Qui est le plus frappé par la récession ?

Publié le 15/04/2009 à 00:00

Qui est le plus frappé par la récession ?

Publié le 15/04/2009 à 00:00

Par Olivier Schmouker

Pour en arriver à cette conclusion, la CIBC s'est servie d'un indice qu'elle a mis au point, celui de la qualité de l'emploi, qui tient compte de plusieurs facteurs, dont le nombre d'emplois à temps partiel par rapport aux emplois à temps plein et le nombre de travailleurs autonomes comparativement aux travailleurs salariés.

La banque a constaté que, certes, le Canada est frappé par la récession et 356 000 emplois ont été perdus depuis octobre dernier. Mais, la qualité des emplois restants est demeurée inchangée. Depuis octobre 2008, cet indice a diminué de seulement 0,2%, alors que 2,1% de la population active perdait son emploi.

Une étonnante résilience

Comment expliquer ce curieux phénomène? «De fait, la relative stabilité de la qualité de l'emploi au cours de la présente récession est en contradiction non seulement avec le rythme des pertes d'emplois au sein de l'économie, mais également avec la trajectoire observée durant les récessions précédentes», dit Benjamin Tal, économiste principal et auteur du rapport, de la CIBC.

Ainsi, pendant la récession de 1991, le recul de 3% du nombre global d'emplois avait coincidé avec une chute de 7,7% de leur qualité. Et cette fois-ci, la situation au Canada est également très différente de ce qui se passe aux Etats-Unis, où la qualité des emplois a régressé de 6,4% au cours de la dernière année et de 4,2 % pour les six derniers mois seulement.

M. Tal attribue cette étonnante résilience au fait que la plupart des emplois perdus jusqu'à présent sont liés à des postes peu rémunérés. Par exemple, le nombre total d'emplois occupés par des Canadiens de 20-24 ans a chuté de 4,2% durant la dernière année et de 2,9% au cours des six derniers mois seulement. «Et comme beaucoup de ces jeunes travailleurs oeuvrent dans des secteurs ou des postes pour lesquels la rémunération est inférieure au salaire moyen, cette tendance a positivement influé sur l'indice de qualité», commente M. Tal.

Les femmes s’en sortent mieux que les hommes

Facteur encore plus important, celui du rôle des femmes dans la population active, selon l’expert de la CIBC. Le taux d'emploi des femmes a bondi depuis dix ans, tout comme la qualité des postes qu'elles occupent. Le nombre de femmes membres d'une profession libérale dans le secteur des affaires et de la finance a progressé de pas moins de 50% au cours de la dernière décennie, soit plus du double du rythme observé parmi les hommes, précise M. Tal.

«Jusqu'à maintenant, les femmes s'en sortent mieux que les hommes au cours de la présente récession, avec un taux d'emploi total pratiquement inchangé par rapport à l'an dernier, comparativement à un recul de 3,3% chez les hommes. Et le fait que beaucoup de ces femmes occupent des emplois dont la qualité est relativement élevée est un important facteur dans la résilience dont fait preuve notre indice de qualité», dit l’expert.

Autre facteur notable : le nombre d'emplois à temps plein a considérablement reculé au cours de la dernière année, alors que le nombre d'emplois à temps partiel a augmenté de 3,5%, la plupart des gains ayant eu lieu durant les six derniers mois. Cette augmentation du nombre d'emplois à temps partiel a exercé une influence défavorable sur l'indice de qualité de l'emploi.

Vers de rapides hausses de salaires ?

À quoi s’attendre à court terme? Le marché du travail canadien va continuer de se détériorer dans les prochains mois, mais la qualité des emplois devrait poursuivre sa résilience.

«La relative stabilité de notre indice de qualité de l'emploi donne à penser que lorsque le marché du travail sortira de l'ornière, la progression des emplois se traduira par une augmentation des revenus beaucoup plus rapidement que par le passé. En effet, le bassin de travailleurs sera à la base de bien meilleure qualité qu'au moment des récessions précédentes», avance M. Tal.

EN SAVOIR PLUS :

Consultez l’étude de la CIBC (PDF)

À la une

É.-U.: les taux sont assez restrictifs pour faire baisser l’inflation, juge une responsable de la Fed

13:05 | AFP

Les taux sont assez restrictifs pour faire baisser l’inflation, a estimé Michelle Bowman, une gouverneure de la Fed.

Élections américaines: revue de la semaine

EXPERT INVITÉ. Le taux d'approbation, Kennedy, les «double haters», les débats et Kristi Noem.

Bourse: les gains du S&P 500 en 2024 restent fragiles

BALADO. Plus de la moitié du gain du S&P 500 lors des quatre premiers mois de 2024 est attribuable à... Nvidia.