Un travailleur inspectant la turbine d'une éolienne dans une usine d'ABB. Photo : Bloomberg

ABB a annoncé lundi l'acquisition de l'américain Thomas & Betts, spécialiste des équipements à bas ou très bas voltage, pour 3,9 milliards de dollars (3 milliards d'euros), permettant au groupe suisse d'ingéniérie de renforcer sa position en Amérique du Nord.

Cet achat d'une société, dont l'activité s'apparente à celle du français Legrand, va permettre à ABB d'accéder à un réseau de plus de 6 000 distributeurs en Amérique du nord, doublant ainsi la taille du marché auquel il peut désormais avoir accès à 24 milliards de dollars, selon un communiqué.

Les deux entreprises sont présentes au Québec. Thomas & Betts emploie plus de 1 200 travailleurs dans la province, selon le classement Les Affaires 500.

"D'un point de vue stratégique, nous nous complétons très bien", a expliqué le directeur général d'ABB, Joe Hogan, cité dans le communiqué.

"Cette acquisition représente une autre grande étape dans notre objectif de renforcer notre présence sur le marché nord-américain, qui est très important pour nous", a-t-il souligné.

Le rachat de Thomas & Betts, qui doit contribuer aux résultats du groupe helvétique dès la première année, permettra à ABB d'atteindre ses objectifs de rentabilité visés en 2015 et de dégager des synergies de 200 millions de dollars dès 2016.

Pour Trak Mehta, membre de la direction, l'acquisition de Thomas & Betts "offre des possibilités inédites de croissance sur le marché américain des produits à basse tension".

Dans le détail, le groupe zurichois va proposer 72 dollars en numéraire et par titre aux actionnaires de Thomas & Betts, ce qui représente une prime de 24% par rapport au prix de clôture de vendredi.

ABB va financer l'opération par un prêt de 4 milliards de dollars contracté auprès de la banque américaine Merrill Lynch, qui sera remboursé par un mélange en numéraire et d'obligation.

La société américaine, qui emploie 9 400 personnes, a annoncé lundi dans un communiqué séparé avoir dégagé l'année dernière un bénéfice net en hausse de 29% à 187,5 millions de dollars et un chiffre d'affaires en progression de 14,6% à 2,3 milliards.

Thomas & Betts propose une large gamme de produits électriques pour les bâtiments commerciaux, industriels ou résidentiels, notamment des boîtiers de jonction, des colliers de serrage ou de connecteurs.

La société, dont le siège est à Memphis (est des États-Unis), produit également des composants de chauffage et de ventilation, ainsi que des éléments de connectivité pour la télévision câblée, de protection contre les surtensions et la foudre et d'éclairage de secours.

Malgré le bon accueil réservé à ce rachat par les analystes, le titre ABB reculait à la Bourse suisse de 2,21% à 19 francs suisses, dans un marché en baisse de 0,93% en début d'avant-midi.

Les spécialistes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) ont estimé que le rachat de Thomas & Betts était un "complément attractif" pour ABB dans le secteur des produits de basse tension en Amérique du Nord.

Le prix payé par ABB était par ailleurs jugé "modéré" par la ZKB, compte tenu de la marge opérationnelle.

"Ce rachat est stratégiquement judicieux, car il vient compléter l'activité (d'ABB) en Amérique du Nord", ont souligné les analystes de Vontobel dans une note.

ABB, qui doit publier le 16 février ses résultats annuels, a réalisé au troisième trimestre 2011 un chiffre d'affaires de 1,4 milliard de dollars (+15%) avec les produits à basse tension.