Les déclarations de Jacques Duchesneau sur les médias ont provoqué les inquiétudes de la Fédération professionnelle des journalistes qui lui demande de préciser ses allégations, qu'on pourrait résumer ainsi : lorsque vous lisez ou voyez une nouvelle, demandez-vous qui a intérêt à cette publication, d'où proviennent les informations, bref lisez avec un grain de sel et chercher à qui non pas le crime, mais l'information profite. On verra bien si M. Duchesneau devient plus précis dans ses dénonciations, mais on peut dores et déjà supposer que non.
C'est la faute aux médias est sans doute la phrase la plus fréquemment utilisée pour imputer à nos médias tous nos maux : comme leur influence est indéniable, on les accuse d'être irresponsables et de montrer des comportements néfastes, de mal interpréter la réalité, de déformer les faits, de faire le jeu d'un groupe ou d'un autre, de bloquer des projets, d'être toujours négatifs, de ne pas nous sensibiliser aux bonnes causes.
Le paradoxe auquel cela nous conduit, c'est de critiquer les médias pour la piètre qualité de leur travail, tout en les utilisant comme principale fenêtre de ce qui se passe dans le monde. Je pense que M. Duchesneau a simplement voulu nous inviter à un peu plus de circonspection dans notre lecture des médias. Dans certains, cas, la source de l'information est évidente - la publication d'une étude sur le sous-financement d'une activité au moment où une commission parlementaire s'ouvre sur le même sujet. Mais souvent, la recherche de la nouvelle et l'exclusivité d'une information conduit des journalistes à se faire manipuler sans vraiment s'en rendre compte. De là à en faire des complices du crime organisé, il y a toute une marche.
