L’inflation mine le moral des soldats canadiens, selon l’aumônerie royale canadienne

Publié le 10/10/2023 à 11:37, mis à jour le 10/10/2023 à 18:29

L’inflation mine le moral des soldats canadiens, selon l’aumônerie royale canadienne

Publié le 10/10/2023 à 11:37, mis à jour le 10/10/2023 à 18:29

Par La Presse Canadienne

Les récents changements apportés à l’allocation de logement de l’armée signifient que davantage de militaires subalternes recevront de l’aide, mais les militaires plus expérimentés déclarent avoir plus de difficultés à trouver un logement. (Photo: La Presse Canadienne)

Ottawa — De nombreux soldats peinent à composer avec le coût de la vie élevé. En conséquence, leur moral a atteint un creux inédit depuis plusieurs années, affirme le Service de l’aumônerie royale canadienne.

Dans une note écrite au chef d’état-major de la Défense, les aumôniers affirment que de plus en plus de membres des Forces armées demandent de l’aide pour joindre les deux bouts.

Les aumôniers indiquent qu’ils s’attendent à ce que les dons à Tenons-nous ensemble, un organisme à but non lucratif qui soutient les familles de militaires, doublent cette année. Toutefois, ils estiment que c’est une solution à court terme.

Le mémo indique que certains soldats ont déclaré qu’ils envisageaient d’être libérés de l’armée pour éviter d’être affectés dans certains endroits.

De récents changements apportés à l’allocation de logement de l’armée ont présenté de nouveaux défis pour certains. Les Forces armées ont annoncé en mars que la nouvelle allocation serait basée sur le salaire, et non sur l’endroit d’où opère un soldat.

Le nouveau programme est accessible à environ 28 000 soldats, mais environ 7700 membres ne seraient plus admissibles et des milliers d’autres verraient leurs paiements mensuels réduits. Les responsables ont déclaré que cela entraînerait une économie de 30 millions de dollars par an.

En août, l’armée a décidé de supprimer progressivement les anciennes allocations de logement, afin d’aider des milliers de militaires qui risquaient de perdre ces allocations.

Les troupes qui auraient vu leurs allocations de logement diminuer dans le cadre du nouveau programme continueront de recevoir certaines allocations jusqu’en juillet 2026.

Néanmoins, le mémo indique que le coût élevé du logement est une préoccupation pour beaucoup.

«Il convient de noter en particulier les membres qui ont pris des engagements financiers en 2022, au plus fort du marché immobilier, ou après avoir reçu des instructions de détachement début 2023 ; certains sont désormais confrontés à des défis importants pour faire face à leurs obligations financières ou pour trouver un logement approprié», peut-on lire.

Le manque de personnel dans de nombreuses bases et escadres a conduit à des tensions et des conflits «omniprésents» sur le lieu de travail, en particulier dans les endroits où il existe des règles différentes pour le personnel militaire et civil concernant le travail à domicile.

«Dans des environnements en sous-effectif où les opérations normales doivent être maintenues, la reconstitution (ndlr: une stratégie pour maximiser le personnel là où il y a des besoins) est désormais considérée comme un simple mot, plutôt que comme quelque chose qui revitaliserait la mission des FAC et ferait une réelle différence dans la vie professionnelle des membres», indique la note.

La note fait aussi état qu’un nouveau processus d’évaluation des performances avait été vécu de manière très négative, beaucoup affirmant que le système était sujet à des problèmes et qu’il prenait trop de temps à mettre en œuvre. Le système a «nui aux relations avec les subordonnés» et donne aux gens le sentiment que leur travail n’est pas apprécié à un moment où ils assument davantage de tâches en raison d’un manque de personnel.

Mesures saluées

Sur une note positive, la missive souligne que certains membres affirment que leur lieu de travail «semble devenir psychologiquement plus sûr» et qu’ils peuvent communiquer leurs problèmes avec leurs chaînes de commandement.

La possibilité pour les membres de prendre des congés supplémentaires pour des observances religieuses a reçu un soutien.

Il y a également eu des retours positifs, notamment de la part des membres féminins des FAC, sur les changements de code vestimentaire qui permettent aux gens de mieux exprimer leur individualité.

Les aumôniers soulignent toutefois que le nouveau code vestimentaire suscite les critiques de certains membres, qui estiment qu’il «pourrait éroder le sentiment de mission commune, d’identité et de cohésion d’équipe».

«Le rythme et l’ampleur des changements au sein des FAC ont des répercussions simultanées sur de nombreux domaines de la vie militaire, notamment les avantages sociaux, l’évaluation et la culture. Bien qu’involontaires, ces changements, parallèlement aux efforts des FAC pour reconstituer la force, ont amené de nombreux dirigeants et membres des FAC à se sentir davantage sous-évalué et sous-estimé qu’à aucun moment de mémoire récente», conclut le mémo.

Cette note a été envoyée au général Wayne Eyre le mois dernier sur la base des informations recueillies par les aumôniers au cours des six premiers mois de l’année.

Le général Eyre n’a pas été disponible pour un entretien et son bureau n’a pas répondu à une liste de questions envoyée vendredi.

Dans une déclaration écrite, un porte-parole du ministère de la Défense a reconnu qu’il y avait eu beaucoup de changements au sein des forces armées au cours des dernières années et «qu’il n’est pas surprenant qu’il y ait une certaine angoisse quant à ce que ces changements signifient» pour les membres.

En réponse aux questions sur les raisons pour lesquelles les membres des FAC comptent sur les dons, le ministère a souligné que de nombreux membres ont obtenu des augmentations de salaire cette année.

«Le gouvernement du Canada reconnaît et apprécie les contributions exceptionnelles apportées par les Forces armées canadiennes et leurs familles, et s’engage à rémunérer équitablement les membres des FAC pour leur service», indique la déclaration écrite.

 

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne

 

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