Ottawa a pris une pause dans ses négociations commerciales avec New Delhi

Publié le 01/09/2023 à 14:21

Ottawa a pris une pause dans ses négociations commerciales avec New Delhi

Publié le 01/09/2023 à 14:21

Par La Presse Canadienne

Le haut−commissaire indien au Canada, Sanjay Kumar Verma, a déclaré qu’«au cours du dernier mois», Ottawa avait réclamé une pause dans les négociations en cours, qui sont encore au stade de l’«accord commercial des premiers progrès». (Photo: La Presse Canadienne)

L’émissaire de l’Inde au Canada soutient qu’Ottawa a pris un pas de recul dans les négociations en vue d’un accord commercial bilatéral, juste avant que le premier ministre Justin Trudeau ne se rende à New Delhi, la semaine prochaine.

Le haut−commissaire indien au Canada, Sanjay Kumar Verma, a déclaré qu’«au cours du dernier mois», Ottawa avait réclamé une pause dans les négociations en cours, qui sont encore au stade de l’«accord commercial des premiers progrès», étape de transition vers la conclusion d’un éventuel «Accord de partenariat économique global» entre l’Inde et le Canada.

Dans une entrevue à l’approche du sommet du G20 de la semaine prochaine, à New Delhi, M. Verma a indiqué que pour une raison qu’il ignore, les négociateurs canadiens avaient demandé une pause dans les pourparlers, ce que l’Inde a accepté de bonne grâce.

Les deux pays négocient depuis mars 2022 un accord commercial bilatéral qui serait toutefois limité à certains secteurs ciblés, plutôt que de s’étendre à l’ensemble de leurs économies.

Ces pourparlers font suite à une interruption de cinq ans; les deux pays avaient entamé des négociations en 2010 pour un «accord de partenariat économique global», mais ils ont abandonné ce projet en 2017.

M. Verma a déclaré qu’il y avait eu récemment un rythme intense de négociations, ce qui, selon lui, reflète le sérieux des deux capitales dans leur désir de tisser des liens économiques plus étroits.

«Tenir 10 rondes de pourparlers en 13 mois, c’est énorme, a-t-il souligné en entrevue jeudi. Parfois, les choses progressaient si vite que les parties n’étaient pas en mesure de prendre toute la mesure du résultat.»

M. Verma, qui a lui−même déjà négocié des ententes commerciales, estime qu’il est possible qu’Ottawa ait demandé du temps pour mieux informer les associations industrielles des propositions soumises à la table de négociations.

«Maintenant que nous approchons de la fin des négociations, nous comprenons très bien qu’il doit y avoir probablement davantage de consultations avec les différents intervenants», a-t-il suggéré.

La ministre canadienne du Commerce international, Mary Ng, et Affaires mondiales Canada ont été invitées à commenter.

En mai dernier, la ministre Ng déclarait qu’il ne faudrait «pas des années» avant que les deux parties signent un accord. Elle avait eu ces commentaires lors d’une visite au Canada de son homologue indien, le ministre Piyush Goyal.

À l’époque, les deux ministres avaient publié une déclaration affirmant qu’ils préconisaient «le renforcement des liens commerciaux entre les deux pays» dans des secteurs comme «les produits agricoles, les produits chimiques, les technologies vertes, les infrastructures, l’automobile, l’énergie propre, l’électronique ainsi que les minéraux et les métaux».

La nouvelle d’une pause dans les pourparlers a surpris Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires, qui réclame depuis des années un accord commercial avec l’Inde — et envoie souvent des délégations dans ce pays.

«Ce dossier a évolué en montagnes russes tumultueuses au fil du temps, a-t-il déclaré vendredi dans une entrevue depuis Hyderabad, en Inde, justement.

M. Hyder souligne que l’Inde conclut lentement ses accords commerciaux et a tendance à adopter des politiques protectionnistes, ce qui rend les négociations délicates. Mais il soupçonne également que les pourparlers ont été entravés par des tensions au sujet d’une partie de la communauté sikhe au Canada qui prône la séparation d’une partie du Pendjab.

«Je ne pense pas qu’un pays, quel qu’il soit, tolérerait l’ingérence d’un tiers dans sa souveraineté ou ses affaires intérieures. Il y a certains éléments que je qualifierais de malveillants qui aimeraient perturber l’accord commercial», a-t-il déclaré.

M. Hyder a soutenu que les deux gouvernements devraient éviter de laisser ces éléments faire déraper un accord commercial qui bénéficierait aussi bien à l’Inde qu’au Canada.

Nadir Patel, ancien haut−commissaire du Canada en Inde, a déclaré dans une entrevue que le commerce entre les deux pays augmenterait quoi qu’il arrive, mais qu’un accord commercial stimulerait les deux économies.

«Si vous êtes un chef d’entreprise canadien, l’Inde est un endroit où vous voulez être, a déclaré M. Patel. Il y a certainement une volonté des deux côtés de conclure un accord. Mais tout accord doit être “gagnant−gagnant”», a déclaré M. Patel, qui est aujourd’hui conseiller stratégique principal chez Norton Rose Fulbright Canada.

M. Hyder, du Conseil canadien des affaires, est aussi de cet avis. Il précise toutefois que parvenir à un accord qui soit «gagnant−gagnant» pour les deux pays pourrait exiger que les pourparlers se poursuivent au−delà des élections générales du printemps prochain en Inde, et peut−être jusqu’à la fin éventuelle du mandat du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau en 2025.

«Je ne voudrais pas que notre gouvernement signe un mauvais accord. Je pense qu’il vaut mieux ne pas avoir d’accord du tout», a-t-il déclaré.

La ministre Ng devrait par ailleurs se rendre en Inde en octobre pour une mission commerciale canadienne.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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