Émissions GES: quel est le dernier bilan du Québec?

Publié le 20/12/2023 à 15:35

Émissions GES: quel est le dernier bilan du Québec?

Publié le 20/12/2023 à 15:35

Par La Presse Canadienne

Le bilan du gouvernement indique que le Québec s’est maintenu au premier rang au Canada au niveau des émissions de GES par personne, avec 9 tonnes équivalent CO2 (t éq. CO2) par habitant, soit la moitié du taux pour l’ensemble du Canada, établi à 17,5 t éq. CO2. (Photo: La Presse Canadienne)

Québec — Le Québec a enregistré en 2021 des niveaux d’émission de gaz à effet de serre (GES) inférieurs à ceux d’avant la pandémie, mais supérieurs à ceux de 2020, selon le rapport sur la cible de réduction du gouvernement rendu public mercredi.

Le Québec a rejeté 77,6 millions de tonnes équivalent de dioxyde de carbone dans l’atmosphère en 2021, soit une baisse de 5,6% comparativement à 2019, qui était le dernier bilan prépandémie.

On observe toutefois un léger rebond par rapport à 2020, une année où plusieurs mesures sanitaires avaient ralenti l’économie et où les Québécois avaient rejeté 74 mégatonnes dans l’atmosphère.

«L’année 2020, c’est l’année de la pandémie, il fallait prendre les résultats avec un grain de sel» car «ils étaient faussés», tandis que 2021, «c’est aussi des chiffres qu’il faut prendre avec une certaine réserve», mais «lorsqu’on compare avec 2019, c’est encourageant», a indiqué le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, lors d’une conférence de presse.

Il a ajouté que les prévisions pour 2022 donnent «le sentiment d’avoir plafonné dans nos émissions de GES».

Le bilan du gouvernement indique que le Québec s’est maintenu au premier rang au Canada au niveau des émissions de GES par personne, avec 9 tonnes équivalent CO2 (t éq. CO2) par habitant, soit la moitié du taux pour l’ensemble du Canada, établi à 17,5 t éq. CO2.

Les GES du Québec représentent 11,6% des émissions canadiennes ; à elle seule, l’Alberta est responsable de 38,2% des émissions du pays.

GES par secteur

Le secteur des transports est toujours le principal contributeur de GES.

Le transport routier, aérien, maritime, ferroviaire et hors route a ainsi généré 33 Mt éq. CO2, soit 42,6% des émissions totales du Québec. Le rapport sur la cible de réduction souligne toutefois qu’en 2021, les émissions de ce secteur se situent sous le niveau prépandémique.

Si on tient compte seulement du transport routier, sa part sur les émissions totales du Québec est passée de 24,5% en 1990 à 31,2% en 2021.

Ces émissions ont donc diminué de 7,9% par rapport à 2019.

Le secteur industriel est le deuxième plus grand émetteur, avec 25 Mt éq. CO2, ce qui représente 32,3% des émissions totales.

Les émissions du secteur industriel ont diminué de 22% depuis 1990, selon l’inventaire.

«Cette baisse est en partie attribuable à l’amélioration constante de l’efficacité énergétique, de même qu’à la substitution de certains combustibles», peut-on lire dans le rapport.

L’agriculture suit au troisième rang, avec 8,1 Mt éq. CO2, soit 10,4% des émissions de GES.

Les bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels (chauffage) viennent au quatrième rang, avec 7,0 Mt éq. CO2, soit 9,1% des émissions.

Le secteur des matières résiduelles, en baisse depuis quelques années, contribue à hauteur de 4 Mt éq. CO2 (5,2%).

Loin de la cible pour 2030

En 2015, après l’Accord de Paris, le Québec s’est donné comme mission de réduire de 37,5% les émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990.

À la lumière de ce rapport, les émissions ont diminué de 8,9% sur le territoire entre 1990 et 2021. Mais cet inventaire ne tient pas compte des données provenant du marché du carbone ; si celles-ci étaient compilées, on observerait une réduction plus marquée des GES.

La baisse des émissions de GES de 8,9% observée depuis 1990 «est principalement attribuable à la diminution des émissions du secteur de l’industrie et du secteur du chauffage résidentiel, commercial et institutionnel», selon le rapport du gouvernement.

Par ailleurs, le rapport souligne que depuis 1990, la population a augmenté de 23% et le PIB a connu une hausse de 78%.

GES par type de gaz

En 2021, le dioxyde de carbone (CO2), qui provenait principalement des transports, représentait 78,3% des émissions de GES.

Les émissions de méthane (CH4) représentaient 11,6%, et celles d’oxyde nitreux (N2 O), 5,8%. Ces deux gaz étaient majoritairement émis par le secteur de l’agriculture.

Le CO2, le CH4 et le N2 O correspondaient donc à 95,7% des émissions totales de GES.

Prévisions des émissions pour 2022

Les données pour l’année 2022 ne sont pas encore complètement enregistrées, mais les fonctionnaires du gouvernement qui ont présenté le rapport mercredi prévoient, pour la première fois, une réduction de la consommation de carburants, que le ministre de l’Environnement estime à 9% liée à une baisse du nombre de véhicules thermiques en 2022.

En conférence de presse, Benoit Charette a indiqué que pour la première fois depuis 1985, le nombre de véhicules thermique aurait diminué au Québec en 2022, une réduction estimée à 40 000 véhicules.

Malgré la réduction prévue du nombre de véhicules thermiques au profit des véhicules électriques, les fonctionnaires prévoient une hausse de 1,4% des émissions en 2022, comparativement à 2021. Cette hausse est notamment expliquée par la reprise de certaines activités économiques, qui avaient été ralenties durant la pandémie.

Bilan des actions de 2022-2023

Le ministère de l’Environnement a également présenté un bilan de son «action climatique» pour 2022-2023.

Parmi les faits saillants, le gouvernement a souligné la conversion de plus de 11 000 systèmes de chauffage aux combustibles fossiles, en tout ou en partie, vers des énergies renouvelables, l’ajout de 367 bornes rapides publiques au réseau existant et un investissement de 100 millions de dollars pour lutter contre l’érosion et la submersion des côtes au Québec.

Également, le ministère de l’Environnement a souligné une «augmentation substantielle» du nombre de projets visant à rendre des institutions, des commerces et des industries plus sobres en carbone.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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