Ma vision du multiculturalisme

Publié le 01/11/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 10:58

Ma vision du multiculturalisme

Publié le 01/11/2009 à 00:00, mis à jour le 08/10/2013 à 10:58

Malgré la liberté de parole, l'expression de notre pensée se heurte à des limites cachées que les termes "rectitude politique" résument bien ! Il s'agit d'un déni de la liberté d'expression. N'allez toutefois pas croire que je réfute l'importance de la courtoisie et de la maîtrise de nos émotions.

Prenez la question du multiculturalisme canadien. Il est mal vu de critiquer les groupes ethniques parce qu'il s'agit d'une déclaration émotive trop souvent dépourvue de fondement. De plus, je ne suis pas du genre à dénigrer qui que ce soit, car je trouve de grandes qualités à toutes les cultures et je traite les gens comme des personnes à part entière. Par ailleurs, j'appartiens à plusieurs cultures, mais ma définition de ce terme diffère de celle du gouvernement.

À une certaine époque, j'ai voulu établir un fonds de bourses d'études pour inciter les étudiants canadiens-anglais du Québec à vivre un an dans un milieu entièrement francophone et à fréquenter une université francophone pendant que les étudiants canadiens-français en feraient autant dans un milieu de culture anglaise. Mon initiative visait à rendre les deux groupes biculturels et à élargir leurs horizons. Dans l'espoir de vendre mon idée à des représentants du gouvernement fédéral et de les amener à contribuer au fonds, j'ai expliqué que j'étais le produit de plusieurs cultures parce que j'avais vécu et étudié dans des milieux allemand, hollandais, français et japonais. Une femme s'est alors levée et a déclaré : "Monsieur Jarislowsky, vous n'êtes rien". À ses yeux, le multiculturalisme était une mosaïque de groupes ethniques vivant en vase clos dans des milieux ethniques au Canada, soit exactement le contraire de mon idéal dans un monde devenu un grand village.

Une autre fois, dans un taxi, j'ai commencé à parler français et le chauffeur m'a demandé si j'étais canadien-français. "Non, je suis "canadien"". Il a insisté : "Canadien-anglais ?" Non, je suis canadien. Je lui ai alors demandé : "Et vous ?" Il a répondu : "Iranien". Puis, je lui ai demandé : "Êtes-vous canadien ?" "Oui, a-t-il précisé, je suis canadien-iranien."

Ce que j'essaie de dire, c'est que le Canada est devenu un pays où le fait de continuer à vivre dans une culture qui n'est pas canadienne a engendré de nombreux ghettos, freinant l'évolution vers une véritable identité provinciale et nationale où le caractère ethnique serait maintenu et respecté tout en étant subordonné à cette identité provinciale et fédérale.

Des initiatives orientées davantage dans cette direction rendraient notre société vraiment multiculturelle, au sens que je donne à ce terme. Ce faisant, l'identité canadienne serait plus rassembleuse et favoriserait la mise en commun de ce bagage culturel, sans que notre propre héritage soit renié pour autant. Les Canadiens y gagneraient en visibilité dans un monde où la technologie et le commerce rapprochent tous les pays comme jamais auparavant.

*Président du conseil, Jarislowsky Fraser

stephen.jarislowsky@transcontinental.ca

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