Une ville en santé, une ville qui marche

Publié le 17/03/2008 à 14:21

Une ville en santé, une ville qui marche

Publié le 17/03/2008 à 14:21

Par lesaffaires.com
Entrevue avec Marie Demers, auteure du livre "Pour une ville qui marche" (éditions Écosociété, 2008) 1- L'automobile et la marche sont-ils compatibles ? Je crois que l'expérience de plusieurs villes européennes confirme que la cohabitation est possible. Il faut toutefois redonner aux piétons la place qui leur revient. Actuellement, les villes nord-américaines sont conçues seulement en fonction de l'automobile. Il faut non seulement faciliter les transports actifs et collectifs, mais aussi rendre plus difficile l'utilisation de la voiture, un peu comme on l'a fait avec les fumeurs. Progressivement, le nombre d'endroits où les gens pouvaient fumer a diminué, et le prix des cigarettes a augmenté. Dans le même sens, il est important de diminuer le nombre de stationnements et de réduire la largeur des voies, par exemple. Il faut aussi rendre la marche, le vélo et les transports en commun plus agréables et attrayants. 2- Qu'est-ce qui limite le plus la marche: le manque de volonté individuelle des gens et les contraintes systémiques qui limitent les déplacements à pieds ? Je ne crois pas que ce soit la volonté de marcher qui manque. Les gens ne sont pas paresseux. C'est plutôt que l'environnement urbain dans lequel ils doivent se déplacer à pied est souvent moche et dangereux. Quand on leur propose une alternative intéressante, les gens répondent positivement, comme le démontre le succès important des nouvelles pistes cyclables à Lévis, en face de Québec. 3- Est-ce réaliste de promouvoir la marche utilitaire dans nos villes de moins en moins denses ? Non seulement est-ce réaliste, je dirais que c'est vital ! Il y aujourd'hui beaucoup d'enfants qui sont si inactifs que le moindre effort leur est difficile. En tant que société, nous créons des petits handicapés ! Il faut donc limiter l'étalement urbain, pour augmenter la densité démographique. De cette manière, on augmente la présence de services de proximité, qui sont plus facilement accessibles à pied ou en transports collectifs, qui deviennent plus rentables et efficaces où la densité de l'habitation est plus élevée. Malheureusement, si les autorités municipales annoncent des investissements dans les transports en commun, il n'y a que peu d'efforts visant à limiter l'étalement urbain. 4- Plusieurs des exemples que vous citez dans votre livre sont américains. À quel point est-ce que la situation au Québec et au Canada est différente ? Nous sommes un peu en retard dans les problèmes vécus aux États-Unis, mais nous accusons le même retard dans la mise en place de solutions. Par exemple, la Federal Highway Administration consacre obligatoirement une proportion de son budget d'infrastructures aux transports actifs. Des villes comme Milwaukee, Portland, Atlanta et St-Louis ont instauré des solutions novatrices, qui vont d'élargir les trottoirs, à mettre en place des lignes de tramway ou à limiter l'accès des voitures au centre-ville. En général, je trouve que le Canada est en retard dans tout le mouvement qui veut redonner la place à l'humain dans la ville. Ceci dit, notre héritage européen se traduit dans les grandes villes canadiennes par une emphase sur les transports en commun que l'on voit moins souvent aux États-Unis. 5- En matière de santé publique, il serait selon vous plus efficace de convaincre les gens d'être moins sédentaires, plutôt que de les encourager à faire de l'exercice physique. Pouvez-vous élaborer ? Inviter les gens à faire du sport ou à s'inscrire au gym donne certains résultats, mais il est très difficile pour la plupart d'entre nous de rester engagés dans une telle démarche. Pire, ceux qui persévèrent, les plus motivés, sont souvent les gens qui sont le plus en forme, et qui donc ont le moins besoin de cet exercice supplémentaire. Une étude sur les cours prénataux était d'ailleurs arrivée à la même conclusion, alors que les futures mamans qui s'inscrivaient aux cours étaient celles qui étaient déjà les mieux préparées à la vie maternelle. Pour rejoindre les gens très sédentaires, il faut plutôt intégrer l'activité physique dans leur routine quotidienne. On peut y arriver notamment en misant sur les services de proximité. En fait, cela revient à la nécessité de rendre la marche agréable, attrayante et sécuritaire. 6- Et si on terminait par le début ? Quelle est la première étape clé vers une ville qui marche ? Selon moi, les autorités municipales doivent adopter une vision intégrée du développement urbain. Il ne faut pas se contenter de rendre piétonne une rue du centre-ville pendant l'été et en même temps agrandir les autoroutes et les ponts. Au contraire, plusieurs mesures nous permettraient de diminuer la place de l'automobile sans nécessiter des investissements importants. On pourrait rétrécir la largeur des rues, transformer des terrains vagues en parcs et éliminer les espaces de stationnement. Je ne suis pas contre l'automobile, j'en possède d'ailleurs une. Mais je crois que tous les moyens de transport ont une utilité spécifique, mais la prépondérance actuelle de l'automobile empêche la cohabitation avec les autres moyens de transport. Pour aller plus loin: http://www.ecosociete.org/t114.php Pour une ville qui marche

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