Une étude montre les effets fous et insoupçonnés de la marche à l'extérieur. (Photo: Reinhart Julian pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Est-ce l’été? Les fortes chaleurs? L’air humide et collant? J’ai perdu le goût de prendre une petite marche sur l’heure du lunch. Et j’ai l’impression de me sentir moins bien, d’avoir moins d’énergie, de travailler moins fort qu’auparavant. Est-ce que tout ça est lié? Et si oui, devrais-je me «forcer» à prendre l’air plus souvent?» – Élodie

R. – Chère Élodie, sans surprise, les études abondent pour montrer tous les bienfaits de la marche à l’extérieur: tonus musculaire, assouplissement des articulations, apaisement cognitif, etc. On ne peut donc que recommander à tout le monde de prendre une petite marche durant les journées de travail, chaque fois que cela est possible.

Maintenant, vous notez une perte de motivation de votre part, due sans doute aux étés chauds et collants que nous connaissons à répétition depuis maintenant une couple d’années. D’où mon envie de vous parler d’une étude récente qui a mis au jour des effets complètement fous et insoupçonnés de la marche à l’extérieur, des effets tels qu’ils devraient, je pense, vous donner des ailes, même si dehors l’air peur vous paraître écrasant à l’instant où vous sortez de votre bureau ou domicile climatisé.

Avec cinq autres chercheurs, Angus Burns, chercheur à l’École de médecine de Harvard, s’est plongé dans l’immense base de données de l’UK Biobank. Cette dernière détient des échantillons biologiques et diverses informations sur des Britanniques volontaires et désidentifiés afin d’analyser, entre autres, l’impact de l’environnement sur la santé des gens.

Plus précisément, Angus Burns et son équipe ont étudié les données d’un échantillon de 502 000 personnes âgées entre 37 et 73 ans, issues de toutes sortes de milieux sociaux et professionnels. Leur objectif était de voir si les personnes qui s’exposaient à la lumière du soleil une heure de plus que la moyenne des gens (moyenne qui est de 2,5 heures par jour) avaient, en général, une meilleure santé que les autres, ou pas. À mon avis, ils ne s’attendaient sûrement pas à des résultats aussi spectaculaires:

– Ceux qui s’exposent à la lumière du soleil au moins 3,5 heures par jour présentent un risque plus faible de souffrir d’un trouble dépressif majeur durant leur vie: vagues de tristesse, sentiment d’épuisement, perte de confiance en soi, perte d’appétit, etc.

– Ils utilisent moins d’antidépresseurs que les autres.

– Ils risquent moins de souffrir d’anhédonie, à savoir de la perte de la capacité à ressentir du plaisir: impression d’être là sans être là, sensation d’être vide, etc.

– Leur humeur est moins souvent maussade que celle des autres: il leur arrive moins fréquemment d’être ni gais ni aimables.

– Leur névrosisme est plus faible: ils ont moins tendance que les autres à éprouver des émotions négatives (déception, frustration, honte, jalousie, colère, peur, etc.)

– Ils sont, de manière générale, plus heureux que les autres.

Ce n’est pas tout. En creusant davantage les données, Angus Burns et les siens ont également découvert que:

– Ceux qui s’exposent à la lumière du soleil au moins 3,5 heures par jour ont une plus grande facilité à sortir du lit, le matin.

– Ils se sentent moins souvent fatigués que les autres.

– Ils souffrent moins souvent de symptômes d'insomnie.

– Et ils ont un chronotype plus précoce, ce qui signifie qu’ils se couchent plus tôt que les autres.

Bref, plus nous prenons l’air, plus nous sommes de bonne humeur, plus notre sommeil est agréable et plus notre santé physique et psychique est bonne. Ni plus ni moins.

Voilà, Élodie. J’espère que tous ces éléments vous convaincront de sortir plus souvent de l’air climatisé pour aller goûter un peu d’air extérieur. Car les bienfaits d’une telle habitude dépassent amplement, me semble-t-il, les bémols liés au fait que l’air naturel peut parfois, l’été, nous paraître chaud et humide.