La ménopause donne des sueurs froides à l'économie

Publié le 18/10/2023 à 07:00

La ménopause donne des sueurs froides à l'économie

Publié le 18/10/2023 à 07:00

Par Catherine Charron

Chaque année, ce passage obligé et ses symptômes non maitrisés retranchent à l’économie canadienne pas moins de 3,5 milliards de dollars (G$), selon une analyse économique de Deloitte commandée par la Fondation canadienne de la ménopause. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATIN. Avoir le tailleur trempé de sueur à cause d’une subite vague de chaleur en pleine réunion, ou sentir des gouttes perler sur son front comme dans un sauna, c’est arrivé plus d’une fois à Sylvie Leduc alors qu’elle traversait sa ménopause.

«Ça devient difficile à gérer, car certains symptômes sont évidents pour tout le monde, rapporte celle qui travaillait alors en TI. Aux deux ou trois jours, j’avais des bouffées de chaleur épouvantables. Tu n’as pas le choix, tu dois te lever et t’excuser, mais il faut que tu ailles dehors même si tu es dans une rencontre d’affaires.»

Toutes les ménopauses n’ont pas des effets aussi débilitants, précise celle qui était alors directrice marketing chez BCE Emergis. N’empêche qu’en moyenne, les 1023 femmes âgées de 40 à 60 ans sondées par Léger pour le compte de la Fondation canadienne de la ménopause sont incommodées par sept symptômes différents.

Et le quart d’entre elles tentent de les cacher au travail, rapporte-t-on dans l’étude «Ménopause et vie professionnelle au Canada» diffusée le 16 octobre 2023.

Les bouffées de chaleur surviennent chez 62% des répondantes, suivies de près par les troubles du sommeil, dans 57% des cas. Les sauts d’humeur (39%) et l’anxiété (32%) sont aussi des éléments mentionnés.

Chaque année, ce passage obligé et ses symptômes non maîtrisés retranchent à l’économie canadienne pas moins de 3,5 milliards de dollars (G$), selon une analyse économique de Deloitte commandée par la Fondation canadienne de la ménopause.

De ce chiffre, 3,3G$ sont attribués à une «perte de revenus en raison de la baisse du nombre d’heures de travail et/ou de salaire, ou de la décision de quitter le monde du travail», peut-on lire dans le rapport d’une vingtaine de pages.

Au moment où les femmes atteignent le sommet de leur carrière, certaines vont devoir lutter contre une panoplie de symptômes qui minent parfois leur performance et leurs aspirations aux plus hautes sphères de leur organisation.

C’est du moins le cas du tiers des femmes âgées sondées.

«J’ai eu des symptômes très forts, à un point tel que je n’étais plus capable de travailler, comme quelqu’un qui a une grave dépression», explique Sophie Vallerand, ancienne cheffe d’antenne à LCN aujourd’hui conseillère en risques psychosociaux et en santé organisationnelle.

Plus de 20% des répondantes pensent que la ménopause a miné la progression de leur carrière, tandis que 10% disent avoir quitté le marché du travail à cause des répercussions de symptômes incontrôlés de leur ménopause.

De plus, si elles étaient mieux accompagnées par leur organisation afin de naviguer cette période où des symptômes débilitants peuvent apparaître, 62% des personnes interrogées croient qu’elles pourraient grimper davantage d’échelons de l’entreprise.

Encore faut-il qu’elles osent en parler.

 

Un tabou toujours présent

La majorité des personnes sondées sont d’avis que les organisations devraient soutenir et épauler les femmes à traverser la ménopause au même titre qu’une grossesse. Or, 48% n’osent pas partager leur état.

Dans son étude, la Fondation souligne que 40% des répondantes estiment que les tabous sont encore bien présents à l’égard de la ménopause sur leur milieu de travail.

Au début des années 2000, «mes collègues me regardaient en ayant l’air de dire, “c’est quoi ton problème”. C’est sûr que dans des domaines où il n’y a pas d’équité des genres, ça doit être pire», estime Sylvie Leduc.

Certes, chaque individu est responsable d’adopter des comportements ou d’effectuer un suivi médical afin de limiter les symptômes parfois handicapants de la ménopause. N’empêche que de simples gestes de la part de leur employeur peuvent grandement aider les personnes qui traversent cette étape.

Un horaire flexible peut par exemple leur être proposé, ou le télétravail peut être priorisé.

Sylvie Leduc et Sophie Vallerand soutiennent toutes les deux que bosser de la maison est un grand atout pour contrer les symptômes incontrôlables et imprévisibles.

«Ce n’est pas la ménopause qui m’a amené à faire un changement de carrière, mais c’est sûr que [les horaires atypiques du journalisme], ce n’était pas facile. La flexibilité d’horaire et le télétravail me permettent de m’ajuster après des nuits d’insomnie, ou quand les symptômes sont très forts», explique Sophie Vallerand qui doute qu’elle puisse retourner dans un milieu de travail qui oblige le présentiel à raison de 40 heures par semaine.

L’éducation du personnel et des gestionnaires, mais aussi des principales concernées, sur ce qu’est la ménopause et les effets que ça peut avoir sur la performance au travail sont aussi des avenues suggérées.

 

 

 

Télétravailler ou ne pas télétravailler, telle est la question qui cause des émois dans bien des entreprises en cette rentrée 2023.

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