Qu'ont en commun la Grèce et le Québec ?

Publié le 22/03/2010 à 15:28

Qu'ont en commun la Grèce et le Québec ?

Publié le 22/03/2010 à 15:28

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. « Vous et vos parents dépensez beaucoup d’argent pour aider le Québec et ils paient la moitié des droits de scolarité que vous déboursez. »

C’est ce qu’a promis de dire aux étudiants de sa province le ministre des Finances de l’Alberta, Ted Morton, lors de la présentation du budget de son gouvernement le mois dernier. Cette citation a été publiée dans le Toronto Star 20 mars dernier.

Pour sa part, le premier ministre albertain Ed Stelmach a déclaré dans la foulée du sommet de Copenhague que sa province a versé à Ottawa 21 milliards de dollars de plus qu’elle a reçu du gouvernement central au cous des dernières années et que « cela ne pouvait continuer ». Celui-ci en avait surtout contre l’attitude du Premier ministre du Québec qui a semoncé Ottawa quant à l’impact environnemental des sables bitumineux, dont l’exploitation crée pourtant de la richesse pour les provinces qui bénéficient de la péréquation.

Ces déclarations illustrent la frustration des Albertains, dont la province produit beaucoup de richesse au profit de tous les Canadiens à travers les impôts perçus par Ottawa et redistribués en paiements de transfert aux provinces.

Selon l’article du Toronto Star, le Québec offre à sa population des services à très bas prix (garderies, assurance médicaments, assurance parentale, enseignement post-secondaire à droits de scolarité) qu’il n’a pas les moyens de se payer et que les autres provinces n’offrent pas à leurs propres citoyens.

La Grèce et l’Allemagne

L’attitude de certains Albertains envers le Québec ressemble à celle de certains Allemands envers la Grèce.

Cette dernière a été indisciplinée sur le plan fiscal et des politiques sociales. Elle s’est donné des services qu’elle n’avait pas les moyens de se payer. De plus, elle a été d’une telle générosité envers ses fonctionnaires qu’elle a créé deux classes de citoyens : les gras durs de la fonction publique et les salariés du privé qui n’ont rien de comparable. La population allemande refuse de payer pour des avantages dont elle ne bénéficie pas elle-même.

La Grèce est néanmoins bien pire que le Québec a plus d’un égard. Elle tolère un haut degré de travail au noir, son encadrement réglementaire fait la vie dure aux entreprises, ses lois du travail sont très rigides et ses comportements éthiques laissent à désirer (elle a une cote de 3,8 sur 10 pour le « Corruption Perceptions Index de Transparency International). Par étonnant qu’elle ait eu recours à Goldman Sachs en 2001 pour embellir sa situation financière et faciliter son entrée dans l’euro.

Bang dans le mur

La Grèce s’est mise dans le pétrin et il se pourrait que l’Europe se déchire (l’Allemagne et la France ont des vues opposées) quant à l’opportunité d’aider la Grèce à s’en sortir.

À sa manière, le Québec a aussi frappé le mur. Nous vivons au-dessus de nos moyens. Il faudra tôt ou tard payer. Notre dette et la part de la dette fédérale que nous supportons représentent 94 % du produit intérieur brut canadien, ce qui nous place au cinquième rang de tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique, derrière le Japon, l’Italie, la Grèce et l’Islande. Ouf !

Si les revenus tirés des sables bitumineux déclinent pour différentes raisons, Ottawa aura moins d’argent à mettre dans la péréquation, ce qui amènera le Québec à devoir compter davantage sur ses propres moyens.

Avec les leçons que Jean Charest a servies au Premier ministre Stephen Harper, un fils de la fière Alberta, la proportion de Canadiens des provinces riches qui nous diront de moins compter sur leur argent pourrait bien grandir.

Le mur nous paraîtra encore plus dur, très dur même.

 

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