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Le télétravail pour tous en tout temps, non merci

Catherine Charron|Publié le 11 avril 2022

Le télétravail pour tous en tout temps, non merci

Patrice Groleau, le dirigeant des agences McGill immobilier et d’Engels & Völkers Montréal et Québec, est convaincu qu’une boîte comme la sienne ne peut passer son temps à distance et demeurer tout autant productive. (Photo: courtoisie)

RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.


Chaque lundi, et ce jusqu’en mai, la rubrique RHéveil-matin vous propose de découvrir comment se passe (ou pas) le retour au bureau un peu partout dans la province.

RHÉVEIL-MATIN. Patrice Groleau, le dirigeant des agences McGill immobilier et d’Engels & Völkers Montréal et Québec, est catégorique: le télétravail, déployé à grande échelle, n’est pas viable à long terme.

Concédant que les deux dernières années ont permis d’apprivoiser de nouveaux outils qui — avec parcimonie et dans de situations bien précises — ont de réels avantages, le diplômé en gestion des ressources humaines est convaincu qu’une boîte comme la sienne ne peut passer son temps à distance et demeurer tout autant productive.

Le patron a d’ailleurs remarqué une baisse de la performance de son équipe, et une montée du nombre d’erreurs dans l’exécution des tâches qu’il n’avait jamais observées avant l’adoption forcée du télétravail à temps plein.

En plus des abus que peuvent en faire certains travailleurs — dont il a été témoin ou dont il a eu vent — et des effets pervers que cette pratique aura à long terme sur la progression professionnelle, la qualité du service offert peut aussi souffrir du manque d’affiliation d’un employé à son organisation à cause de la distance, croit Patrice Groleau, car la culture d’entreprise se véhicule moins bien depuis un écran.

 

Le présentiel et ses vertus

Ce qui rend son équipe si soudée, selon lui, ce sont justement ces contacts humains, les échanges et les conversations sur le bord de la machine à café, les verres pris entre collègues après une longue journée ou les parties de hockey auxquels ils ont assisté ensemble. Une multitude d’activités dont ils ne peuvent profiter des bénéfices à distance.

«Certains participent moins à nos activités, et on le sent, qu’ils ont moins cet “effet collègue”. On ne pourrait pas avoir une agence complète composée que de courtiers qui ne s’y sentent pas liés, il n’y aurait pas ce sentiment d’appartenance», indique-t-il en entrevue avec Les Affaires.

C’est pourquoi l’ensemble de ses salariés a été rappelé au bureau, sauf en de rares occasions. La nouvelle n’a toutefois pas fait que des heureux.

«On a dû mettre des gens dehors, notamment dans les projets immobiliers. […] Évidemment, pendant le confinement, quand tout était légalement fermé, on faisait des visites à distance, en Zoom, et certains y ont pris goût à ne pas se déplacer, explique l’employeur. Ça fait pourtant partie de la description de tâche d’être physiquement dans le condo modèle, dans l’environnement physique sur le site. […] Et si tu fais ça en télétravail, tu n’auras pas la même valeur ajoutée.»

Il préfère plutôt miser sur la flexibilité au niveau des horaires, permettant par exemple de prendre la route en dehors des heures de pointe, ou encore offrir de bosser de la maison à l’occasion, si la personne a «prouvé son intégrité professionnelle. Puis on négocie au cas par cas.»

Mais la plupart de ses collègues sont avides de retourner au boulot, précise-t-il, en manque de cette ambiance, de cet environnement qui explique que certains ont passé les vingt dernières années au sein de son équipe. «Nos programmeurs qui peuvent très bien travailler de chez eux demandent à revenir au bureau, car ils s’ennuient depuis leur domicile».

 

Nouvelle migration

Et Patrice Groleau ne croit pas que ce phénomène soit anecdotique. Aux premières loges pour observer les intentions d’achats — s’occupant sur près de la moitié des projets de condos montréalais selon ses dires — il remarque maintenant une seconde migration de population:

«On voit déjà un mouvement. On a 33 projets multiphase dans la grande région de Montréal. On voit d’où viennent les gens qui s’inscrivent dans nos projets».

 

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