À la recherche du modèle stratégique qui sauvera l'industrie

Publié le 21/03/2009 à 00:00

À la recherche du modèle stratégique qui sauvera l'industrie

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Menacée par la concurrence des pays émergents, l'industrie des biopharmaceutiques au Québec est en outre aux prises avec de graves problèmes de financement. Or, vu la nature de ses activités, elle a besoin de beaucoup de capitaux.

Développer un médicament coûte extrêmement cher et comporte des risques élevés. "Depuis quelques années, il est devenu très difficile de démarrer de nouvelles entreprises en sciences de la vie au Québec, explique Diane Gosselin, vice-présidente, recherche et développement des affaires du Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM). Le modèle classique visant à créer une nouvelle entreprise à partir d'une découverte universitaire est remis en question. Or, il s'agissait du principal moyen de valoriser l'innovation, un des avantages distinctifs de l'industrie au Québec."

La province compte pour 45 % du secteur du développements de médicaments au pays. Et l'industrie biopharmaceutique est au coeur de la grappe des sciences de la vie, qui compte, dans la région montréalaise seulement, plus de 620 organisations, dont quelque 150 organismes de recherche et 80 filiales d'entreprises étrangères. Au total, elle emploie plus de 40 000 personnes, selon les données de Montréal InVivo. Il s'agit d'emplois de haut niveau, en général. "Chez Theratechnologies, nous avons une centaine d'employés parmi lesquels environ la moitié ont une maîtrise, un doctorat ou un postdoctorat, explique Yves Rosconi, président et chef de la direction. Notre salaire moyen est de 89 000 $. J'imagine que c'est assez similaire dans les autres entreprises."

L'industrie biopharmaceutique est concentrée à Montréal. "Une caractéristique de la métropole, et qui la rend intéressante par rapport aux autres grandes régions, est le fait que le développement d'un produit peut se faire à partir de la

recherche pure jusqu'à la commercialisation", dit Michelle Savoie, de Montréal InVivo.

"Pour qu'une grappe industrielle en sciences de la vie soit efficace, il y a des composantes qui sont essentielles, ajoute le Dr Bernard Prigent, directeur médical de Pfizer Canada. Il faut des laboratoires de recherche fondamentale, des institutions hospitalières avec des leaders actifs dans le milieu de la recherche, et de plus, on doit pouvoir compter sur la présence des grandes pharmas ainsi que de biotechs. Montréal est un des rares endroits au monde à combiner tous ces éléments."

Miser sur la complémentarité

Toutefois, même si tous les ingrédients sont en place pour que l'industrie biopharmaceutique continue de prospérer au Québec, le premier pas pour lui assurer de conserver une place importante sur l'échiquier mondial est celui de la concertation. "Il faut profiter des complémentarités entre les différents intervenants et créer des synergies de façon à mobiliser l'ensemble de l'industrie autour des enjeux liés au développement du médicament, poursuit Mme Gosselin. Afin de faire face à une compétition internationale qui est de mieux en mieux structurée, le Québec doit orienter la recherche universitaire vers les besoins cliniques."

De plus, il importe de concentrer les efforts de développement dans les domaines où l'expertise des chercheurs d'ici est déjà reconnue. "Nous avons de grandes forces, au chapitre du cancer, des maladies neurologiques, de la cardiologie, du diabète et des maladies du métabolisme, de la douleur, des désordres musculosquelettiques et de la pharmacogénomique", explique le Dr Vassilios Papadopoulos, directeur de la recherche au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Si le CQDM vise à permettre une plus grande concertation entre le monde de la recherche pure et l'industrie, il reste toutefois à développer de nouvelles structures et de nouveaux modèles pour remplacer la formule traditionnelle de la biotech qui pourrait bientôt devenir une espèce en voie de disparition au Québec.

Et il faut faire vite, parce que la situation mondiale de cette industrie change à très grande vitesse. Pendant le temps qu'il a fallu pour préparer cet article, Pfizer a annoncé l'acquisition de Wyeth, Merck a acquis Schering-Plough, et ViroChem - une importante biotech québécoise - a été achetée par le groupe américain Vertex Pharmaceuticals contre plus de 500 millions de dollars canadiens.

"Nous devons faire des choix : est-ce qu'on veut continuer d'être un pays exportateur ou est-ce qu'on veut vraiment prendre le virage de l'économie du savoir ?" Cette question, c'est Paul Lévesque, président et chef de la direction de Pfizer Canada qui la pose. "Au Canada, on attire 1 milliard de dollars sur les 100 milliards dépensés annuellement en recherche privée dans le secteur biopharmaceutique, ajoute-t-il. Des pays comme le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Argentine et plusieurs autres veulent aussi leur part du marché."

dossiers@transcontinental.ca

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