riches ne passent pas leur temps à faire au quotidien plus de choses agréables que l'ensemble de la population. C'est ce que révèlent des études récentes sur le sujet. Lorsque j'ai lu cela, je n'en croyais pas mes yeux.

À quoi sert d'accumuler de l'argent, si cette richesse ne vous permet pas de faire davantage ce que vous aimez dans la vie ?

Si je peux me permettre, je vais prendre mon exemple personnel. Dès que j'en ai eu les moyens, je me suis empressé de payer pour faire tondre le gazon, tâche ennuyeuse au possible, de façon à passer plus de temps à faire ce que j'aimais vraiment. Cela me semblait la meilleure utilisation de mon pécule.

J'aime mieux avoir moins d'argent à la fin de l'année, mais accorder plus de temps aux choses agréables.

Cette constatation a eu une autre conséquence. Elle m'a fait remettre en cause la vieille idée que «le temps est de l'argent». Initialement, je croyais que payer 20 $ l'heure pour faire faire des travaux était «rentable» si j'utilisais ce temps pour gagner plus dans le même laps de temps. Par exemple, si au lieu de prendre 10 heures pour peindre mon appartement, je paie 200 $ pour faire faire les travaux en me disant que je vais utiliser cette période pour gagner 500 $, je fais un bon coup.

La mathématique est exacte, mais elle ne donne qu'une partie de la réponse.

En effet, certaines choses n'ont pas de prix ou, plus précisément, on ne devrait pas leur attribuer de valeur monétaire.

Par exemple, pendant qu'on s'occupe de mon gazon, j'en profite, à 55 ans, pour lire un roman uniquement pour le plaisir. Dans ce sens, le temps n'est pas de l'argent, c'est une occasion de me faire plaisir.

Acheter du temps a une autre signification stratégique intimement liée au bonheur. Les recherches montrent en effet que demeurer près de son travail est associé à une plus grande appréciation de la vie.

Dans ce sens, je crois qu'acheter du temps devrait signifier d'écourter les trajets pour aller et revenir du travail. Autrement dit, il est rationnel d'utiliser son argent pour organiser sa vie de façon à en passer une plus petite partie possible sur les routes.

Gérer son temps est ainsi essentiel au bonheur, et le concept de gestion dépasse la simple optimisation de son agenda. Il est certes important d'être efficace avec son temps, mais il faut aller plus loin et inclure votre façon de dépenser et ses conséquences sur votre temps. En effet, vous devez avoir du temps libre pour pouvoir jouir de vos biens. Or, si vous achetez et achetez encore, vous vous condamnez à devoir travailler plus fort et plus longtemps pour régler vos factures, vous privant de temps, soit la chose que vous devez avoir pour en profiter vraiment.

Ce cercle vicieux est le piège classique de la vie moderne. Faire passer le temps avant l'argent pourrait changer votre vie pour le mieux. Il devient ainsi impératif de prendre l'habitude de se demander comment chaque achat influera sur votre temps. Par exemple, ce n'est pas parce que vous en avez les moyens que vous devez acheter un chalet. Si vous n'avez pas le temps d'y aller ou si avoir un chalet grèvera votre temps déjà fort rare, il est peut-être préférable d'en louer un à l'occasion.

4 Dépenser pour d'autres : donner

Enfin, le dernier principe ne vous surprendra pas. Les recherches démontrent que dépenser pour d'autres rend plus heureux que de le faire pour soi. C'est une autre façon de parler de ce qu'on appelle le plus souvent la philanthropie.

C'est très différent de tout ce qu'on a traité jusqu'à maintenant, car on ne peut pas vraiment parler de dépenser. Investir dans d'autres personnes serait une meilleure description. De plus, contrairement aux autres dimensions, il ne s'agit pas de dépenser pour soi, mais pour d'autres et sans rien attendre en retour.

Et c'est là qu'on entre dans la subtilité. En effet, donner rend plus heureux que dépenser. Mais la clé et l'ironie sont que, pour en récolter le plus de bonheur, il faut le faire sans avoir aucune attente quant au rendement de l'investissement.

Autrement dit, si vous donnez (ce peut être de l'argent, du temps, des choses, etc.) avec le but précis d'en retirer du bonheur, votre comportement frise la mesquinerie et vous n'en ressortirez pas plus heureux.

Par contre, si vous donnez sans rien attendre en retour, alors vous ouvrez toutes grandes les portes du bonheur.

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