La grève à Air Canada semble avoir été évitée

Publié le 12/10/2011 à 16:40, mis à jour le 12/10/2011 à 18:12

La grève à Air Canada semble avoir été évitée

Publié le 12/10/2011 à 16:40, mis à jour le 12/10/2011 à 18:12

Par La Presse Canadienne

Photo : Bloomberg

Les avions d'Air Canada ne resteront pas cloués au sol aux petites heures du matin jeudi, la grève des agents de bord ayant avorté à quelques heures de son déclenchement. Leur syndicat se dit quant à lui "scandalisé" par l'intervention du gouvernement fédéral dans le dossier.

Le droit des 6800 agents de bord de débrayer a été suspendu, parce que le gouvernement a demandé au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) de se pencher sur le conflit. Selon la loi, une grève ou un lock-out ne peut être déclenché tant que le CCRI étudie le dossier.

Dans un communiqué envoyé en milieu d'après-midi mercredi par la ministre du Travail Lisa Raitt, on peut lire que "le syndicat et l'employeur doivent poursuivre leurs activités normales de travail jusqu'à ce que le CCRI rende une décision quant à la question du maintien des activités".

"Une référence au Conseil suspend le droit de grève", a confirmé en entrevue la directrice exécutive du CCRI, Ginette Brazeau.

En conséquence, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a confirmé en fin de journée qu'il renonçait à entrer en grève tel que prévu.

Il a néanmoins décrié les tactiques de la ministre Raitt. "Ces manoeuvres disgracieuses ne sont rien de moins qu'une attaque en règle contre les droits de tous les travailleurs canadiens", a déploré son président, Paul Moist.

La fin de semaine dernière, les agents de bord ont rejeté l'entente de principe conclue entre le SCFP et la partie patronale. Ils avaient également donné un préavis de grève pour jeudi matin, mais se disaient toujours ouverts aux négociations.

Du côté du gouvernement, on invoque la sécurité des Canadiens pour justifier l'intervention du fédéral dans le litige opposant Air Canada et ses employés.

"J'ai demandé au CCRI d'examiner la situation à Air Canada pour s'assurer que la santé et la sécurité du public ne seront pas mises en péril", a indiqué la ministre.

Le CCRI devra d'abord analyser "la question des services devant être maintenus au cours d'une grève ou d'un lock-out, dans la mesure nécessaire pour prévenir des risques imminents et graves pour la sécurité ou la santé du publique".

Il aura également à se pencher sur "la possibilité d'imposer une entente aux parties ou de soumettre le litige (...) à un arbitrage exécutoire".

La ministre Raitt avait récemment dit craindre que l'interruption des activités du transporteur aérien entraîne des effets néfastes sur l'économie.

"D'abord, le gouvernement fédéral avait justifié son intervention superflue par sa soi-disant crainte qu'une grève porte atteinte à l'économie canadienne. Et maintenant, soudainement, la ministre Raitt croit qu'une grève mettrait en péril la santé et la sécurité des Canadiens", a ironisé M. Moist.

Selon lui, ce sont de simples "excuses" et le gouvernement fédéral "détourne" le CCRI en agissant de la sorte.

Mme Raitt n'avait par ailleurs pas exclu l'imposition d'une loi spéciale pour forcer le retour au travail des agents de bord. Cette menace ne pourrait être mise à exécution avant lundi, les parlementaires étant dans leur circonscription toute la semaine, ne siégeant pas à Ottawa.

"C'est totalement exagéré", a lancé un autre porte-parole du SCFP, Robert Bellerose, en entrevue plus tôt en journée. D'autres compagnies, comme Westjet, ont déjà annoncé qu'elles prendraient le relais en cas de conflit de travail à Air Canada en augmentant leur offre de service.

Pour le libéral Marc Garneau, par ses interventions musclées, le gouvernement conservateur perturbe l'équilibre des forces entre parties syndicale et patronale.

"Je pense que ça crée un climat qui n'est pas sain, un climat où le débat entre les deux côtés est en quelque sorte touché et affecté par le fait qu'il y a un gros marteau au-dessus de la tête, dans ce cas-ci, des employés", a-t-il signalé en point de presse.

L'attitude du gouvernement de Stephen Harper en ce qui a trait aux relations de travail sème la grogne dans tout le milieu syndical, a d'ailleurs prétendu M. Bellerose. D'autant plus que la ministre a ouvert la porte mardi à une refonte du Code du travail.

"Ce n'est pas particulier aux agents de bord. Vous pourriez avoir cette même conversation avec les gens des postes ou de n'importe quel secteur d'activité qui est gouverné par le Code du travail canadien", a-t-il déploré.

Mme Brazeau, du CCRI, ignore pour l'instant le temps que cela prendra au conseil pour étudier les questions qui lui ont été soumises par la ministre.

 

 

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