Deux semaines à peine après son entrée en poste, Katherine Cyr a dû prendre la décision d'annuler ou non la tenue ...
Deux semaines à peine après son entrée en poste, Katherine Cyr a dû prendre la décision d’annuler ou non la tenue du premier spectacle produit par l’Opéra de Québec depuis le début de la pandémie.
Plutôt que de rayer du calendrier cette représentation, le gala de la Journée mondiale de l’opéra a été diffusé gratuitement sur Facebook et YouTube le 25 octobre. Une première pour l’organisation de plus de 35 ans.
Si ce choix a été forcé par le passage en zone rouge de la Capitale-Nationale, la nouvelle directrice générale de l’Opéra estime qu’il donne un avant-goût de ce vent de modernité qui soufflera maintenant sur la maison du chant lyrique.
«On veut transformer en avantage les contraintes que l’on a. On doit se réinventer et être innovateur, et ce, même dans nos productions», explique celle qui a une maîtrise en linguistique.
Le fer de lance de sa stratégie sera de rendre plus accessible l’opéra, sans dénaturer cet art. Katherine Cyr désire moderniser le positionnement de l’organisation, se rapprocher de son public et aller à sa rencontre, notamment en travaillant sur des collaborations nouvelles et des créations originales, en se produisant dans différents contextes, et ce, plus de deux fois par année.
Celle qui succède à Grégoire Legendre reconnaît que si le gala du 25 octobre a pu être diffusé gratuitement, c’est parce que l’organisation lui a été laissée en bonne posture financière malgré la pandémie. Certes, l’annulation de leurs représentations du printemps et de l’automne constitue une perte importante de revenu cette année. L’Opéra de Québec est toutefois parvenu à réaliser des économies en ne produisant pas de spectacle. «Un opéra engage entre 100 et 200 personnes par production ; ce sont les créations les plus onéreuses et celles qui ont le plus d’envergure dans les arts de la scène.»
Financer cette ambition
Néanmoins, l’organisation a besoin de plus de fonds, un défi semblable à ceux que Katherine Cyr a rencontrés dans le cadre de ses précédents postes de direction dans des OBNL. La production de scénarios originaux, notamment, «requiert de plus gros budgets, ce pour quoi il faut déjà prévoir de plus importantes campagnes de financement, des commandites et des dons», explique l’ancienne directrice des opérations de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. Pour y parvenir, elle veut former des ponts avec le secteur privé et les jeunes, cette relève qu’elle souhaite attirer dans ses représentations et dans ses collectes de fonds.
L’équipe réalise de nouvelles campagnes de financement, mais leur portée est encore limitée, selon Katherine Cyr. La directrice générale de l’Opéra de Québec n’associe pas directement ce défi à la baisse des abonnements, conséquence directe de la consommation à la carte des amateurs d’art de la scène dans les dernières années. Elle pointe plutôt du doigt le plus faible rayonnement de la maison auprès d’un public de non-initiés, un autre problème auquel elle souhaite s’attaquer. Déjà, leurs efforts semblent porter leurs fruits, car leur campagne attire de nouveaux donateurs, qui n’avaient pas l’habitude de financer l’Opéra de Québec.