L'histoire se poursuit grâce à Shawinigan Aluminium


Édition du 08 Octobre 2016

L'histoire se poursuit grâce à Shawinigan Aluminium


Édition du 08 Octobre 2016

Par Claudine Hébert

Michel Boudreault, président de Groupe Sotrem-Maltech et de Shawinigan Aluminium. (Photo: Courtoisie)

En 2013, lorsque Rio Tinto Alcan a fermé les portes de son usine à Shawinigan, plus de 400 emplois ont disparu. Cette fermeture tournait une page d’histoire sur le berceau de l’aluminium au Québec. C’était avant que le Groupe Sotrem-Maltech s’en mêle. En 2014, la PME du Saguenay, aidée de deux partenaires privés, a acheté le centre de coulée de la multinationale pour fonder l’entreprise Shawinigan Aluminium.
 
«Cette transaction, dont les détails demeurent confidentiels, nous a permis de sauver une soixantaine d’emplois, auxquels se sont ajoutés une vingtaine d’autres au cours des deux dernières années. Et on atteint plus de 90 emplois en période de pointe», signale Michel Boudreault, président de Groupe Sotrem-Maltech et de Shawinigan Aluminium.
 
Il faut savoir que Sotrem-Maltech, qui existe depuis déjà 25 ans, baigne dans le secteur de l’aluminerie. Sotrem, située dans le secteur de Chicoutimi, produit notamment des lingots et des granules d’aluminium. Maltech, qui se trouve à Jonquière, se spécialise quant à elle dans le traitement du carbone destiné à la production d’aluminium.
 
L’acquisition du centre de coulée de Shawinigan tombe à point pour Sotrem-Maltech. Elle permet à la PME, qui compte 80 employés, d’ajouter la production de billettes d’aluminium à son catalogue d’expertise. Les billettes sont utilisées, entre autres, dans la conception des bonbonnes d’oxygène de plongée sous-marine et du milieu médical ainsi que dans plusieurs pièces de l’industrie automobile.
 
«La création de Shawinigan Aluminium nous permet également de prendre de l’expansion afin d’augmenter nos exportations internationales. Chez Sotrem-Maltech, seulement 25% de la production de Sotrem franchit les frontières du Canada. Le reste est vendu localement. En achetant le centre de coulée de Rio Tinto Alcan, on s’internationalise davantage. Plus de 85% de la production des billettes est vendue hors du pays», explique M. Boudreault.
 
Vouloir conserver une facette de la transformation de l’aluminium à Shawinigan se traduit toutefois par d’importants investissements. «On croyait qu’il nous en coûterait de 8 M$ à 10 M$ pour mettre à jour les infrastructures et les rendre autonomes en matière d’égouts et d’alimentation énergétique. Or, la facture va grimper à 15 M$. Il faut aussi adapter l’usine aux normes environnementales d’aujourd’hui», souligne M. Boudreault. L’ensemble des travaux sera complété d’ici la fin de l’année 2017.
 
De multinationale à PME
Cette transaction implique un autre défi de taille : transformer une culture d’entreprise de type multinationale en celle d’une pme. «Il a fallu renégocier les conditions de travail avec le syndicat en place. Une pme exige plus de polyvalence de la part de ses employés. Les salaires ont aussi été revus à la baisse de plus de 35%. Nos conditions de travail demeurent néanmoins parmi les meilleures pour une PME en Mauricie», estime M. Boudreault.
 
Depuis la création de Shawinigan Aluminium, la production du centre de coulée est passée de 38 000 tonnes à 50 000 tonnes de billettes d’aluminium par année. La PME souhaite franchir le cap des 60 000 tonnes annuelles d’ici trois ans.

Pour ce faire, Shawinigan Aluminium doit développer davantage des marchés niches. «Près de 20% de la production de billettes est actuellement destinée à un marché de commodités, notamment la fabrication de chaises, et de portes et fenêtres. Un marché de masse au sein duquel la compétition a explosé au cours des deux dernières années. La Russie, les Émirats arabes, la Chine, le Mexique, l’Inde, tout le monde veut sa part du gâteau, ce qui fait baisser les prix», rapporte Michel Boudreault.
 
Comment la PME compte-t-elle augmenter ses parts de marchés? «Avec l’aide de Rio Tinto Alcan», répond Michel Boudreault. Depuis le début de l’aventure, Shawinigan Aluminium travaille en collaboration avec le bureau de commercialisation du géant. Un modèle d’affaire inédit, selon Stéphane Blais, président de CanStar Fusion Acquisition. « Cette transaction démontre aux entrepreneurs québécois que tout est possible. Voir une grande entreprise qui génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 35 milliards de dollars ouvrir son réseau de ventes et distribution à une pme, c’est exceptionnel. C’est un geste qu’il faut saluer», soutient M. Blais. C’est aussi un exemple, poursuit-il, qui démontre que le domaine de la fusion-acquisition d’entreprises n’est pas que l’apanage des multinationales. Les PME peuvent s’en mêler, elles aussi.
 
En quelques chiffres
Année de fondation : 2014
Nombre d’employés : 80, plus de 90 en période de pointe
Chiffres d’affaires : 150 M$ US
Objectif d’ici un an : Compléter les travaux de mise à jour et augmenter à près de 100% la production de billettes d’aluminium destinées à des marchés niches.

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