(Photo: Bloomberg)
Le groupe suisse de matières premières Glencore, dont le siège est à Baar, près de Zurich, a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 30% de son action, qui atteint son plus bas historique.
«Une note publiée par la banque britannique Investec sur l'endettement des sociétés actives dans les matières premières a mis le feu aux poudres», a déclaré lundi à l'AFP un analyste d'une banque zurichoise sous couvert d'anonymat.
Selon cette note, les sociétés actives dans les matières premières et qui sont très endettées, comme c'est le cas de Glencore, seraient en péril, dans un contexte de baisse continue des prix des matières premières.
«Glencore a une dette d'environ 30 milliards de dollars, chez ses concurrents comme Rio Tinto ou BHP Billington la dette est moins élevée», a-t-il ajouté.
Cette forte chute traduit tout le malaise actuel dans le secteur des matières premières confronté à une baisse des prix, et aux incertitudes concernant la situation économique de la Chine.
«Je pense que les fondamentaux sont bons, et que ces réactions sont exagérées, a estimé l'analyste, qui ajoute que Glencore a déjà annoncé toute une série de mesures pour redresser la barre. "Malheureusement la confiance n'est pas encore revenue», indique-ton dans les milieux boursiers.
Comme par effet de boomerang, la Kwacha, la devise de la Zambie, où Glencore est très présent dans des mines de cuivre, s'est aussi effondrée lundi, perdant plus de 16% sur le marché des changes.
Le titre Glencore plongeait quant à lui de -31,18% à 66,91 pence à la mi-journée pour clore lundi à moins 29,42% à 68,62 pence.
Le cours de Glencore s'enfonçait ainsi très loin en dessous de son prix d'entrée à la Bourse de Londres en 2011, qui était de 530 pence.
Concrètement, le titre ne vaut plus aujourd'hui que 12% de sa valeur, quand il a été introduit en fanfare en Bourse en 2011, 17 ans après sa création.
Glencore, dirigée par le Sud-Africain Ivan Glasenberg, devenu multimilliardaire après la fusion avec Xstrata en 2013, traverse une crise sans précédent, en raison de la chute des prix des métaux.
Le 7 septembre dernier, Glencore a annoncé une série de mesures drastiques pour réduire son endettement face à la chute des cours des métaux.
Il a ainsi lancé une augmentation de capital de 2,5 milliards de dollars, suspendu le versement de dividendes, annoncé des ventes d'actifs et une baisse de ses investissements.
Mais si les prix restent faibles, «Glencore pourrait devoir entreprendre de nouvelles restructurations», estime Investec.
Glencore est une société fondée par les anciens proches du légendaire trader Marc Rich (1934-2013). Cet homme d'affaires, né en Belgique, mais qui avait 5 nationalités (américaine, espagnole, israélienne, belge et suisse) avait bâti une grande partie de sa fortune en contournant l'embargo sur l'Iran.
A ce titre, il a été poursuivi et condamné aux États-Unis pour violation d'embargo.
Réfugié en Suisse, Marc Rich y a installé le siège de sa société à Zoug.
Entre 1983 et 2001, Marc Rich a figuré sur la liste des 10 réfugiés les plus recherchés par le FBI, avant d'être gracie par Bill Clinton, juste avant qu'il ne quitte la présidence des Etats-Unis.
En 1994, Marc Rich est confronté à une rébellion de sa garde rapprochée et lui vend ses parts pour 600 millions de dollars. Ces anciens collaborateurs, menés par Ivan Glasenberg, fondent alors Glencore.
D'autres anciens collaborateurs de Marc Rich créent un autre groupe, Trafigura.
En 2011, Glencore, toujours avec Glasenberg à sa tête, employait plus de 57000 personnes dans 30 pays dans le monde et entre en Bourse, avec une cotation à Londres.
Ivan Glasenberg contrôle 15,8% des actions du groupe.
En 2012, Glasenberg lance une OPA amicale sur son concurrent Xstrata. Après de longues discussions et tractations, les deux groupes fusionnent, et donnent naissance à un nouveau géant des matières premières.
La nouvelle action Glencore-Xstrata est cotée à Londres depuis le 3 mai 2013. A l'époque, le titre valait 343 pence, soit 5 fois plus qu'aujourd'hui.
