[Photo : Bloomberg]
Les traditionnelles vacances de la construction, un trait de la société distincte du Québec, commenceront officiellement dimanche mais déjà, sur certains chantiers, on observait jeudi un ralentissement.
Pas moins de 145 000 chèques de vacances totalisant 326 millions $ ont été émis par la Commission de la construction du Québec (CCQ) à autant d'ouvriers.
Signe que l'industrie de la construction est encore en pleine effervescence, il s'agit d'une hausse de 10,1 pour cent comparativement à l'an dernier.
"C'est une belle tradition québécoise. Les Ontariens, les travailleurs de l'autre côté, nous envient", a dit en entrevue André Martin, conseiller en relations publiques pour la CCQ.
En Ontario, tous les travailleurs ne sont pas syndiqués et ils doivent négocier leurs vacances au cas par cas. Il n'y a donc pas de coordination. Au Québec, "les parties patronales et syndicales ont toujours convenu que c'était plus pratique d'arrêter en même temps", a précisé M. Martin.
Ce ne sont pas tous les chantiers, toutefois, qui seront interrompus du 24 juillet au 6 août. Les chantiers de voirie et de génie civil, par exemple, qui sont freinés par l'hiver, peuvent continuer durant les vacances.
Reste qu'environ 85 pour cent des ouvriers prennent leurs vacances durant ces traditionnelles deux semaines.
Ces vacances de la construction entraînent souvent aussi des vacances obligées chez les fournisseurs et les fabricants de matériaux, qui en profitent eux aussi.
Le mythe de l'ouvrier de la construction qui part nécessairement en vacances aux États-Unis a la vie dure. Pourtant, la majorité des ouvriers passent leurs vacances au Québec, assure le porte-parole de la CCQ. "Dans plusieurs cas, ce sont des gens qui sont originaires des régions et travaillent à Montréal. Pour les vacances, ils retournent en famille; ils vont à la pêche. C'est sûr qu'il y en a certains qui vont aux États-Unis, en Europe, mais la plupart vont autour. Et ils en profitent pour faire des travaux. Et c'est réparti à travers tout le Québec ces sommes-là", a résumé M. Martin.
Un ouvrier de la relève, Maxime Morin, de la région de Kamouraska-Rivière-du-Loup, est venu à Montréal pour travailler comme électricien après sa formation dans la construction, il y a un mois. "Je retourne dans mon coin de pays, dans le Bas du fleuve, pour profiter du beau temps là", a-t-il confié, alors qu'il travaillait sur le chantier de construction du futur siège social de la CCQ.
Marcel Grondin, un plâtrier qui travaille depuis une trentaine d'années dans la construction, commençait tout juste ses vacances jeudi. "On va aller se promener sur le bord de la plage aux États-Unis, à Hampton Beach, puis je vais travailler chez nous un peu", a-t-il dit, tout en promettant d'éviter le travail de construction.
Martin Tardif, électricien comptant une dizaine d'années d'expérience, avait bien hâte à ses vacances. "Je m'en vais à Las Vegas, je pars vendredi midi, puis je reviens, puis je me repose avec mes enfants", a-t-il dit.
Il a bien quelques petits travaux de rénovation à faire à la maison, "mais pas pendant les vacances; c'est pour les fins de semaine quand je travaille".
Économiste à la CCQ, Pauline Dupuis a expliqué que la main-d'oeuvre dans la construction a bien changé depuis quelques années. "Il y a jusqu'à 15 000 nouveaux travailleurs par année qui entrent (dans l'industrie). Et nous, on compte en bonne partie sur des retours de travailleurs. Il y a des travailleurs qui s'absentent de l'industrie pour différentes raisons pendant une année ou deux et qui reviennent. Et il y a beaucoup de nouveaux qui sortent des écoles aussi. Donc, on n'a pas de problème de recrutement de la main-d'oeuvre actuellement", a-t-elle indiqué.
