Des leaders accomplis et émergents témoignent

Publié le 25/02/2010 à 15:31

Des leaders accomplis et émergents témoignent

Publié le 25/02/2010 à 15:31

Comment se préparer à son premier rôle de gestionnaire? Comment gérer sa crédibilité, son stress et faire sa place?


Trois duos de leaders accomplis et des leaders émergents ont témoigné de leurs expériences lors de la deuxième édition du colloque À vos postes! - mon premier rôle de gestion organisé par la Jeune chambre de commerce de Montréal et HEC Montréal.

S'inspirer d'un mentor
Au sortir de ses études en droit, deux options de stage s'offraient à Pierre Allard: une firme nationale établie depuis 100 ans ou une start-up représentée par un homme de 32 ans et ses deux associés. Plus qu'une entreprise, c'est son «coup de foudre» pour Mario Charpentier, associé co-directeur du cabinet BCF, qui a guidé son choix. Les compétences techniques exceptionnelles, mais aussi le côté chaleureux et empathique de l'homme devenu son mentor l'inspirent depuis maintenant 15 ans. Constamment informé des problèmes et de la façon dont ils étaient gérés, M. Allard, aujourd'hui associé chez BCF, dit avoir appris par l'exemple.

«Ce qui m'a beaucoup aidé est d'avoir la confiance de pouvoir me tromper», a affirmé M. Allard aux quelques 150 jeunes gens d'affaires présents. Il s'agit à son avis de la meilleure façon de gérer le stress qu'impliquent ses responsabilités, tout en ayant la chance de pouvoir partager ce stress avec son mentor. «Gérer son stress, ce n'est pas ne pas en avoir», a-t-il noté, mais il faut accepter que la gestion n'est pas du 9h à 17h.

Se préparer
Katia Fontana, vice-présidente, finance et administration au Groupe Dynamite, savait foncièrement qu'elle voulait devenir gestionnaire et s'y est préparée. À ses débuts chez Deloitte en 1993, elle a entre autres analysé le formulaire d'évaluation de rendement et s'en est inspiré pour capitaliser sur ses forces et travailler sur ses faiblesses. «C'était plus un dépassement de soi que je recherchais que la compétition», a soutenu Mme Fontana. L'étape décisive dans sa carrière - et son meilleur conseil à la relève - est sans contredit le fait qu'elle soit «sortie de sa zone de confort». En effet, le milieu majoritairement anglophone chez Deloitte où elle a fait ses premières armes a défié - et bâti - la future gestionnaire.

Choisir un environnement qui vous ressemble
Les gestionnaires qui réussissent bien ont en général un trait caractéristique commun :  ils ont réussi à trouver un milieu où ils se sentent bien, où ils retrouvent un équilibre entre qui ils sont et l'endroit dans lequel ils exercent leur métier, selon Éric Brunelle, animateur du colloque et professeur adjoint en management à HEC Montréal.

C'est le cas notamment de Marc-André Dufort, vice-président trésorerie, risques et projets d'investissement pour le Cirque du Soleil. «Cela a toujours été important pour moi de choisir un environnement de travail dans lequel j'aurais beaucoup de plaisir», a dit le comptable de formation, car «on passe tellement de temps au bureau».

«Cela ajoute à la passion d'être dans un environnement qui nous parle, qui nous anime», a renchéri Katia Fontana.

«La créativité ne vient pas seulement assis devant un portable. Elle vient de la synergie qui crée un terreau fertile aux nouvelles idées», a noté M. Dufort. Et cette synergie, il la vit aussi avec son mentor, Robert Blain, vice-président principal et chef de la direction financière au Cirque, qu'il considère comme un «bon père de famille» pour tout le monde. «Il a une bonne écoute, nous laisse aller, nous laisse faire des erreurs, a soutenu M. Dufort. Il écoute toutes les idées et favorise le développement de chaque individu.»

S'impliquer
«Être le patron, c'est être capable d'être légitime. Être le patron, c'est assumer d'être le chef, de prendre des décisions. Êtes-vous en mesure de le faire? Cela vaut la peine de le tester», a soutenu le professeur Brunelle. S'impliquer dans le milieu communautaire ou autres réseaux s'avère à son avis d'excellentes opportunités de se préparer à être gestionnaire.

Les activités externes de M. Dufort, notamment avec la Jeune chambre de commerce de Montréal et les HEC, lui ont apporté des connaissances qu'il peut sortir de son sac à dos quand il en a besoin. «Ces implications permettent de relever d'autres défis qui élargissent les expériences», a renchéri Katia Fontana.

Faire sa place
Avec la vague de baby-boomers qui vont prendre leur retraite, les jeunes auront une panoplie d'opportunités. Mais plusieurs jeunes gestionnaires doivent actuellement gérer les différences d'âge de ceux qu'ils dirigent, notamment des subalternes plus âgés, comme c'est le cas pour M. Dufort. «Un bon gestionnaire doit laisser la place parce qu'il ne connaît pas tout», a affirmé M. Dufort. «Au début, on veut être top, mais on peut se casser la margoulette. À moment donné, j'ai appris que je ne pouvais pas tout connaître.» Et le gestionnaire a connu quelques échecs pour arriver à ce constat... Quand on est jeune, on veut changer le monde, mais cela prend des années pour se connaître.

«Ce qui est important est la connaissance de soi et c'est quelque chose qui se bâtit au quotidien. Il faut être sûr de soi, ne pas avoir peur d'aller voir les bonnes personnes et de prendre des initiatives», a soutenu Mme Fontana.

«Au lieu de dire "je veux gérer", dites "je veux m'impliquer". Quand c'est fait avec générosité, ce sera toujours positif», a ajouté Pierre Allard.

Concilier travail-famille
M. Allard dit avoir toujours eu la préoccupation de concilier travail-famille et n'a jamais eu l'impression d'avoir fait des compromis. «Le seul compromis que je vois est seulement la discipline. Je suis réglé comme une horloge, ce qui ne veut pas dire être plat, mais je me donne des objectifs à atteindre dans une journée», a souligné le père de deux enfants. Même son de cloche chez Robert Blain, père de quatre enfants, qui dit que finalement, «plus on a des enfants, plus on est organisé!»

S'interroger
Éric Brunelle a raconté que lors de son premier cours à HEC, ses camarades avaient été invités à dire ce qu'ils voulaient faire dans la vie. Tous voulaient devenir patrons. Quinze ans plus tard, seuls cinq ou six d'entre eux sont effectivement devenus boss. «Comment est-ce possible?», a-t-il demandé au public présent.

Peut-être des questions de contexte ou de chances. Mais être patron signifie prendre des décisions, confronter des tensions, ne pas toujours se faire aimer de ses collègues, gérer des gens difficiles, voire névrotiques, composer avec le flou et l'angoisse, a affirmé M. Brunelle. Pour la plupart, les anciens camarades de classe du professeur ont réalisé qu'ils étaient tout simplement bien dans leurs fonctions respectives et que la gestion n'était pas pour eux. À preuve : «près de 50 % des nouveaux gestionnaires quittent leur poste après 18 mois», a noté M. Brunelle.

 

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