Le gâchis de BP n'effraie pas Terre-Neuve

Publié le 09/06/2010 à 13:18

Le gâchis de BP n'effraie pas Terre-Neuve

Publié le 09/06/2010 à 13:18

Par Jean-Paul Gagné

Alors que le président Obama a décrété un moratoire de six mois sur tout nouveau forage dans le Golfe Mexique au-delà de 500 mètres de profondeur, Chevron a débuté le forage gigantesque du puits Lona 0-55 au large de Terre-Neuve. Chevron a pour partenaires ExxonMobil, Shell Canada et Imperial Oil.

Ce forage se fait dans un fond marin situé à 2 600 mètres de la surface de l’eau (comparativement à 1 525 mètres pour le puits foré par la plateforme Deepwater Horizon) et il se prolongera dans 4 150 mètres de roc (comparativement à 4 000 mètres pour le Deepwater Horizon).

Le site est situé à 370 kilomètres au nord-est de St.John’s dans une région où la mer est parfois très agitée et où il passe des icebergs. Rien de rassurant.

Autres moratoires

L’accident écologique grave survenu à la suite de l’explosion de Deepwater Horizon a amené la Norvège à suspendre les forages dans de nouvelles zones au large de ses côtes aussi longtemps que l’on n’aura pas identifié la ou les raisons qui ont causé l’explosion de cette plateforme et la fuite de pétrole.

Cette mesure bloque l’exploration d’un champ pétrolifère estimé à 1,3 milliard de barils situé sous les îles Lofoten dans la région nord de la Norvège

Pour sa part, le gouvernement britannique a promis de doubler les inspections sur les plateformes de forage et d’exploitation de pétrole en mer. Il n’a toutefois pas décrété de moratoire.

Terre-Neuve

Le forage du champ Orphan au large de Terre-Neuve a été autorisé par le Canada-Newfoundland and Labrador Offshore Petroleum Board, mais ce dernier a renforcé les mesures de sécurité depuis l’accident de Deepwater Horizon. Il y aura plus d’inspection et des représentants seront sur la plateforme de forage lorsque viendra le temps de mettre un couvercle sur le puits.

Le premier ministre de Terre-Neuve, Danny Williams, appuie le forage et il n’entend pas exiger que les promoteurs forent un puits de secours à côté du puits principal, à cause des coûts trop élevés qu’une telle mesure entraînerait.

Un puits permettrait de pomper du pétrole du réservoir s’il survenait une difficulté au moment de poser le couvercle sur le premier puits. Le pompage ferait baisser la pression dans le réservoir et faciliterait la fermeture. Il n’y avait pas un tel puits de secours à côté de celui foré par Deepwater Horizon et pour lequel le couvercle n’a jamais pu être posé. Comme la valve de sécurité (blowout preventer) n’a pu être fermée, le puits a laissé s’échapper du gaz naturel en abondance, ce qui a provoqué l’explosion de la plateforme.

Risque certain

Le forage au large de Terre-Neuve, qui se fait à une profondeur jamais expérimentée dans cette région présente un risque certain.

Chevron a évalué l’occurrence d’une fuite majeure de pétrole à 0,0086% et le pourcentage de récupération du pétrole à une fourchette 2 à 12 % du volume répandu à cause des difficultés d’une telle tâche en haute mer.

Pour le premier ministre terre-neuvien, ce risque en vaut la chandelle puisque son gouvernement récupérera des milliards de dollars de l’exploitation du pétrole qui sera exploité.

Pressions économiques

Alors que les écologistes demandent des moratoires, les milieux économiques exigent que les forages continuent. Outre les lobbys pétroliers, des élus de municipalités côtières de la Louisiane supplient le président Obama de lever le moratoire, à cause des milliers d’emplois directs et indirects qui dépendent de cette industrie.

Pour sa part, le Maison Blanche accélère son étude des mesures de sécurité additionnelles qui seront mises en place pour éviter qu’un accident comme celui de Deepwater ne se reproduise.

Il semble pour le moment que le président Obama maintiendra son moratoire. Toutefois, son administration devra trouver des mesures d’aide aux nouveaux chômeurs créés par l’accident et le moratoire et aux entreprises menacées de faillite pour cette même raison.

Si vous étiez à la place du président, comment résoudriez-vous ce dilemme éthique ?

 

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