Sourcemap, «réseau social» de la traçabilité pour les multinationales

Publié le 21/06/2023 à 09:23

Sourcemap, «réseau social» de la traçabilité pour les multinationales

Publié le 21/06/2023 à 09:23

Par AFP

Sur la carte de Sourcemap sont visibles les «zones géographiques à risque», du travail forcé au stress hydrique en passant par la déforestation. (Photo: 123RF)

Paris — Sous pression de la société civile et de la réglementation, les multinationales, entre autres dans le textile, cherchent à obtenir une meilleure traçabilité de leurs produits, en utilisant notamment Sourcemap, un outil révélant l’incroyable complexité des circuits d’approvisionnement.

Devant un ordinateur, Jean-Baptiste Ceaux étudie une carte du monde bariolée de traits multicolores, chacun matérialisant un flux commercial entre un grand groupe et ses partenaires (fournisseurs, sous-traitants, détaillants, etc.) pour un produit donné. La multiplicité et la complexité des flux entre les États-Unis, l’Europe et l’Asie donnent le tournis.

Une marque découvre «en moyenne 10 000 fournisseurs» dont elle n’avait pas connaissance avant d’utiliser Sourcemap, explique son directeur des opérations Europe Jean-Baptiste Ceaux.

En matière de traçabilité, les multinationales sont confrontées à deux problématiques majeures: le turn-over des fournisseurs, qui ont eux-mêmes leur propre chaîne d’approvisionnement et s’adaptent sans cesse au marché, et leur éventuelle non-coopération.

Sur la carte de Sourcemap sont visibles les «zones géographiques à risque», du travail forcé au stress hydrique en passant par la déforestation.

Cette analyse va permettre aux marques «d’avoir des données pour prendre des décisions éclairées», explique M. Ceaux à l’AFP.

Il faut du temps pour établir cette cartographie. «On ne peut pas mettre ça en place en six mois, il faut un ou deux ans», souligne le responsable.

Aucun des 40 grands groupes — représentant 300 marques, de LVMH à Ferrero en passant par Breitling — qui utilisent l’outil de traçabilité n’a accepté de répondre aux questions de l’AFP.

 

«Comme un réseau social»

Né en 2011 à l’issue de premières recherches au Massachusetts Institute of Technology (MIT), le logiciel américain Sourcemap, qui vient de boucler une levée de fonds de 20 millions de dollars, fonctionne «comme un réseau social», explique à l’AFP son fondateur, le franco-italien Leonardo Bonanni.

Chaque marque va demander à ses fournisseurs directs de lui fournir la liste de ses sous-traitants et ainsi de suite, jusqu’à cartographier l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement, appuyée par les équipes de Sourcemap qui peuvent même «appeler les fournisseurs dans leur langue», affirme M. Ceaux.

«Ce n’est pas que déclaratif, les partenaires doivent fournir des documents, comme des contrats de travail», insiste le responsable.

«Au début, il n’y avait pas de nécessité légale» à établir cette traçabilité, note M. Bonanni, mais les réglementations évoluent, comme l’européen Devoir de vigilance qui entend contraindre certaines grandes entreprises à davantage de prévention des risques en matière d’environnement, de droits humains et de corruption.

 

«Complices de mauvaises pratiques»

Selon l’Index de transparence dans la mode, un rapport annuel émanant de l’ONG Fashion Revolution, 48% des marques textiles sont capables de publier la liste de leurs fournisseurs directs, chiffre pour l’AFP Elisabeth Laville du cabinet Utopies.

«Ça veut dire que 52% ne savent pas où sont fabriquées leurs fringues», soupire celle qui s’appuie sur ce rapport ayant analysé les données fournies par 250 grandes marques telles que H&M, Chanel, Prada ou encore Zara.

Si ces chiffres ont tendance à évoluer positivement, «12% des marques textiles seulement connaissent leurs fournisseurs de matières premières», dénonce l’experte du développement durable, qui épingle également l’industrie agroalimentaire, la cosmétologie et l’électronique.

Cette méconnaissance ne permet pas d’être vigilant au sujet des droits humains et des devoirs environnementaux. «Si vous ne connaissez pas votre fournisseur, ça va être compliqué d’agir pour réduire vos émissions de gaz à effet de serre», relève Mme Laville.

«On a 200 000 fournisseurs chez Bouygues, on pourrait, en tant que donneurs d’ordre, être complices de mauvaises pratiques […] On n’arrivera jamais à avoir une traçabilité à 100%, c’est impossible, mais avec Sourcemap on augmente la fiabilité», avait déclaré Fabrice Bonnifet, directeur RSE de Bouygues et président du Collège des directeurs du développement durable, lors d’une conférence de presse.

«On ne va pas mourir d’absence de solution, mais d’absence de volonté», juge le responsable.

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