Faire de la responsabilité sociale l'affaire de tous


Édition du 13 Août 2016

Faire de la responsabilité sociale l'affaire de tous


Édition du 13 Août 2016

Si les grandes sociétés québécoises sont relativement au fait des questions de responsabilité sociale des entreprises (RSE), le défi se pose désormais du côté de l'opérationnalisation de la RSE à l'interne. Quelles sont les étapes pour que la RSE devienne l'affaire de chaque service ?

De plus en plus en vogue, le concept de RSE devient incontournable pour les entreprises qui exportent ou qui travaillent auprès des grands donneurs d'ordres. «Certains voient encore la RSE comme une contrainte, alors qu'il s'agit d'un outil de différenciation et d'une occasion d'innover», dit Corinne Gendron, professeure au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l'UQAM.

«On voit des exemples comme Cascades, qui a su innover dans le sens du développement durable avec ses produits, ou la mine Éléonore de Goldcorp, qui emploie un grand nombre de personnes cries et où les décisions ont été prises en accord avec la communauté», explique Lorraine Simard, présidente-fondatrice de l'agence CBleue et de Comité 21 Québec.

«Les consommateurs ont des attentes plus élevées qu'avant et veulent que les entreprises travaillent de manière éthique, qu'elles redonnent à la communauté, qu'elles prennent des mesures pour prévenir les risques», constate Tim Southam, le directeur des affaires publiques de MEC, dont l'une des actions emblématiques est de retourner l'équivalent de 1 % du chiffre d'affaires à la communauté.

Évaluer les priorités

Face à une RSE qui recoupe à la fois des critères environnementaux, sociaux et culturels, chaque organisation a tendance à prioriser les enjeux en fonction de sa stratégie. Certaines entreprises porteront leur attention sur l'approvisionnement responsable, d'autres, sur la situation des travailleurs, la réduction de leur empreinte environnementale ou les relations avec la communauté.

Chez Ivanhoé Cambridge, la filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec, la politique de RSE a été articulée autour des trois piliers que sont la gestion environnementale, l'engagement des employés et l'investissement communautaire. «Nous avons mis en place des programmes en fonction de nos priorités, en choisissant d'orienter notre politique de dons dans les secteurs comme le patrimoine architectural, l'éducation et les personnes sans abri», explique Christine Babkine, directrice, responsabilité sociale d'entreprise d'Ivanhoé Cambridge.

Chez Air Canada, on s'est concentré sur l'approvisionnement responsable, notamment grâce à la rédaction d'un code éthique comprenant 10 critères auxquels sont soumis l'ensemble des fournisseurs depuis 2013. «Si un fournisseur n'adhère pas à ce code, nous avons le droit de l'éliminer du processus d'évaluation d'appel d'offres, en dépit des bénéfices économiques qu'il pourrait présenter», explique Luc Piché, premier directeur, approvisionnement stratégique chez Air Canada.

L'utilisation du code d'éthique ainsi que le taux de succès et d'adhésion des employés à ce code font d'ailleurs partie des 12 indicateurs de performance qui sont mesurés par Air Canada. «L'objectif étant que cela devienne une deuxième nature et fasse partie de notre ADN», ajoute M. Piché.

En résumé, «l'organisation doit se demander quelles sont ses impératifs à court, à moyen et à long termes, ce qu'elle peut opérationnaliser, du plus facile au plus complexe», analyse Fabien Durif, directeur de l'Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable.

Dans tous les cas, une telle démarche exige un fort engagement de la haute direction. «Il faut à la fois un discours à l'interne et à l'externe, et que la RSE soit abordée au sein du CA comme une question importante», dit Corinne Gendron. La création d'une direction qui se consacre à la RSE, assortie éventuellement d'un budget, est aussi un moyen d'envoyer un signal fort.

Jouer la transversalité

Une telle démarche implique de briser les silos. «Lorsqu'on veut lancer une gamme de produits éco-conçus, il faut revoir son modèle d'entreprise, le cycle de vie des produits et l'approvisionnement. C'est une transformation importante», dit M. Durif. L'expert conseille de créer des comités transversaux pour que les différents services échangent entre eux.

Ivanhoé Cambridge a par exemple mis sur pied un comité directeur de la RSE, composé de ses vice-présidents, et un comité de RSE, destiné aux gestionnaires des différents secteurs d'activité (gestionnaires de propriété, des locations, responsables des RH ou de l'environnement, etc.), dont le rôle est plus opérationnel. «Cela nous permet de couvrir tous les secteurs afin que la reddition de comptes se conforme aux critères de la Global Reporting Initiative [la référence mondiale en production de rapports de développement durable]», souligne Christine Babkine.

Un comité de dialogue avec les parties prenantes (dirigeants d'ONG environnementales, milieu communautaire...) peut même être constitué afin que la direction prenne une à deux fois par année le pouls des attentes. «Ces forums consultatifs donnent une fenêtre sur l'avenir», dit Corinne Gendron.

Un suivi impératif

Sans suivi, pas de progrès ! Comme dans toute démarche d'amélioration continue, les organisations devront se doter d'une série d'indicateurs en vue de mesurer les écarts et les progrès réalisés. «Parfois, un indicateur de gestion permet à l'entreprise d'observer ses progrès, mais est peu parlant pour le public qui veut voir les résultats plutôt que les moyens d'y parvenir», met en garde Corinne Gendron.

«On peut commencer par des indicateurs communs facilement mesurables, comme la réduction de la consommation d'énergie, de la consommation d'eau, des émissions de GES, et aller vers des indicateurs plus sophistiqués, comme le nombre de rencontres effectuées avec les communautés locales, le nombre de personnes de cette communauté employées par l'entreprise», suggère Luciano Barin-Cruz.

Ce processus oblige aussi les entreprises à harmoniser leurs modes de calculs : «Dans nos métiers, le calcul de l'intensité de l'énergie est mesuré au pied carré des aires communes : l'un de nos premiers défis a été de s'assurer que la mesure des aires communes soit effectuée de la même façon dans toutes les propriétés», explique Christine Babkine.

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