« Je suis un connecteur »

Publié le 12/11/2009 à 15:27

« Je suis un connecteur »

Publié le 12/11/2009 à 15:27

Par lesaffaires.com

Welby Altidor, spécialiste du casting,  s'assure que les meilleurs talents passent par le Cirque du Soleil.


Avec plus de 1 000 artistes oeuvrant dans 18 spectacles présentés dans le monde pendant plus de 10 ans, en moyenne, et avec un taux de roulement supérieur à 15 %, le Cirque du Soleil fait face au constant défi de recruter des candidats talentueux.

Pour que la source ne se tarisse pas, la célèbre institution a confié à Welby Altidor le poste de directeur du développement des relations stratégiques, arts, cirque et sport, pour le service casting et performance.

Né à Montréal, M. Altidor, 36 ans, a fait ses études en théâtre et communication au Conservatoire LaSalle. Hésitant devant son avenir, il entreprend des études universitaires en philosophie, sciences po et relations publiques. Son objectif est de faire un doctorat en philosophie politique.

Mais les circonstances changeront ses plans. Il commence à faire de la distribution artistique pour des commerciaux télé. Puis il devient directeur de casting pour l'agence Andrea Kenyon. En 1999, il répond à une petite annonce dans le journal Voir. Le Cirque du Soleil cherche un dépisteur de talents pour un projet de télé. Le contrat dure six mois, au terme duquel le Cirque lui fait une offre.

Ce travail l'amène à voyager partout sur la planète à la recherche de chanteurs, de danseurs, de musiciens, de comédiens, enfin de tous les talents autres qu'acrobatiques qui se produisent sur les scènes du Cirque du Soleil.

" Au Cirque, nous faisons du casting d'exception, explique M. Altidor, en entrevue. On ne cherche pas seulement une belle voix ou un bon musicien; il faut qu'il y ait un petit quelque chose de plus qui va faire que les spectateurs vont crier ''Wow !''. Il faut que ces artistes cadrent avec notre façon très particulière d'occuper la scène. " Il fait du recrutement pour le remplacement des artistes de spectacles qui tournent déjà et de spectacles qui n'existent pas encore. " Parfois, les recruteurs dénichent un talent exceptionnel, ne savent pas trop ce qu'ils vont en faire et essaient de convaincre les concepteurs de lui trouver une place dans le prochain spectacle. "

D'autre fois, c'est l'inverse : avant de commencer à travailler à un spectacle, les concepteurs rencontrent les recruteurs pour savoir quelles perles rares ils ont dénichées dans le monde.

Développer des alliances stratégiques

En 2007, le Cirque, en croissance, voit la nécessité de planifier à long terme son recrutement. Il confie ce mandat à M. Altidor.

" Depuis deux ans, je ne fais plus de casting. Mon travail consiste à développer des alliances stratégiques avec des organisations liées au monde du sport, des arts ou du cirque ", explique celui qui voyage moins depuis deux ans, ce qui l'arrange, car il est papa d'un bambin de deux ans.

Le jeune homme a notamment signé une entente avec la Fédération internationale de gymnastique et avec plusieurs fédérations nationales. " Ma responsabilité est de trouver une façon de travailler ensemble pour faire en sorte que les deux parties y trouvent leur compte ", explique-t-il. Par exemple, une fédération peut trouver intérêt à faire miroiter la possibilité d'un emploi au Cirque du Soleil pour recruter davantage de membres, mais peut aussi craindre de se faire voler ses meilleurs éléments aux compétitions internationales.

Ce travail l'amène à collaborer avec les recruteurs du Cirque, ses yeux dans le monde, avec le service de citoyenneté du Cirque, le service de recherche et d'innovation, etc.

" Je suis un connecteur; je construis des ponts autant à l'intérieur du Cirque qu'avec l'extérieur. C'est d'ailleurs pour ce talent que la Jeune Chambre de commerce haïtienne m'a approché. " Le jeune homme plein d'entregent est en effet l'invité d'honneur d'un cocktail-bénéfice, le 12 novembre.

" La Jeune Chambre essaie aussi de construire des ponts avec le reste de la communauté québécoise, explique M. Altidor. Elle ne veut pas devenir une organisation ethnique fermée sur elle-même et, grâce à mon expérience, je pense que je peux l'aider. Ça tombe bien, j'avais justement envie de retourner un peu à la communauté haïtienne. "

Le leadership selon Welby Altidor

Comment s'exprime votre leadership ?

" J'ai un bon contact avec les gens. En tant que fils d'immigrants, j'ai dû m'adapter. À la maison, c'était un univers, à l'école un autre, à l'église un autre... C'est naturel pour moi de m'adapter continuellement à des environnements différents. Quand je me retrouve en Inde, en Chine ou aux États-Unis, je ne me sens jamais dépaysé. Et puis, il y a une cinquantaine de nationalités qui travaillent au Cirque. Je pense que Montréal, avec sa diversité culturelle, pourrait avoir en Amérique du Nord le même avantage stratégique que moi, le même rôle de connecteur. "

Avez-vous déjà eu l'impression, dans un pays ou un autre, que d'être Noir vous nuisait ?

" Je vais vous raconter une histoire. Un jour, je dois contacter des Coréens du Nord, qui possèdent un solide expertise dans les spectacles de haute voltige. La Corée du Nord est l'un des pays les plus fermés au monde. Il me faut des mois avant d'obtenir l'autorisation de me rendre dans ce pays. Avant de partir, comme je ne connais pas du tout les Coréens du Nord, je veux prendre mes précautions et je dis à mon contact là-bas : " Vous savez, je suis Noir. " Il m'a répondu qu'il n'y avait aucun problème, que je représentais exactement l'image de diversité culturelle qu'il se faisait du Canada. " Je me suis souvent retrouvé le seul Noir dans des groupes et j'ai toujours su me servir de cette spécificité à mon avantage. C'est juste une question d'attitude. Tout se passe dans la tête. "

Avez-vous un conseil pour les gestionnaires ?

" Ça fait un peu cliché, mais c'est tellement vrai : à l'heure des télécommunications haute vitesse, on oublie trop souvent qu'une poignée de mains, ça fait une très bonne job ! "

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