Entrevue n°208: Pierre Gattaz, président du Medef


Édition du 14 Juin 2014

Entrevue n°208: Pierre Gattaz, président du Medef


Édition du 14 Juin 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Les patrons français veulent-ils le dialogue social ?

P.G. - Bien sûr, mais un dialogue moins formel, plus direct, plus proche des salariés. Le dialogue social à la française est trop encadré et judiciarisé. On est arrivé à la fin de ce modèle.

D.B. - Vous voulez toutefois changer le contenu de ce dialogue...

P.G. - Oui, je veux intégrer le mot « économique ». Faire du dialogue social et économique. La France a trop longtemps mené un dialogue social indépendant du marché et des clients. Un dialogue soucieux de la protection des salariés, indépendamment de la santé des entreprises. Aujourd'hui, il faut parler d'adaptation permanente de l'outil de travail, de formation des employés et d'employabilité. Moi, comme entrepreneure, je ne sais pas faire de dialogue social lorsque je n'ai pas de clients et que je suis en perte. Il faut tout faire pour que les entreprises françaises aillent mieux et qu'elles aillent vite. Le défi consiste à faire comprendre aux partenaires sociaux que la France est en concurrence avec 150 pays.

D.B. - Vous désirez, entres autres, revoir les « seuils sociaux ». De quoi s'agit-il ?

P.G. - Ce sont les obligations sociales liées à l'augmentation du nombre d'employés. Par exemple, passer de 49 à 50 employés ajoute 35 obligations sociales. Il faut, entre autres, créer divers comités. Une entreprise de 50 employés aura 16 employés membres de comités qui doivent participer à des réunions. On peut simplifier, créer une seule instance, mener une seule réunion. Les seuils sociaux freinent l'embauche, les patrons en restent à 49 employés. Ce n'est pas un hasard si la France compte 2,5 fois plus d'entreprises de 49 personnes que de 50.

D.B. - Vous proposez un salaire minimum (SMIC) transitoire à un taux plus faible que le SMIC actuel. Pourquoi ?

P.G. - Le SMIC français coûte cher aux entreprises françaises. Le SMIC net, dans la poche des salariés, est de 1 100 euros par mois. Mais il coûte 1 850 euros aux entreprises, à cause des charges. Or, la France compte 3,3 millions de chômeurs, dont 1 million qui n'ont pas travaillé depuis deux ans. C'est dramatique. Il faut un SMIC transitoire - pendant six mois par exemple - plus faible ; l'écart serait comblé par l'État. Ainsi, le salarié conserve un pouvoir d'achat de 1 100 euros. Ma proposition a reçu une réponse politique : c'est inacceptable. Et on ne me propose rien en échange. J'ai l'intention de revenir à la charge.

D.B. - Quel rôle les entreprises jouent-elles dans la reprise ?

P.G. - En France, un rôle essentiel. Nos entreprises exportent peu, notre économie est peu intégrée à l'économie mondiale. Si elles retrouvent de l'air, elles pourront produire et exporter.

D.B. - De quoi l'économie française a-t-elle le plus besoin ?

P.G. - Les entreprises et leurs partenaires sociaux doivent retrouver le goût de la conquête. Devenir une France conquérante dans le monde.

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