Gérez votre patron

Publié le 01/02/2010 à 00:00

Gérez votre patron

Publié le 01/02/2010 à 00:00

Votre patron est du genre désorganisé ou indécis ? Prenez les choses en main.

Le patron de Nathalie* est bien sympathique, mais il manque de confiance en lui. Il a besoin de l'approbation de sa supérieure pour le moindre détail, ce qui retarde le travail de l'équipe. Il prend peu de décisions, parce qu'il craint d'en prendre de mauvaises. Et il est réfractaire au changement " parce que ça fait dix ans qu'on fait ça comme ça ". Comment a-t-il obtenu un poste de chef de service ? On se le demande. Mais en attendant, Nathalie et ses collègues sont découragés. " Nous ne savons jamais sur quel pied danser, dit cette technicienne en administration du réseau des soins de santé. Il ne nous donne pas d'orientation. Alors, nous travaillons dans le flou. Et parfois, il nous fait refaire deux ou trois fois la même tâche parce qu'il ne parvient pas à se décider. "

Certes, ce patron-là est un cas extrême. Il reste que bien des gestionnaires ont des points faibles qui compliquent la vie de leurs employés. " Personne n'est parfait, et les patrons ne font pas exception à la règle, rappelle Marie Bourque, CRHA, consultante principale et coach chez André Filion et Associés. Or, il y a entre votre patron et vous une relation d'interdépendance. Il a besoin de vous, et vous de lui. Il vous faut donc établir une bonne collaboration. "

Première étape : tentez de cerner ses forces, ses faiblesses et son style de gestion. Comment préfère-t-il que vous lui présentiez vos demandes ? De vive voix afin de pouvoir en discuter ou par écrit afin d'avoir eu le temps d'y réfléchir ? Exige-t-il des rapports détaillés ou seulement une vue d'ensemble ? Souhaite-il être informé de l'évolution des dossiers ou seulement des résultats ? Cette analyse vous permettra non seulement de mieux vous adapter à sa façon de travailler, mais aussi de combler ses lacunes.

Faites preuve d'initiative

Et comment comble-t-on les lacunes d'un patron? Principalement, en lui offrant des solutions, d'après Marie Bourque. " À un patron peu porté sur la rétroaction, vous pourriez dire : " J'apprécie l'autonomie que tu me donnes, mais j'aimerais faire le point plus souvent. Je te propose une rencontre toutes les deux semaines. " Si votre patron ne donne pas assez de directives, soyez proactif. Soumettez vos priorités et demandez-lui son accord. Il n'aura pas d'autre choix que de s'engager.

Il est plutôt du genre désorganisé ? " Soyez-le deux fois plus ", dit Alain Samson, formateur en management et auteur d'une soixantaine de livres de gestion. Faites-lui des rapports d'étapes. Rappelez-lui que vous attendez telle donnée demain. Autrement dit, encadrez-le. C'est ce que fait Hélène*, conseillère en ressources humaines, avec son directeur. " Quand je lui présente des dossiers, j'attache toutes les ficelles. S'il faut prendre des rendez-vous, je consulte même son emploi du temps avec son adjointe. "

Imaginons que votre chef hésite constamment et semble incapable de prendre une décision. Pendant ce temps, les dossiers s'accumulent et les clients attendent des réponses. Que faire ? Aidez-le à prendre une décision en lui fournissant une synthèse de la situation. Pour l'inciter à trancher, insistez sur les objectifs recherchés et sur les avantages possibles. Bien sûr, rien ne vous empêche de mettre en valeur la solution que vous préférez. Toutefois, évitez de lui dire quoi faire avec des phrases du type " À ta place, je ferais ceci ou cela ". Il pourrait justement croire que vous voulez sa place...

L'indécision apparente d'un patron peut cependant refléter une nature prudente. " J'ai eu un patron comme cela, dit Marie Bourque. J'arrivais tout feu tout flamme avec une proposition de projet et il me faisait attendre longtemps avant de me donner sa réponse. Je ne comprenais pas qu'il ne me dise pas oui tout de suite ! Je rongeais mon frein. " Puis, elle a compris que son patron avait besoin de prendre du recul avant de décider. Elle a alors prévu ce délai de réflexion dans ses échéanciers. Elle lui a aussi fourni encore plus d'éléments à l'appui de son argumentation, afin qu'il ait tout ce qu'il lui fallait pour peser le pour et le contre.

Vous êtes en première ligne, plus rien ne bouge et votre patron tergiverse ? Vous pouvez temporiser auprès de collègues et de clients un certain temps, mais pas éternellement. Dans ce cas, décidez. Mais ne le faites pas en cachette : agissez en toute transparence. Informez votre supérieur des mesures que vous avez prises et de l'évolution des dossiers. Vous pourriez, par exemple, lui faire suivre les courriels échangés. Votre objectif n'est pas de comploter contre lui, mais bien de faire avancer le travail. Même stratégie si votre supérieur est du genre à n'être jamais là quand une décision doit être prise. " Certaines personnes sont du genre macro, la routine ne les intéresse pas, souligne Alain Samson. Elles vous seront reconnaissantes de les libérer des petites décisions courantes. "

Vous n'êtes pas de son avis

Si certains gestes de votre patron nuisent à la bonne marche des dossiers, vous pouvez laisser faire, tout en espérant que cela lui retombera sur le nez. Le hic, c'est que vous risquez vous aussi votre réputation. Meilleure tactique : aller au front et lui en parler. C'est ce que Nathalie a décidé au moment de l'implantation d'un nouveau système comptable. En dépit de tout bon sens, son patron insistait pour que certaines données soient saisies manuellement, comme avant. " J'avais beau lui expliquer que nous pouvions transférer les données grâce à une interface, il n'en démordait pas, raconte la technicienne en administration. J'ai fini par lui demander de m'accorder une heure pour lui prouver ce que j'avançais. " Il a accepté et Nathalie a pu lui démontrer l'efficacité de la nouvelle fa- çon de faire. " La clé, pour convaincre votre patron, c'est d'insister sur un objectif commun, affirme Alain Samson. Il doit constater que, comme lui, vous avez à coeur la réussite de l'entreprise. "

Josée* est responsable de territoire pour une entreprise du secteur de l'alimentation. Récemment, elle a été abasourdie de constater que son patron avait modifié sans qu'elle le sache une entente qu'elle avait conclue avec un client. " Ma crédibilité en a souffert, et celle de notre entreprise aussi. Ne pas respecter sa parole et revenir sur des conditions déjà négociées ne donne pas une bonne image d'une entreprise. " Dans un tel cas, il faut mettre l'accent sur l'impact qu'a eu le geste sur le client, et non sur soi-même, selon Alain Samson. " On doit éviter d'accuser le patron d'avoir mal agi. On exprime plutôt notre crainte de perdre le client."

La plupart des dirigeants sont sensibles aux arguments qui visent à la bonne marche de l'entreprise. Malheureusement, cela ne fonctionne pas toujours. Ainsi, le patron de Josée n'a pas fait preuve d'ouverture à ses propos. " S'il y a un blocage complet, il faut avoir l'intelligence de faire une retraite stratégique, quitte à essayer de nouveau à un moment plus propice ", conseille Marie Bourque.

*Les cas sont véridiques, mais nous avons modifié certains détails pour protéger l'anonymat des personnes qui témoignent.

aplus@transcontinental.ca

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